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« 3 pages et demi..» : Attaf se moque du plan d’autonomie marocain

Le plan d’autonomie que le Maroc veut substituer au plan de règlement onusien du conflit du Sahara occidental est une coquille vide.

Alors que la diplomatie marocaine se targue du soutien de quelques pays européens à son initiative présentée en 2007, l’Algérie est passée à la contre-offensive pour remettre le plan à sa véritable dimension.

L’impasse dans laquelle se trouve la question du Sahara occidental est due au plan d’autonomie que le Maroc considère comme la seule option possible pour le règlement du conflit vieux de 50 ans.

 L’idée consiste à octroyer une large autonomie aux territoires sahraouis sous la souveraineté marocaine.

La France a été le premier grand pays occidental à lui apporter son soutien.

 En mars 2022, après plusieurs années de chantage marocain, l’Espagne a elle aussi adopté le plan d’autonomie comme “la base la plus sérieuse, réaliste et crédible” pour la résolution du conflit.

 Le revirement de l’Espagne a provoqué une crise diplomatique avec l’Algérie qui ne s’est toujours pas totalement estompée près de trois ans après.

En juillet 2024, la France a appuyé encore plus significativement le plan marocain.

 Emmanuel Macron l’a considéré dans une lettre au roi Mohamed VI comme “la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies« .

 Macron a en outre reconnu pour la première fois “la souveraineté marocaine” sur le Sahara occidental.

Pas suffisant toutefois pour faire de l’initiative marocaine un projet sérieux pour le règlement définitif de la question du Sahara occidental.

Car le plan manque justement de “sérieux” dans le fond évidemment et même dans la forme dans laquelle il a été présenté, comme l’a rappelé lundi 30 décembre le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf.

La veille, dimanche 29 décembre, c’est le président de la République Abdelmadjid Tebboune qui avait rappelé une vérité à propos de la paternité du plan marocain. Il s’agit d’une “idée française” qui remonte au temps du président Jacques Chirac.

Ahmed Attaf tourne en dérision le plan d’autonomie marocain

Dans sa présentation du bilan de la diplomatie algérienne en 2024, Ahmed Attaf a réitéré que l’idée était née en France avec comme seul objectif d’empêcher l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental.

Le chef de la diplomatie algérienne a tourné en dérision le plan marocain qui, a-t-il rappelé, est constitué en tout et pour tout de ”trois pages et demie”.

 “C’est le néant intégral. Il ne contient rien. C’est du remplissage”, a ajouté le ministre algérien.

Depuis 2007, il y a eu quatre envoyés personnels du secrétaire général de l’ONU et aucun d’entre eux n’a osé présenter la proposition marocaine comme base pour les discussions.

 Parce qu’aucun d’entre eux n’est convaincu du sérieux de la proposition marocaine”, a enfoncé Ahmed Attaf.

 Preuve supplémentaire du manque de sérieux marocain, le plan n’a jamais été proposé au Front Polisario, a-t-il encore souligné.

Fin juillet dernier, dans sa réaction à la lettre de Macron à Mohamed VI, Ahmed Attaf avait soutenu que le plan marocain “n’était pas destiné à faciliter le règlement du conflit mais à faire avorter l’organisation d’un référendum d’autodétermination et à gagner davantage de temps pour imposer le fait accompli colonial”.

En plus de 17 ans, “pas une heure, une minute ni une seule seconde” n’a été consacrée pour débattre de la proposition marocaine.

La paternité française de l’idée de l’autonomie à la place d’un référendum au Sahara occidental avait été soulignée début août dernier par le diplomate et ancien ministre algérien Abdelaziz Rahabi.

Ce n’est pas un revirement, c’est la France qui a conçu le plan d’autonomie, elle l’a toujours soutenu, elle a été un allié du Maroc, ce n’est pas nouveau”, avait réagi Rahabi à la lettre d’Emmanuel Macron, la considérant “en droite ligne de la position traditionnelle française sur le Sahara occidental”.

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