La crise que vit le pays ne permet pas de traîner en longueur. Élu il y a une semaine, Abdelmadjid Tebboune a prêté serment ce jeudi 19 décembre et devient officiellement le sixième président de la République algérienne, le dixième si l’on compte les intérimaires.
La cérémonie d’investiture du nouveau président a eu lieu au Centre international des conférences, sur la côte ouest d’Alger. La cérémonie s’est déroulée sans la présence de chefs d’Etat étranger. Les deux anciens présidents encore en vie, Liamine Zeroual et Abdelaziz Bouteflika, ont aussi brillé par leur absence.
Mais tous les responsables et cadres supérieurs de l’Etat, anciens ou en poste, étaient là. Le chef de l’Etat sortant, le chef du gouvernement et tous ses ministres, le chef d’état-major de l’ANP qui a joué un rôle clé dans la transition qui s’achève, les hauts gradés de l’ANP, des parlementaires… A noter aussi la présence très remarquée de Ali Benflis, le candidat malheureux au scrutin du 12 décembre.
C’est Abdelkader Bensalah qui a prononcé l’allocution inaugurale. C’est aussi le dernier discours pour lui en tant que chef de l’Etat par intérim. L’homme a dirigé le pays pendant sept mois et demi, de la démission de Bouteflika début avril jusqu’à donc ce jeudi 19 décembre qui a vu Abdelmadjid Tebboune prendre officiellement ses fonctions.
Bensalah a tenu d’abord à souligner que l’élection a été un succès sur tous les plans et s’est déroulée dans une transparence totale, avant de remercier tous ceux qui ont collaboré avec lui pendant ces derniers mois.
Vient ensuite la prestation de serment, la dernière étape protocolaire à effectuer pour le président élu avant d’entrer officiellement en fonction. Le premier président de la Cour suprême invite Abdelmadjid Tebboune à se lever. Il répète mot à mot la teneur du serment, lue par le magistrat. A 10 heures 57 minutes, Tebboune est officiellement proclamé président de la République. Une minute plus tard, il reçoit l’ordre du mérite national conformément à la loi.
L’hymne national est ensuite entonné et, à 11h06, Tebboune prononce son premier discours de président. Il réitère d’emblée ce qu’il a dit lors de sa conférence de presse de vendredi dernier, à savoir que le succès du processus électoral est le fruit du « hirak béni ».
Il rend aussitôt hommage à ceux qui ont contribué au processus, le chef de l’Etat par intérim, l’Autorité électorale et surtout l’ANP et son chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah qui a tenu son engagement d’« accompagner le hirak » dont le reste des revendications continueront à être satisfaites « dans le cadre de l’entente nationale et les lois de la République »
« Il est temps de tourner la page des divergences et de la division. Nous n’avons d’autre choix que de mettre la main dans la main pour réaliser le rêve de nos aînés et de notre jeunesse qui est d’édifier une nouvelle république, forte stable et développée, conformément à la déclaration du 1er novembre », déclare le nouveau chef de l’Etat qui dit que son action « s’inspire de la révolution de novembre, référence constante de toutes nos politiques ».
« L’Algérie a besoin de définir les priorités. L’Etat sera à l’écoute du peuple pour un changement radical de la gouvernance et asseoir la démocratie, l’Etat de droit et le respect des droits de l’Homme », ajoute-t-il. Il égrène ensuite ses priorités, à commencer par la révision de la Constitution « dans les prochains mois, voire les prochaines semaines ».
Il promet que le mandat présidentiel ne sera renouvelé qu’une seule fois, de réduire les prérogatives du président, de mettre fin au pouvoir personnel, de concrétiser la séparation et l’équilibre des pouvoirs, de respecter la liberté de la presse et de manifestation. A propos de la presse, Tebboune a annoncé le règlement « définitif » de la question de la publicité publique qui sera un outil d’aide aux médias, dont la presse électronique.
Le président a ensuite exposé les grandes lignes de ce que sera sa politique économique, sociale, culturelle, de défense et de diplomatie. Pas de changement concernant par exemple le conflit du Sahara occidental, « une question qui relève de décolonisation prise en charge par l’ONU et l’UA et qui ne doit pas altérer nos relations avec le Maroc frère ».
Abdelmadjid Tebboune clôt son discours de 42 minutes par une annonce qui a suscité une longue ovation : désormais, le terme fakhama (son excellence) ne sera plus utilisé pour désigner le président de la République.
Enfin, la première action du nouveau président a été de décorer de l’ordre de mérite national le chef de l’Etat sortant et le chef d’état-major de l’ANP.
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