Régissant l’entrée et le séjour des Algériens en France, l’accord franco-algérien de 1968 est attaqué ces dernières semaines par plusieurs personnalités politiques en France, notamment le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
On reproche à cet accord d’être trop favorable aux Algériens et de faciliter leur entrée et leur installation en France. Mais est-ce vraiment le cas ? Pas du tout, d’après Ali, un Algérien présent en France depuis 8 ans.
Dans une tribune publiée par le journal Politis, Ali explique que l’accord franco-algérien accorde bel et bien un statut particulier aux ressortissants algérien, mais que ce statut ne constitue pas toujours un avantage.
Travailler en France : l’accord de 1968 complique les choses aux étudiants algériens
Arrivé en France en tant qu’étudiant, Ali s’est vite confronté aux difficultés dues à son statut d’Algérien. En cherchant un emploi à temps partiel pour subvenir à ses besoins ou dans le cadre d’une alternance, il découvre qu’il lui faut une autorisation de travail, contrairement aux étudiants étrangers d’autres nationalités.
En effet, « l’autorisation provisoire de travail (APT) n’est plus nécessaire pour travailler pendant ses études, sauf pour les étudiants algériens dont le statut reste défini par l’Accord franco-algérien du 27 décembre 1968 », lit-on sur le site Campus France.
Cet Algérien indique que ses quêtes d’emploi se terminaient par des « refus » bien que le processus d’embauche paraissait « fluide » au début. « L’étape qui, à chaque fois, posait problème était la dernière, celle où se discutent les formalités administratives liées à l’embauche », a-t-il expliqué.
Autorisation de travail : un calvaire administratif pour les employeurs
La demande d’une autorisation de travail en France est une tâche qui incombe à l’employeur. Ce dernier préfère donc naturellement recruter un autre candidat avec qui il n’aura pas besoin de s’adonner à un tel exercice administratif, d’autant plus que les préfectures ne sont pas réputées pour leur rapidité en ce qui concerne la délivrance de ce type de documents.
Ali raconte que quand il était étudiant en Master, il était parmi les premiers à avoir pu trouver une alternance dans une grande entreprise. Cette dernière avait même accepté de lui décrocher une autorisation de travail.
Ceci dit, cette entreprise a vite décidé de rompre le contrat car « le dossier n’a été traité qu’au bout de trois mois » par la préfecture alors que « le contrat d’alternance était censé se dérouler depuis deux mois ».
Une « discrimination à l’embauche »
Ali assure que cela lui arrive encore maintenant. Il raconte qu’il avait postulé à un poste et que la DRH lui a même envoyé une promesse d’embauche par email. Mais, en envoyant les documents nécessaires à la rédaction d’un contrat de travail, la responsable en charge du recrutement lui a finalement fait savoir qu’elle n’allait plus l’embaucher.
Ali n’était pas surpris que l’entreprise se rétracte, mais plutôt qu’elle exprime sa décision par mail, lui expliquant « qu’ils n’effectuent pas ce genre de démarches ».
« Les employeurs n’expriment jamais explicitement à l’écrit ce motif de refus, car ce n’est pas légal. Ça relève de la discrimination à l’embauche », s’étonne ce ressortissant algérien.
Ali, estime que cette situation relève d’une « profonde injustice » et que ça lui fait ressentir « une forme de rejet difficile à accepter ». Bien que « compétent », Ali se sent « impuissant » face à ces refus d’embauche causés par son statut administratif régi par l’accord franco-algérien.
Cette quête d’emploi qui se révèle souvent « fastidieuse » maintient Ali dans « dans un état d’anxiété depuis des années » et fait planer sur lui « la menace constante de la précarité financière », a-t-il dénoncé.