Malgré deux désaveux présidentiels en l’espace d’une semaine, le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau a, une nouvelle fois, ciblé l’Algérie et les Algériens de France, ce mercredi 5 mars, en reprenant à son compte des informations qui ont été démenties à propos de Boualem Sansal.
Bruno Retailleau persiste et signe. Moins de 48 heures après une nouvelle mise au point du président Emmanuel Macron sur la relation avec l’Algérie, son ministre de l’Intérieur est revenu à la charge. Ce mercredi 5 mars, il a pris la parole au Sénat, lors d’une séance de questions au gouvernement.
Et c’est une sénatrice de son parti (Les Républicains, LR) qui lui a posé une question sur mesure pour lui permettre de s’attaquer une nouvelle fois à l’Algérie. Quinze jours après l’attentat de Mulhouse, la présidente LR de la commission des lois, Muriel Jourda a demandé au ministre de l’Intérieur comment il comptait « assurer la sécurité des Français » après cette attaque.
Bruneau Retailleau revient à la charge sur l’accord de 1968
Pour Bruno Retailleau, l’Algérie est responsable de l’attaque de Mulhouse pour avoir refusé, selon lui, d’accepter l’exécution de l’OQTF de l’auteur de l’attentat. « À Mulhouse, si l’Algérie avait respecté le droit, nos accords, il n’y aurait pas eu d’attentat islamiste, ni de victime », a-t-il affirmé.
Le ministre profite de la tribune pour répondre à Emmanuel Macron et à ceux qui estiment que la relation franco-algérienne ne peut être résumée à la seule question des OQTF. Il reconnaît qu’on peut avoir des « nuances », mais rappelle et maintient sa position concernant le dossier sur lequel il a été désavoué à deux reprises par le président français : l’accord franco-algérien de 1968.
« Nous ne devons pas écarter la discussion sur les accords de 68 parce qu’il procure des avantages qui aujourd’hui ne sont plus justifiés », a-t-il dit. Pourtant, dans un entretien publié lundi soir par Le Figaro, le président Emmanuel Macron a rappelé que l’accord de 1968 était de sa compétence de chef d’État, réitérant son opposition à sa dénonciation unilatérale par la France.
Les cas Boualem Sansal
Autre sujet de discorde entre la France et l’Algérie, le cas de l’écrivain Boualem Sansal. Bruno Retailleau reprend à son compte une information de presse : « Que lui reproche-t-on ? D’avoir un avocat français juif ? C’est ce que lui ont dit ses geôliers. D’être amoureux de la langue française. On veut le faire taire et bien nous, nous ne nous tairons pas », s’est-il interrogé à la fin de son intervention devant les sénateurs.
Pourtant, cette information, largement diffusée par des médias d’extrême droite en France, a été démentie par le bâtonnier d’Alger. Dans un entretien à El Watan, Me Mohamed Baghdadi a affirmé que Boualem Sansal a pris la décision de déconstituer son collectif de défense, y compris son avocat français Me François Zimeray.
Boualem Sansal veut assurer lui-même sa défense et l’a fait savoir dans un courrier au juge d’instruction, selon le bâtonnier d’Alger.
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