Société

Accord franco-algérien de 1968, visas : Michel Barnier dévoile ses intentions

La révision de l’accord franco-algérien de 1968 sur l’immigration semble être l’une des priorités du nouveau gouvernement français. Après les multiples sorties médiatiques du ministre de l’Intérieur, le Premier ministre a officiellement évoqué le sujet.

Depuis sa nomination à la tête du ministère de l’Intérieur le 21 septembre, Bruno Retailleau a multiplié les sorties médiatiques au sujet de l’immigration, des étrangers, réservant une place de choix à l’accord migratoire franco-algérien de 1968, présenté comme l’une des causes des problèmes migratoires en France. Des positions applaudies par l’extrême droite.

Au moment où les associations et les partis de la gauche s’attendaient à ce qu’il soit d’au moins recadré par Michel Barnier, le Premier ministre a abondé dans son sens, estimant que la France ne maîtrisait « plus de manière satisfaisante » sa « politique migratoire ».

L’accord franco-algérien de 1968 dans la ligne de mire de Michel Barnier

L’immigration a été le quatrième des cinq chantiers abordés par le Premier ministre, Michel Barnier, lors de la déclaration de politique générale de son gouvernement, prononcée mardi 1ᵉʳ octobre à l’Assemblée nationale.

Au cours de son allocution, Barnier a cité quelques mesures pouvant, selon lui, aider la France à atteindre « de manière satisfaisante les objectifs d’intégration ». Parmi ces mesures, le chef du gouvernement évoque une restriction des visas et la renégociation des accords de la France avec certains pays.

Bien qu’il n’ait pas cité nommément l’accord-franco-algérien qui facilite l’immigration des Algériens en France, contrairement à son ministre de l’Intérieur qui le dit clairement, il s’agit d’une allusion claire à cet accord. L’Algérie est en effet le seul pays à avoir signé un tel accord avec la France.

Le Premier ministre s’est dit en effet favorable à l’ouverture d’une « discussion avec les pays concernés par des accords bilatéraux conclus de longue date, lorsqu’ils ne correspondent plus aux réalités d’aujourd’hui ». Il reprend ainsi les éléments de langage de son ministre de l’intérieur sur le sujet.

Barnier veut « conditionner davantage l’octroi de visas et l’obtention de laissez-passer »

Il n’y a aucun doute. Barnier parle clairement de l’accord entre la France et l’Algérie de 1968, qui réglemente les circulations, l’emploi et le séjour des ressortissants algériens en France. Sa position rejoint donc celle de Retailleau, mais également celle de l’extrême droite qui réclame depuis des années une renégociation, voire la dénonciation pure et simple, de cet accord.

Le chef du gouvernement français se dit également prêt à « conditionner davantage l’octroi de visas et l’obtention de laissez-passer consulaires nécessaires aux reconduites à la frontière » des étrangers qui font l’objet d’une mesure d’expulsion.

Là encore, les propos du ministre sont clairement dirigés, d’au moins en partie, vers la politique d’octroi des visas aux ressortissants algériens et aux problèmes avec l’Algérie liés aux laissez-passer consulaires.

Les déclarations de Michel Barnier à ce propos interviennent dans le contexte d’une campagne féroce et sans précédent en faveur la réduction des visas pour les Algériens et la révision des accords franco-algériens sur l’immigration.

Feuille de route de Michel Barnier : la lecture d’un spécialiste de l’immigration

Ce mercredi 2 octobre, Nicolas Pouvreau-Monti, directeur de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID) a confirmé que le Premier ministre parlait effectivement de l’accord franco-algérien, mais aussi des laissez-passer que « refusent les autorités algériennes » de délivrer à leurs ressortissants.

Il a déclaré sur CNews que « la relation migratoire entre la France et l’Algérie est très clairement favorable à la position algérienne ».

L’intervenant évoque notamment « le manque de coopération des autorités algériennes à la reprise de leurs ressortissants », mais aussi « l’accord franco-algérien de 1968 ». Toutefois, il doute que la renégociation de cet accord soit possible.

Pour lui, l’Algérie « n’a aucune raison de renoncer aux dispositions qui lui sont favorables de cet accord ». Ainsi, le directeur de l’OID plaide pour « une dénonciation de ce traité », car l’État français peut, selon lui, « se délier de ce contrat qu’il a signé ».

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