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Affaire de l’humoriste franco-algérien : Rachida Dati perd son sang-froid au Parlement

L’affaire de l’humoriste d’origine algérienne, Merwane Benlazar, dont le licenciement par France 5 a été annoncé par la ministre de la Culture Rachida Dati, atterrit au Parlement français.

Après son passage dans l’émission « C à vous » le 31 janvier dernier, diffusée par France 5, en sa qualité d’humoriste, Merwane Benlazar a fait face à diverses attaques. Le jeune homme n’a pourtant tenu aucun discours provocateur à l’antenne. C’est juste son apparence qui a dérangé les médias et les responsables politiques.

À cause de sa barbe, il fait face à une déferlante de haine

Longue barbe, bonnet, pull XXL. On aurait pu le prendre pour un bobo parisien, mais son nom et ses origines ont plutôt fait passer le jeune humoriste franco-algérien pour un islamiste, voire un terroriste, auprès de certains internautes et d’une partie de la classe politique et médiatique en France.

L’avocate Lara Fatimi a d’ailleurs déclaré, sur Europe 1, un média proche de l’extrême-droite française, que l’humoriste affichait des signes vestimentaires qui ont tout d’une « tenue salafiste ».

Nathalie Loiseau, députée européenne du parti Horizons, estime quant à elle que le passage de l’humoriste sur France 5 est une atteinte aux « femmes, à leur liberté, et à leurs droits chèrement gagnés ici et bafoués par les islamistes ». L’humoriste n’a pourtant pas évoqué ce sujet lors de son passage télévisé.

De son côté, l’humoriste d’origine marocaine Sophia Aram, dans une chronique publiée par Le Parisien, estime que l’humoriste d’origine algérienne se fait passer pour une victime de l’islamophobie, alors qu’il « adopte les marqueurs de l’islam rigoriste ».

Une élue LFI dénonce « une censure islamophobe »

La polémique a vite enflé, et c’est une autre Franco-Marocaine qui est montée au créneau. Rachida Dati, ministre de la Culture, avait annoncé elle-même le licenciement de l’humoriste franco-algérien, estimant qu’il avait tenu des « propos scandaleux ».

Ce mardi 11 février, l’affaire a été évoquée à l’Assemblée nationale par la députée LFI Farida Amrani, qui a dénoncé « une cabale raciste et islamophobe » contre l’humoriste lancée par le « camps politique » de la ministre de la Culture et « alimentée par l’extrême droite ».

La députée, interrogeant la ministre de la Culture, lui reproche d’avoir « envoyé un message désastreux et dévastateur » à une partie de Français en annonçant que l’humoriste d’origine algérienne est désormais interdit d’écran.

« C’est une faute politique », conclut le député de gauche, qui a demandé à la ministre de la Culture d’admettre « que cette éviction relève d’une censure islamophobe », rapporte BFM TV.

« Il faudra qu’il arrête de dire qu’il a été viré par une Arabe »

Répondant aux propos de la députée, la ministre de l’Intérieur a finalement reconnu que l’humoriste n’avait pas « tenu des propos répréhensibles à l’entente », mais qu’il avait « écrit et tenu des propos par le passé qui peuvent heurter, choquer, blesser ».

L’humoriste a pourtant expliqué que certains de ses propos ont été sortis de leur contexte, assurant qu’il s’agissait avant tout de propos humoristiques qu’il faut prendre au deuxième degré. Dati juge cependant les propos tenus par Merwane Benlazar « choquants », bien qu’ils ne soient pas « qualifiables pénalement ».

La ministre a ensuite souligné que « la liberté de recrutement et de choix des animateurs et des journalistes revient à l’antenne et la production et ce n’est pas à elle », assurant au passage que « rien ne justifie la déferlante de haine » auquel fait face l’humoriste. « Rien ne justifie le racisme et rien ne justifie l’essentialisation systématique », avait assuré la ministre.

Pour finir, Rachida Dati, de père marocain et de mère algérienne, mais proche du Palais royal marocain, semble avoir mal digéré la manière dont l’humoriste a pris l’annonce de son licenciement qu’elle avait elle-même annoncé. « Il faudra qu’il arrête de dire qu’il a été viré par une Arabe », s’est-elle emportée.

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