L’avocate Fatima Zohra Benbraham a dévoilé jeudi des similitudes entre Aube, le personnage principal du roman Houris de Kamel Daoud, et Saâda Arbane qui accuse le lauréat du prix Goncourt 2024 d’avoir volé son histoire.

Une conférence de presse a été organisée jeudi à Alger par maître Benbraham, l’avocate de Saâda Arbane, durant laquelle  l’avocate a donné les détails des similitudes entre Aube, le personnage fictif de l’auteur de Houris et sa cliente, une rescapée de la décennie noire en Algérie.

L’avocate a précisé que deux plaintes ont été déposées à l’encontre de Kamel Daoud au tribunal d’Oran en Algérie, qui est accusé par Saâda Arbane d’avoir utilisé son histoire réelle pour écrire Houris.

Houris : des similitudes entre Aube et Saâda Arbane ?

L’avocate commence par un point qui, selon elle, est important : « Lorsque j’ai lu en diagonale le livre de Kamel Daoud, il parle à la première personne du singulier. Tout son livre, c’est je, je, je, ce qui veut dire que cet homme a volé la personne de ma cliente. Il aurait mieux fait de garder le silence, car cette histoire ne lui appartient pas, elle appartient à ma cliente et on la défendra ».

L’avocate a souligné le fait que sa cliente ne peut pas parler dû au drame qu’elle a vécu durant la décennie noire en Algérie. « Il lui vole sa voix et il l’adapte à la première personne du singulier », dénonce-t-elle.

Le lauréat du prix Goncourt 2024 a eu connaissance de l’histoire de Saâda Arbane, qui s’est échappée miraculeusement à une attaque terroriste dans son village à Tiaret, par le biais de sa femme « qui n’est autre que la  psychiatre de Saâda », ajoute l’avocate.

Selon elle, les certificats médicaux de Saâda Arbane sont « tous signés par Aïcha Daoud, qui est la femme de Kamel Daoud ».

« Les quelques certificats médicaux qu’on a pu récupérer, car l’histoire du dossier médical disparu est une autre affaire qui est entre les mains du juge d’instruction, sont signés par Aïcha », a dévoilé Me Benbraham, qui accuse la femme de l’écrivain d’avoir « violé » le secret médical, en « donnant le dossier médical de Saâda Arbane à son mari qui en a fait un roman ».

Pour l’avocate, ses accusations sont difficilement « niables » étant donné que la psychiatre « a signé de ses mains les certificats médicaux » de Saâda Arbane.

“Kamel Daoud dispose du verbe, mais moi en tant qu’avocat, je dispose des preuves”

L’avocate revient sur les points communs entre le personnage fictif de Houris et la vie de sa cliente qui était présente lors de la conférence de presse. Dans Houris, Kamel évoque un « tatouage dans une partie précise du corps » de Saâda Arbane. Maître Fatima Benbraham a montré le tatouage qu’à Saâda en indiquant : « Voici le tatouage que ma cliente a sur l’épaule, ce tatouage que Daoud reproduit en disant que Aube a un tatouage dans le dos ».

Elle ajoute que la présence de ce tatouage a été divulguée par la femme de Daoud, « car un malade se déshabille devant son médecin », a poursuivi l’avocate qui a précisé que Saâda Arbane a un « autre tatouage au niveau des pieds qui est aussi repris par l’auteur de Houris ».

Dans Houris, Kamel Daoud dit qu’Aube a « été égorgée de bout en bout ». Ce qui est également le cas de Saâda, pour preuve, les photos montrées par son avocate ainsi que les cicatrices que porte la plaignante, selon toujours l’avocate Benbraham.

Pour finir, Saâda Arbane porte une canule, un appareil spécial autour du cou qui lui permet de respirer.

« Il n’y en a pas 50.000 des appareils comme celui-ci en Algérie, il y en a un seul et c’est elle qui l’a », assure Me Benbram qui détaille les suites de la procédure judiciaire contre Kamel  Daoud et sa femme.

« La semaine prochaine, nous allons avoir une date pour confirmer nos plaintes, dès que les plaintes seront confirmées par mes clients, le juge va procéder à la convocation de Kamel Daoud ».

Elle finit avec, « il dit, avec un aplomb, je suis là pour répondre aux convocations de la justice. Alors je vous attends Kamel Daoud, je vous attends ».