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Affaire Kamel Daoud : les révélations de l’avocate de Saâda Arbane

L’auteur franco-algérien Kamel Daoud, ainsi que son épouse, psychiatre, font l’objet de deux plaintes en Algérie, déposées au niveau du tribunal d’Oran. L’écrivain, prix Goncourt 2024, et son épouse, sont accusés d’avoir utilisé l’histoire d’une patiente rescapée d’une attaque terroriste dans les années 1990 en Algérie pour l’écriture du roman Houris.

Lors d’une interview diffusée vendredi 15 novembre sur la chaîne algérienne One TV, Saâda Arbane a accusé Kamel Daoud d’avoir inspiré le récit de son roman, Houris, de sa propre histoire, sans avoir son autorisation.

Saâda Arbane a miraculeusement survécu à une violente attaque d’un groupe terroriste qui a décimé toute sa famille durant la décennie noire, dans un petit village de Tiaret. Plusieurs années plus tard, soit vers 2015, elle a été suivie par une psychiatre, qui n’était autre que l’épouse de Kamel Daoud.

Les plaintes contre le couple Daoud ont été déposées en août dernier

Mais à l’apparition du livre Houris, Saâda Arbane a constaté de grandes similitudes entre le personnage principal, Aube, et sa propre histoire qu’elle souhaitait garder secrète.

Ce mercredi 20 novembre, l’avocate Fatima Benbraham a révélé que deux plaintes ont été déposées contre Kamel Daoud et son épouse Aicha Dehdouh au tribunal d’Oran, rapporte le journal Le Figaro, citant l’AFP. Le couple Daoud est accusé d’avoir dévoilé et utilisé l’histoire d’une patiente pour l’écriture du roman Houris.

Les plaintes ont été déposées en août dernier, soit quelques jours après la sortie du roman. « Dès la publication du livre, nous avons déposé deux plaintes contre Kamel Daoud et son épouse Aicha Dehdouh, la psychiatre qui a soigné la victime Saâda Arbane », a indiqué l’avocate.

Selon elle, la première plainte « a été déposée au nom de l’Organisation nationale des victimes du terrorisme » et la seconde « au nom de la victime », soit la survivante du massacre, Saâda Arbane.

« Violation » du secret médical et « diffamation » des victimes du terrorisme

L’avocate a expliqué que le dépôt de ces plaintes remonte au mois d’août dernier, bien avant l’attribution du prix Goncourt à Kamel Daoud. « Nous n’avons pas voulu en parler, afin qu’il ne soit pas dit que nous voulions perturber la nomination de l’auteur pour le prix », a-t-elle souligné.

Par ailleurs, Me Fatima Benbraham ajoute que l’une des plaintes porte sur « la violation du secret médical », car l’épouse de l’auteur, la psychiatre de Saâda Arbane, lui a remis tout le dossier médical de sa patiente.

L’autre plainte porte sur « la diffamation des victimes du terrorisme et la violation de la loi sur la réconciliation nationale », a encore précisé l’avocate.

Pour rappel, la maison d’édition de Kamel Daoud Gallimard a réagi, lundi 18 novembre, pour défendre l’auteur de Houris. « Si Houris est inspiré de faits tragiques survenus en Algérie durant la guerre civile des années 1990, son intrigue, ses personnages et son héroïne sont purement fictionnels », a indiqué Antoine Gallimard.

« Depuis la publication de son roman, Kamel Daoud fait l’objet de violentes campagnes diffamatoires orchestrées par certains médias proches d’un régime dont nul n’ignore la nature », a-t-il ajouté.

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