Les réactions se poursuivent en France à l’incarcération en Algérie de Boualem Sansal. Un troisième membre du gouvernement a évoqué publiquement le cas de l’écrivain franco-algérien tandis qu’une figure connue de la gauche a appelé la France à « balayer d’abord devant sa porte ».
Boualem Sansal a été arrêté à l’aéroport international d’Alger le 16 septembre. Présenté devant la justice, il a été inculpé d’ « atteinte à la sûreté de l’Etat » et écroué à la prison de Koléa.
Début octobre, il avait tenu dans un média français proche de l’extrême-droite des propos attentatoires à l’intégrité territoriale de l’Algérie, soutenant notamment que l’actuel l’ouest de l’Algérie appartient historiquement au Maroc.
Sansal n’a jamais caché son alignement sur les thèses de l’extrême-droite française, concernant des questions comme l’Islam, l’immigration, la mémoire ou encore la cause palestinienne. Sans surprise, c’est ce courant politique qui le soutient à fond et exige sa libération.
Le gouvernement français, après plusieurs jours de « prudence », sort aussi du silence et appelle publiquement à la remise en liberté de l’écrivain qui détient la nationalité française depuis quelques mois. Un troisième membre du gouvernement a évoqué cette affaire ce jeudi 28 novembre. Il s’agit de la ministre de la Culture Rachida Dati.
Affaire Sansal : une députée LFI appelle la France à « balayer devant sa porte »
« Comme indiqué par le président de la République Emmanuel Macron, l’État est mobilisé afin que Boualem Sansal soit libéré et puisse retrouver au plus tôt les siens en France », a écrit sur X la ministre d’origine marocaine. « La détention sans fondement sérieux d’un écrivain n’est jamais acceptable », a-t-elle indiqué.
La détention de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal suscite un grand émoi en France et partout dans le monde. Ministre de la Culture, je rappelle l’attachement indéfectible de la France à la liberté de création, à celle des écrivains et des intellectuels. La détention sans…
— Rachida Dati ن (@datirachida) November 28, 2024
Avant elle, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a assuré mardi que « la France doit sa protection à Boualem Sansal ». Mercredi, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a jugé l’arrestation de l’écrivain « sans fondement » et « inacceptable ».
Un personnage important de l’extrême-gauche s’est aussi exprimé ce jeudi. Mathilde Panot, chef de file des parlementaires de La France Insoumise (LFI), a indiqué sur France Info qu’elle appelle, elle aussi, à la « libération immédiate » de Boualem Sansal, estimant que « personne, encore moins un écrivain peut-être, ne doit être en prison et écroué du fait d’un délit d’opinion ».
Néanmoins, la députée a rappelé que l’indignation ne doit pas être à géométrie variable et que les droits humains doivent être respectés partout, soulignant que la France détient, elle aussi, des détenus politiques.
« Nous aussi, nous avons des prisonniers politiques. Je dis juste que chaque pays doit regarder et balayer devant sa porte », a-t-elle soutenu, citant le cas du chef du Front de libération de Nouvelle-Calédonie, détenu « à 17 000 kilomètres de chez lui ». Il s’agit de la première réaction publique d’un membre dirigeant de LFI à l’arrestation de Boualem Sansal. Le militant indépendantiste kanak Christian Tein est détenu dans une prison en France depuis le 23 juin dernier. Il est soupçonné d’avoir orchestré les émeutes qui ont endeuillé la Nouvelle-Calédonie l’été dernier.
🔴Boualem Sansal emprisonné en Algérie ➡️ « Nous avons aussi des prisonniers politiques. Je fais allusion au président du FLNKS actuellement en prison à 17 000 km de la Kanakie », déclare Mathilde Panot pic.twitter.com/PF9BilaKAb
— franceinfo (@franceinfo) November 28, 2024