Italiens, Qataris, Turcs ou Saoudiens se pressent dans le sud algérien pour produire du lait, du blé et des légumineuses.
A part l’Italie, l’Europe, notamment la France, qui a été longtemps le principal producteur de blé pour l’Algérie, brille par son absence.
En cette mi-octobre, Youcef Cherfa, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural a présidé une réunion concernant le suivi du projet algéro-italien visant à la production de blé dur à Timimoun.
Avancement du projet algéro-italien
Concernant le projet algéro-italien, ce sont 36.000 hectares qui devraient être consacrés à la culture du blé dur en partenariat avec la société Bonifiche Ferraresi (BF). Pour cet automne, 3.000 devraient être emblavés et 6.000 autres en avril 2025 consacrés aux cultures stratégiques.
Des cultures menées sous irrigation continue avec la réalisation de forages, de canalisations, le montage de rampes pivots, de réseaux de communication, l’électrification et l’installation de bases de vie.
Autour du ministre étaient présents le directeur général de l’Agence algérienne de promotion des investissements mais également comme l’indique le communiqué du ministère le « président directeur général de la société BF Algérie SPA, ainsi que des représentants des secteurs concernés, membres du comité (agriculture et développement rural, finances, énergie et mines, irrigation, travaux publics, transports postaux et sans fil, affaires étrangères et Communauté nationale à l’étranger, travail, commerce et valorisation des exportations).
Ces opérateurs sont réunis dans un comité technique multi-secteur chargé d’accompagner la mise en œuvre du projet. Un comité qui regroupe les services chargés de « la fourniture d’électricité, l’achèvement d’installations de base telles que les routes menant à la zone d’investissement, le réseau de fibre optique, ainsi que l’achèvement de puits artésiens, les douanes des biens et services et d’autres installations administratives et techniques », indique la même source.
Un projet saoudien discret
En plus des Italiens, les Saoudiens sont aussi présents dans le sud algérien, avec un projet d’investissement dans l’agriculture saharienne à Naâma qui date de 2018. Ce projet est plus discret.
Il est le fait de l’investisseur privé saoudien Mechaâl Bensaoud Ben Abdelaziz et il n’en demeure pas moins ambitieux. En témoignent les chiffres recueillis par le quotidien El Watan : une concession de de 5.000 hectares avec des « céréales (semences de blé dur) sur une superficie de 800 ha, les cultures fourragères (maïs grains et fourrager, foin et luzerne) sur 500 ha, en sus de la production de dattes (variétés Deglet Nour et Ghars) et de l’élevage ».
Ce projet situé au niveau de la commune de Hassi El Gara a bénéficié de l’octroi de 30 autorisations de forages, dont 20 déjà été réalisés. Ces forages permettent d’alimenter 20 pivots d’irrigation chacun d’une surface de 40 ha aux côtés desquels ont été édifiés un entrepôt de 1.600 m2 et d’une base de vie de 1.000 m2.
Des équipements dont le fonctionnement est permis par la mise place de 12 transformateurs électriques devant prochainement passer à 20.
Les résultats s’annoncent prometteurs. En 2024 ce sont 65 000 quintaux de semences de blé dur qui ont été récoltés et qui devraient passer à l’avenir à 150. 000 quintaux
Selon El Watan, le partenaire algérien, Abdelkrim Bounaâma espère réaliser une étable de 500 vaches laitières et réserver 200 ha pour la culture du maïs-grain.
Au sud, priorité aux cultures stratégiques
L’agriculture saharienne s’accompagne d’un important prélèvement d’eau dans les nappes souterraines. Celles-ci ont bénéficié des dernières pluies bien que selon la nature géologique des terrains et leur profondeur, la recharge naturelle peut être quasi instantanée ou prendre plusieurs années.
C’est dans ce cadre que des universitaires appellent à exploiter les eaux en provenance du versant sud de l’Atlas saharien et qui se perdent dans le Chott Melrhir aux eaux saumâtres.
Durant l’été, le ministre de l’Agriculture et du Développement durable a eu l’occasion d’insister sur la priorité à donner aux cultures stratégiques (blé, maïs grains, légumes secs et oléagineux). Dans cet ordre d’idée, il a demandé qu’au niveau des périmètres irrigués, les investisseurs déposent des plans de cultures s’étalant sur trois ans et intègrent ce type de cultures.
Il a été parfois observé de la part de certains investisseurs une course vers les cultures les plus rentables : maïs fourrage, luzerne avec engraissement d’agneaux voire culture de truffes blanches sous pivot.
Aux côtés des Italiens, des Saoudiens, des Qataris dans la production de poudre de lait et de fourrages à Adrar où le groupe Baladna va réaliser une ferme géante de 270.000 vaches, on note la présence d’investisseurs turcs dans les wilayas d’Adrar et de Ouargla, des investisseurs appréciés par la qualité de leurs prestations.
Malgré l’existence d’un Accord d’association économique entre l’Algérie et l’Union Européenne, la présence de partenaires européens n’est le fait que de l’Italie.
La filière française des céréales brille par son absence, que ce soit dans des partenariats agricoles au sud ou au nord de l’Algérie. Une filière qui exportait ces dernières années vers l’Algérie jusqu’à 3 tonnes de blé tendre sur 5 vendues à l’étranger.
Quant à l’Accord d’association, son article 47 dispose que « la coopération économique a pour objectif de soutenir l’action de l’Algérie, en vue de son développement économique et social durable ».