Politique

Ahmed Attaf dévoile la position de l’Algérie sur la Syrie

Palestine, Sahara occidental, Syrie, présence de la Russie au Sahel, réforme de l’ONU et place de l’Afrique : la diplomatie algérienne a été sur tous les fronts pendant cette année 2024 qui s’achève.

Le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf a dressé ce lundi 30 décembre le bilan de cette année peu ordinaire. Le bilan est aussi celui de la première moitié du mandat de l’Algérie comme membre élu du Conseil de sécurité de l’ONU.

Ahmed Attaf a d’emblée exprimé son satisfecit de l’action menée pendant cette année, qui a été celle du “redéploiement” et de la “consolidation” de sa place dans le monde pour la diplomatie algérienne.

Le ministre a déploré que l’exercice qui s’achève a été marqué par une recrudescence des conflits et des guerres “sans précédent depuis la guerre froide”, et “une orientation grave, voire catastrophique dans les relations internationales” vers “l’abus de l’usage de la force contre les faibles”, “la transgression du droit international” et “la neutralisation des institutions internationales”, en tête desquelles se trouve l’ONU. Et ce sont le monde arabe et l’Afrique qui ont subi la plus grande part des retombées de cette situation.

“Il fallait s’adapter et se préparer au mieux”, a-t-il souligné.

Priorité à la Palestine et au Sahara occidental

L’action de la diplomatie algérienne a été guidée par les orientations du président de la République Abdelmadjid Tebboune, qui se sont articulées, selon Ahmed Attaf, autour de quatre axes.

La diplomatie algérienne a été ainsi instruite d’œuvrer pour être “la voix du monde arabe et de l’Afrique au Conseil de sécurité”, de continuer à soutenir les causes justes, notamment celles de la Palestine et du Sahara occidental, de faire de l’Algérie “une force de proposition positive pour réduire les divergences au sein du Conseil de sécurité et de “faire triompher les bases du droit international et réhabiliter le rôle de l’ONU”.

Le ministre a rappelé que la diplomatie algérienne a été notamment derrière toutes les initiatives en faveur de la Palestine et a pu faire avancer son adhésion comme membre à part entière de l’ONU, désormais soutenue par 138 pays. L’Algérie continuera sur la même voie pendant la deuxième année de son mandat qu’elle entamera en présidant le Conseil de sécurité début 2025, a fait savoir Ahmed Attaf.

La diplomatie algérienne a aussi engrangé de « nombreux succès » en faisant élire ses cadres à tous les postes pour lesquels ils ont postulé et par la tenue en Algérie d’événements importants, comme la conférence internationale du gaz.

En 2024, l’Algérie a aussi lancé le mécanisme de concertation maghrébine avec la Tunisie, la Libye et la Mauritanie. Évidemment, Ahmed Attaf a évoqué plusieurs dossiers internationaux.

A propos du Sahara occidental, il a réitéré ce qu’a dit le président de la République dimanche 29 décembre devant le Parlement, à savoir que le plan d’autonomie marocain est une “idée française”. Le ministre a enfoncé le clou en affirmant que l’idée est dénuée de sérieux, n’a jamais été proposée au Front Polisario et que son unique objectif est d’enterrer le projet d’un référendum d’autodétermination.

Diplomatie algérienne : Ahmed Attaf parle de la Syrie et de la Russie

Actualité oblige, Attaf a été interpellé sur la situation en Syrie qui a connu un changement majeur avec la chute du régime de Bachar Al Assad le 8 décembre dernier, et l’arrivée au pouvoir des groupes rebelles, à leur Hay’at tahrir Al Sham, l’ex-branche syrienne d’Al-Qaida.

“L’Algérie reconnaît les Etats et non les gouvernements”, a-t-il répondu. Le cœur du sujet, a-t-il poursuivi, c’est l’avenir de la Syrie et son intégrité territoriale. Le pays doit être pour « tous ses enfants » et ce « sont eux seuls qui décideront de leur avenir », a ajouté le ministre algérien qui estime que l’ONU est la plus indiquée pour chapeauter tout processus en Syrie.

Ahmed Attaf a fait savoir qu’il a multiplié les contacts dans le monde arabe et en Europe sur la Syrie. “Tout le monde attend. Nous nous posons des questions plus que nous apportons de réponses. L’essentiel est d’arriver à un consensus international pour aider les Syriens à sortir leur pays de cette situation”, a-t-il assuré.

À propos du Sahel, Attaf a souligné que ce n’est pas la première fois que la région traverse une période de troubles et d’instabilité et à chaque fois, l’approche algérienne s’est avérée la plus juste. Et ce sera encore le cas cette fois, a-t-il assuré.

Le chef de la diplomatie algérienne a aussi évoqué la présence russe au Sahel. “Nous ne fonctionnons pas aux sentiments. Les émotions, c’est dans nos foyers. Quand il s’agit des États, ce seront les intérêts qui priment”, a-t-il dit.

Ahmed Attaf a fait état d’un “mécanisme à caractère institutionnel” créé avec “nos amis russes”, qui se réunit tous les trois mois. En quatre rencontres périodiques, ce mécanisme a démontré toute son efficacité, s’est-il félicité.

“Nous essayons de convaincre nos amis russes de certaines évidences”, a-t-il ajouté. Parmi ces « évidences », le fait que la solution militaire au Sahel soit “impossible” et le refus de considérer comme des entités terroristes des mouvements politiques qui ont signé l’accord de paix d’Alger.

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