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Aïd el Kébir 2024 : quel est le prix du mouton en Algérie et en France ?

L’Algérie a écarté l’importation des moutons de Roumanie pour l’Aïd-el-Kébir 2024 qui sera célébré cette année le dimanche 16 juin.

Par creativenature-nl / Adobe Stock

La décision a été annoncée ce mercredi 5 juin à Bouira par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa qui a indiqué qu’il n’était pas prévu d’importer des moutons roumains pour l’Aïd el Kébir, a rapporté la Patrie News. Il a mis ainsi un arrêt aux rumeurs d’importation de moutons.

La rumeur avait un temps couru suite aux importations de viande rouge durant la période de Ramadan 2024.

Début avril, le journal Al Massa faisait état des propos de Merouane Kheir, le président de la Fédération algérienne des viandes, selon lequel l’Algérienne des viandes rouges (Alviar) avait reçu l’autorisation d’importer 100.000 moutons de Roumanie dans le but de permettre aux citoyens d’acquérir le mouton de l’Aïd à des prix raisonnables, entre 45.000 et 50.000 dinars.

Quel est le prix du mouton et de la viande en Algérie ?

Hadj Tahar Boulenouar, président de l’Association nationale des commerçants, des investisseurs et des artisans, avait fait remarquer à l’époque que le marché a besoin de 3 millions de têtes de bétail pour l’Aïd-el-Adha. Il avait alors appelé à un programme de moyen et long terme pour doubler le cheptel local, « l’importation, bien que positive, reste une solution temporaire ».

Fin avril, dans un communiqué, Alviar avait démenti ces affirmations en précisant qu’aucun programme d’importation de moutons destinés à la vente directe aux citoyens n’était prévu à ce jour.

Durant un temps en avril, ces rumeurs d’importations ont paralysé les transactions commerciales. Sur les marchés hebdomadaires de bestiaux, les éleveurs se plaignaient de l’absence d’acheteurs. À l’époque, chacun restait dans l’expectative.

Une importation même symbolique aurait pu avoir un effet sur la baisse des prix comme cela a été le cas lors de l’importation par Alviar de moutons en provenance de Roumanie durant la période du Ramadan. Ces moutons avaient été abattus dans des abattoirs d’Alviar et commercialisés à des prix réglementés : 2.800 DA le kg contre 3.000 DA pour la viande locale.

Cette année, les prix des moutons sont élevés. De nombreux acheteurs témoignent sur les réseaux sociaux d’agneaux au prix de 50.000 à 60.000 DA et de béliers à plus de 100.000 DA.

Le rapport annuel de la Cour des Comptes de l’année 2023 note que la filière des viandes rouges (bovin, ovin, caprin et camelin) a réalisé un chiffre d’affaires de près de 700 milliards de DA, ce qui équivaut à près de 5 milliards de dollars.

Alviar a publié le 5 juin un communiqué indiquant la mise en vente d’agneaux produits localement.

« L’opération de vente sera lancée au niveau des dépôts de la société sise à Birtouta à partir de samedi 8 juin et se poursuivra jusqu’à la veille de l’Aïd-El-Adha 2024, à des prix fixés à 59.000 DA, 79.000 DA et 90.000 DA selon le poids du mouton », indique Ziani Ali, directeur général de l’Alviar dans une déclaration à l’agence APS.

« L’opération de vente des moutons de l’Aïd El Adha débutera au niveau des entrepôts de l’Algérienne des Viandes Rouges à Birtouta à partir du samedi 8 juin et durera jusqu’à la veille de l’Aïd El Adha » qui sera célébré cette année le dimanche 16 juin en Algérie, en Arabie Saoudite et en France, a-t-il précisé.

Il a tenu à rassurer les consommateurs en précisant qu’« un nombre considérable de moutons ont été réceptionnés au niveau de son point de vente à Birtouta (Alger) » et a ajouté que « l’approvisionnement se poursuivait depuis les points d’engraissement, notamment de la ferme principale relevant de la société implantée à Djelfa, avec possibilité de recourir aux éleveurs sous contrat avec Alviar, si nécessaire ».

Depuis trois ans, Aviar développe une stratégie originale consistant à acheter les agneaux à des éleveurs avec lesquels l’entreprise est en contrat. Ces éleveurs sont fournis en aliments du bétail à prix réglementé provenant de l’Office national des aliments du bétail (Onab).

Si l’intention est bonne, elle ne suffit pas à elle seule à réduire la tension sur le poste aliment du bétail.

Dans son rapport, la Cour des Comptes note à propos d’Alviar que si les capacités d’élevage annuelles de cette EPE publique chargée de la production de viandes, de l’abattage et de la distribution sont de 300.000 têtes d’ovins l’effectif du cheptel détenu tout au long des années 2010 à 2021, n’a pas dépassé 20.000 têtes ovin/an.

Cette mauvaise performance s’inscrit dans un contexte de distorsion fiscale au détriment de l’entreprise. En effet, les éleveurs détenteurs de la carte de fellah ne s’acquittent d’aucun impôt ou cotisation sociale, ce qui n’est pas le cas d’Alviar. Cette situation a pour conséquence une majoration de l’ordre de « 10 à 16 % » de l’offre d’Alviar note le rapport.

Quel est le prix du mouton en France ?

Rapporté au poids de l’animal, le mouton de l’Aïd-el-Kebir revient cher en Algérie, les prix peuvent être même prohibitifs.

En France, les prix du mouton commencent à partir de 100 euros. Le site Internet Kebchi.fr propose l’agneau au prix de 309 euros tandis que des éleveurs proposent l’agneau entier découpé avec un poids moyen de 15 kg au prix de 258 euros. Des boucheries halal proposent des moutons entiers de 18 à 20 kg égorgés à partir de 120 euros.

La ferme du Franco-Algérien Azzoug propose, elle, trois catégories d’agneaux d’origine France pour l’Aïd-el-Kébir avec des prix selon le poids de la bête : 320 euros (+35 kg), 345 euros (+ de 38 kg) et 375 euros (+48 kg). L’acheteur peut réserver en ligne ou se déplacer sur place pour choisir son mouton.

Les prix en Algérie sont à comparer avec le prix du kilogramme de viande ovine importée de Roumanie qui est de 1.900 DA le kilo contre 2.800 dinars pour la viande ovine locale.

Ce comparatif amène à un choix difficile pour les ménages à faible revenu : faut-il acheter de la viande ou un mouton pour l’Aïd-el-Adha ? Les avis sont partagés.

En mai, les éleveurs ont pu bénéficier de l’arrivée sur le marché des premières récoltes de foin, de paille et d’orge. Là aussi, cela n’a pas suffi à réduire la tension sur les prix.

Depuis des années, la recherche agronomique locale propose des alternatives au manque de fourrages en proposant de les enrichir en mobilisant les nombreux sous-produits issus des industries agro-alimentaires. Mais par manque de concertation avec la filière ovine, ce savoir-faire reste inemployé.

À part les soins vétérinaires, l’élevage local du mouton reste en dehors de tout progrès technique contrairement à l’élevage laitier qui a su progressivement faire sa mutation. La filière lait, et notamment le groupe Boussouf, a ainsi reçu les premières paillettes de semences de taureaux d’élite dans le cadre du partenariat avec des sociétés américaines ; un partenariat sous l’égide de l’ambassade des USA à Alger.

En matière d’élevage du mouton, les associations professionnelles d’éleveurs restent peu nombreuses alors que de l’avis des spécialistes, leur rôle est essentiel. Le développement de ces associations et la mobilisation rationnelle des ressources fourragères du pays restent le passage obligé pour que le prix du mouton de l’Aïd el Kébir soit à la portée de chacun.

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