Dans le débat en France sur « l’aide publique au développement », particulièrement la part de l’Algérie dans cette aide, l’ambassade de France à Alger a livré quelques chiffres via un communiqué adressé ce dimanche 2 février à TSA.
Des chiffres très loin du montant de 800 millions d’euros prétendu par certaines figures de l’extrême-droite française, dont l’eurodéputé Sarah Knafo.
L’ambassade confirme surtout que ces montants ne finissent pas dans les caisses de l’État algérien suivant l’explication qu’elle a donnée de leur destination.
France – Algérie : 800 millions d’euros d’aide au développement ?
L’élue du parti d’Éric Zemmour avait avancé en septembre dernier le chiffre de 800 millions d’euros que percevait chaque année l’Algérie de la France au titre de l’aide au développement.
L’Algérie avait déposé plainte auprès de la justice française pour diffusion de fausses informations. La plainte a été classée sans suite par le parquet de Paris qui a toutefois reconnu que l’information n’était pas suffisamment vérifiée.
Du reste, le montant avancé a été démenti par des médias français crédibles, dont TF1, qui ont indiqué après enquête que le montant de 800 millions d’euros était, en fait, celui de cinq ans et non pas d’une seule année.
Ce dimanche, l’ambassade de France à Alger a communiqué sur le sujet. L’aide publique au développement (APD) est un ensemble de flux financiers ayant pour but de favoriser le développement économique en assurant un accès équitable aux ressources (eau potable, énergie…) et aux services de base (santé, éducation, logement décent…), explique l’ambassade dans son communiqué.
La même source précise que la France est le 4ᵉ plus gros donateur de l’aide publique au développement mondiale. Elle y a consacré 15,3 milliards d’euros en 2022.
France – Algérie : les vrais montants de l’aide au développement et leur véritable destination
Le montant global de l’aide publique au développement engagé par la France en faveur de l’Algérie pendant le même exercice, dernière année pour laquelle les données statistiques définitives sont disponibles, était de 132 millions d’euros.
Dans un tableau explicatif joint à son communiqué, l’ambassade de France a précisé la répartition de cette aide sur les ministères et organismes français, à savoir :
- 121 millions d’euros pour le ministère de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur,
- 8,5 millions d’euros pour le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères,
- 1,5 million d’euros pour l’Agence française de développement (AFD),
- 0,28 million d’euros pour le ministère de l’Intérieur.
Concernant l’usage de cette aide, la même source a indiqué que les montants alloués au ministère de l’Éducation sont destinés aux bourses des étudiants algériens en France, et ceux du Quai d’Orsay aux dépenses de fonctionnement des bourses scientifiques et des programmes de coopération du service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France et de l’Institut français d’Algérie.
Quant aux sommes allouées à l’AFD et au ministère de l’Intérieur, soit 1,78 million d’euros, elles sont respectivement utilisées pour l’accompagnement des projets algériens de développement économique et les actions des collectivités territoriales et de l’Office français d’immigration et d’intégration.
Une « fumisterie »
Le 12 janvier dernier, une source algérienne avait indiqué à TSA que tout ce qui se disait à propos de l’aide française à l’Algérie était une « fumisterie ».
Elle a expliqué que les montants alloués étaient attribués « aux universités françaises pour prendre en charge les étudiants algériens et servent aussi à couvrir les frais de missions des experts français, les frais des bureaux d’étude pour arracher contrats, etc. », ajoutant que « rien ne rentre dans les caisses de l’État algérien ».
Les chiffres publiés ce dimanche par l’ambassade de France à Alger confirment les dires de notre source.
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