Économie

« Aide française » à l’Algérie : l’extrême-droite revient à la charge à l’Assemblée nationale

En France, l’extrême-droite française continue d’instrumentaliser à l’excès la prétendue « aide française » à l’Algérie. La question a atterri à l’Assemblée nationale à l’occasion des débats sur le projet de loi de finances pour 2025.

Un amendement visant à supprimer l’aide au développement octroyée à l’Algérie, au Niger et au Mali a été déposé par cinq députés du courant extrémiste, parmi lesquels un nostalgique notoire de l’Algérie française.

La fausse aide française à l’Algérie a défrayé la chronique il y a quelques semaines tant en France qu’en Algérie. Le 20 septembre dernier, la députée européenne d’extrême droite, Sarah Knafo, a dénoncé sur RMC le fait que la France octroyait selon elle 800 millions d’euros chaque année à l’Algérie au titre de l’aide au développement. Ce chiffre se rapporte en fait à l’aide perçue par l’Algérie en cinq ans, de 2017 à 2021, soit un montant d’environ 150 millions d’euros par an.

L’Etat Algérien a déposé plainte auprès de la justice française pour diffusion de fausses informations. Le parquet de Paris à classer la plainte sans suite le 27 septembre, tout en reconnaissant qu’il s’agit d’une “information insuffisamment vérifiée et imprécise”.

Le caractère dérisoire de l’aide est avéré mais l’extrême-droite ne lâche pas l’affaire

Dans le cadre des débats sur le projet de loi de finances pour 2025, cinq députés du Rassemblement national (RN) ont déposé mercredi 23 octobre un amendement visant à supprimer l’aide française au développement, citant nommément trois pays : l’Algérie, le Niger et le Mali.

Le texte de la proposition d’amendement a été mis en ligne sur le site officiel de l’Assemblée nationale, chambre basse du parlement français.

Tout en reconnaissant que cette aide au développement constitue “un effort financier légitime et nécessaire, afin de soutenir les pays les plus pauvres”, ses auteurs estiment que cela “doit se faire dans un esprit de réciprocité, d’amitié et de coopération”.

“Il n’est pas acceptable que la France continue de donner chaque année des centaines de millions d’euros à des gouvernements qui expriment clairement et avec violence et véhémence leur haine de notre pays”, écrivent les cinq élus RN.

Cinq députés RN veulent la suppression de l’”aide française à l’Algérie” 

Par conséquent, ils proposent de diminuer de 300 millions d’euros les montants de l’aide publique au développement inscrite dans l’action « coopération bilatérale » du programme 209 de « solidarité à l’égard des pays en développement ».

La proposition des cinq députés équivaut à la suppression pure et simple de l’aide au développement octroyée à l’Algérie, au Niger et au Mali, puisqu’ils écrivent eux-mêmes que le montant de 300 millions d’euros est l’équivalent de ce que la France verse chaque année à ces trois pays.

Les relations algéro-français sont tendues depuis fin juillet dernier. L’Algérie a procédé au retrait de son ambassadeur à Paris suite à la reconnaissance par la France de la “souveraineté marocaine” sur le Sahara occidental.

La France a perdu son influence dans plusieurs pays d’Afrique, notamment au Niger, au Mali et au Burkina Faso suite aux coups d’État de ces dernières années dans ces trois pays.

Un député nostalgique de l’Algérie française

Dans leur proposition d’amendement, les députés RN estiment sue les gouvernements de l’Algérie, du Mali et du Niger sont “ouvertement hostiles à la France”. Ils rappellent que la France a précédemment suspendu l’aide au Burkina Faso et suggèrent qu’ “il est temps d’en faire de même pour d’autres pays”.

La proposition d’amendement a été déposée par les députés RN Franck Allisio, Christian Girard, José Gonzalez, Emmanuel Fouquart et Anthony Boulogne.

José Gonzalez, un pied-noir né à Oran en 1943, n’a jamais caché sa nostalgie de l’Algérie française en son admiration de l’OAS, l’organisation de triste mémoire qui a assassiné des milliers d’Algériens et de Français dans les derniers mois de la guerre d’Algérie.

Dans son discours inaugural de la nouvelle législature qu’il a prononcé en juillet dernier en sa qualité de doyen de l’Assemblée, Gonzalez s’est défini comme un « Français né sous le soleil d’un autre continent qui a appris, par son déchirant déracinement, le sens du mot patrie ».

Deux ans plutôt, en juin 2022, il avait présidé la séance inaugurale du parlement, toujours en sa qualité de doyen. Il avait évoqué sa “terre natale”, à laquelle il a été « arraché par le vent de l’histoire”.

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