Économie

Aide française au développement à l’Algérie : où va vraiment l’argent ?

Alors que la crise entre les deux pays prend chaque jour de l’ampleur, le gouvernement français envisage d’actionner un certain nombre de “leviers” contre l’Algérie, parmi lesquels la restriction des visas, les taxes douanières ou encore la suspension de l’aide au développement.

Bien qu’il a été démontré et reconnu que cette aide est insignifiante, des voix de la droite, de l’extrême droite et même du gouvernement français continuent à brandir la menace de la suspendre pour mettre en difficulté l’Algérie.

Les montants alloués dans ce cadre ne sont pas dérisoires, mais ils ne finissent pas dans les caisses de l’Etat algérien, explique une source algérienne qui évoque plutôt une “grosse fumisterie”.

L’affaire avait fait beaucoup de bruit à l’automne dernier. Alors que les deux pays étaient entrés en crise ouverte depuis l’été, l’eurodéputé du parti Reconquête, Sarah Knafo, avait crié au scandale en dévoilant ce qu’elle croyait être le volume des sommes que la France fournit à l’Algérie au titre de l’aide au développement : 800 millions d’euros par an.

Des médias français sérieux ont vite démontré que ce montant représente le cumul de l’aide à l’Algérie en plus de cinq ans.

La justice française a classé une plainte déposée par les autorités algériennes contre l’eurodéputé, tout en reconnaissant que le chiffre avancé n’était pas suffisamment vérifié.

La question est de nouveau évoquée sur certains médias français, par les mêmes voix de l’extrême-droite et du gouvernement notamment le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, comme une arme de pression sur l’Algérie.

Une source algérienne qualifié la prétendue aide française au développement de grosse fumisterie” 

“Il s’agit d’une grosse fumisterie”, rétorque une source algérienne, qui explique à TSA que cette prétendue aide est en fait destinée à servir les intérêts de la France.

“Ces enveloppes financières inscrites au nom des pays récipiendaires, l’Algérie ou autre, sont attribuées aux universités françaises pour prendre en charge les étudiants algériens et servent aussi à couvrir les frais de missions des experts français, les frais des bureaux d’étude pour arracher contrats, etc…”, détaille la même source. 

“Rien ne rentre dans les caisses de l’État algérien. Il s’agit d’un investissement pour maintenir la place de la France en lui faisant gagner plus d’argent”, assure-t-elle.

Aide française au développement à l’Algérie : de quoi s’agit-il ?

Cette réalité de “l’aide française au développement” a été du reste démontrée par des médias français qui se sont intéressés à la question.

Dans un article publié le 10 janvier sur son site Internet, France Info, se basant sur des rapports parlementaires, a précisé que la France a accordé 132 millions d’euros d’aide publique au développement à l’Algérie en 2022, et environ 600 millions d’euros en cinq ans.

Pour le média français, il s’agit d’un chiffre en trompe-l’œil puisque “la quasi-totalité de cet argent ne va pas dans les caisses de l’État algérien”.

En fait, cette aide est constituée à plus de 90% de “frais d’écolage”. Autrement dit, de l’argent que l’Etat français débloque aux universités et aux écoles françaises qui accueillent, en France, des étudiants algériens.

Le reste, ajoute France Info, est destiné aux actions que mènent des ONG françaises en Algérie. “Réduire cette aide semble donc difficile, sauf à refuser d’accueillir des étudiants algériens”, conclut le média français.

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