Nouvel épisode dans la crise entre l’Algérie et la France. Alger a décidé de remettre sur la table le dossier des biens immobiliers mis à la disposition de la France en Algérie, dont les sièges de son ambassade et la résidence de son ambassadeur.
Selon l’agence de presse officielle algérienne, le ministère des Affaires étrangères a convoqué la semaine dernière l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, pour "mettre sur la table« ce dossier »trop longtemps ignoré". C’est la quatrième fois que Romatet est convoqué aux AE depuis le début de la crise entre les deux pays il y a sept mois et demi.
Dans une dépêche diffusée ce dimanche 16 mars, l’APS a signifié que "si un pays tire un véritable profit des relations bilatérales, c’est bien la France".
La rhétorique développée par l’extrême-droite française et le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui accuse l’Algérie de "profiter de prétendues aides françaises« et de ne pas respecter les accords bilatéraux, est »aussi fausse qu’invraisemblable", rétorque la même source.
C’est au contraire la France qui profite des "largesses" de l’Algérie à travers ses biens immobiliers occupés pour des sommes dérisoires, en sus de nombreux avantages économiques.
"L’Algérie n’a jamais été le profiteur de la relation avec la France »
"Si Paris souhaite ouvrir le débat sur la réciprocité et le respect des engagements signés, alors parlons-en ! Nous verrons bien qui, de l’Algérie ou de la France, a le plus profité de ces traités et lequel des deux pays ne respecte pas les accords passés", écrit l’APS.
"L’Algérie n’a jamais été le profiteur de cette relation, c’est bien la France qui, depuis des décennies, a su tirer parti de chaque accord à son avantage« , appuie la même source, ajoutant que si la France »veut aujourd’hui réclamer des comptes, elle devra d’abord rendre des comptes elle-même".
La France a exploité 61 bien immobiliers en Algérie pour des loyers "ridiculement bas"
Le dossier des biens exploités par la France en Algérie révèle "un traitement pour le moins asymétrique entre les deux pays« , lit-on dans la dépêche, avec un total de 61 biens immobiliers occupés par la France sur le sol algérien, »moyennant des loyers ridiculement bas".
En tête de ces biens figure le siège de l’ambassade de France qui s’étend sur 14 hectares sur les hauteurs d’Alger. Le loyer que paye l’État français pour cette immense propriété est "si insignifiant qu’il ne couvrirait même pas le prix d’une modeste chambre de bonne à Paris", estime l’APS,
La résidence des "Oliviers", vaste de 4 hectares à El Biar, sert de résidence à l’ambassadeur de France depuis l’indépendance.
Elle est louée "au franc symbolique, sur la base d’un prix de bail inchangé depuis 1962 jusqu’en août 2023« , fait savoir l’agence de presse algérienne qui souligne qu’il s’agit d’une »largesse que la France n’a jamais daigné accorder à l’Algérie sur son propre territoire".
L’APS dévoile les « privilèges » de la France en Algérie
L’APS enfonce le clou et assure que ce n’est là "que la partie visible de l’iceberg« , soulignant que la France bénéficie »d’avantages considérables" en Algérie à travers de nombreux accords bilatéraux.
Alors que l’extrême-droite et la droite dure en France appellent à la révocation de l’accord de 1968 sur l’immigration, présenté comme "avantageux« aux ressortissants algériens, l’agence officielle algérienne réplique qu’on oublie de mentionner »les bénéfices« que tire la partie française de cet accord, notamment la main-d’œuvre algérienne qui a »largement contribué à la reconstruction et à l’essor économique de la France« , alors que l’Algérie »ne bénéficie d’aucun privilège comparable en France".
Autre accord avantageux pour la France, celui de 1994, qui régule divers aspects de la coopération entre les deux pays, notamment en matière de commerce et d’investissements.
L’auteur de la dépêche assure que ces accords ont surtout permis, dans les faits, aux entreprises françaises d’ "obtenir des conditions très favorables pour opérer en Algérie, tout en limitant les opportunités inverses pour les entreprises algériennes en France".
L’avantage est, encore une fois, "unilatéral et profite avant tout à l’économie française« , assène l’agence officielle algérienne qui ajoute que »l’heure n’est plus à l’hypocrisie« et qu’il est temps que »la vérité soit mise en lumière et que cessent les discours fallacieux destinés à manipuler l’opinion publique".