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Algérie : après la sécheresse, des moutons surpris par la neige

Algérie : après la sécheresse, des moutons surpris par la neige

Après une période de sécheresse automnale à l’ouest du pays, ces derniers jours la neige recouvre plusieurs régions d’Algérie.

C’est le cas à Tiaret où en pleine steppe des troupeaux de moutons ont été surpris par cet épisode neigeux. Bien que rustiques, ces animaux ont besoin de fourrages pour résister à cette vague de froid.

Traditionnellement, la neige est la bienvenue pour les agriculteurs. Contrairement à la pluie, sa fonte permet à l’eau de s’infiltrer progressivement dans le sol. L’assurance de pâturages reverdis dès la fin de l’hiver.

La page « Tout sur l’agriculture en Algérie » publie une vidéo d’un troupeau de moutons de race Ouled Djellal surpris par la neige.

Parqués dans leur enclos grillagé, plusieurs centaines de moutons sont serrés les uns contre les autres et restent stoïques dans un paysage totalement blanc.

Si ce n’était le camion de marque Isuzu aménagé pour le transport du bétail et garé à proximité, c’est à peine si l’enclos pourrait être visible dans le paysage.

Le mouton, un animal qui résiste bien au froid

Pour faire obstacle au vent, une partie du grillage de cet enclos est doublée d’une bâche. Un vent omniprésent dont on entend les rafales.

Pour l’agronome Fattoum Lakhdari du Centre de recherche scientifique et technique sur les régions Arides de Biskra qui a dirigé la publication d’un guide des races de moutons en Algérie, ces animaux rustiques présentent une certaine tolérance au froid.

Si les moutons de race Ouled Djellal possèdent une bonne aptitude aux longues marches, ils craignent cependant les grands froids contrairement à la race El Hamra. Celle-ci est très appréciée des éleveurs pour sa plus grande résistance au froid hivernal qui est souvent rigoureux dans le pays du mouton que représentent les Hauts plateaux algériens.

Cette tolérance au froid, les animaux la doivent à leur toison. Tant que leur laine n’est pas mouillée jusqu’à la peau, ils restent protégés du froid. La toison peut devenir humide à l’extérieur mais pas en contact avec la peau. La laine joue alors admirablement son rôle d’isolant et peut repousser l’humidité pendant plusieurs jours.

Par contre, les plus jeunes animaux sont plus affectés par le froid. Il n’est pas rare que la nuit, les bergers mettent les agneaux nouveau-nés sous leur tente.

Il est parfois réalisé un allaitement artificiel des agneaux les plus faibles. Leur capacité de résistance dépend de la possibilité des brebis à les allaiter. Encore faut-il que celles-ci aient de quoi se nourrir suffisamment pour assurer leurs propres besoins et ceux liés à la production de lait.

Dans les élevages sédentaires, les animaux sont mis au sec dans un abri en dur couvert de trois côtés.

Dans le cas présent, la présence d’un camion aménagé sur deux niveaux pour le transport des moutons indique qu’il s’agit d’un troupeau en cours de transhumance à la recherche de pâturages plus fournis.

La sécheresse automnale de ces dernières semaines a provoqué une hausse du prix de l’orge et du son de blé et la recherche de parcours plus fournis est devenue capitale pour de nombreux éleveurs. Partout sur les marchés hebdomadaires, les éleveurs se plaignent des prix excessifs des aliments de bétail.

Associer les éleveurs

En 2008, le déficit fourrager au niveau national a été chiffré à 4 milliards d’unités fourragères (UF). Ces unités correspondent à un kilogramme d’orge.

Aussi, depuis plusieurs années, le Haut-Commissariat au Développement de la Steppe (HCDS) et les services des Forêts ont entrepris des actions de reboisement d’une partie des parcours steppiques  avec des arbustes fourragers tel l’Attriplex. Une opération de longue haleine.

Le cas de la région de Laghouat est édifiant. Dès 2012, le HCDS a procédé à des plantations sur les parcours dégradés. Élevés en pépinière, les plants sont ensuite replantés et bénéficient de plusieurs arrosages ainsi que d’un gardiennage jusqu’à 5 années avant que ces arbustes atteignent leur taille adulte.

Les besoins annuels d’une brebis sont estimés à 400 UF aussi ces reboisements se sont avérés essentiels pour les troupeaux locaux d’autant plus que le quintal d’orge atteint 5 000 DA.

Dans les zones reboisées avec les arbustes fourragers l’offre est passée à 450 UF, voire à plus de 600 UF ce qui permet une charge de 1,5 brebis par hectare alors que les autres parcours surexploités ne produisent que 14 UF.

A peine de quoi nourrir durant une année l’équivalent de 0,03 brebis. En cause, un surpâturage lié à une exploitation anarchique et individuelle des ressources fourragères.

En Algérie, la perpétuation de l’élevage steppique dépend de la multiplication de ce type de reboisement, voire de l’association des premiers concernés : les éleveurs. C’est le seul moyen d’arriver à une exploitation durable de ces vastes étendues.

Cependant, comment y arriver sur des parcours communautaires grignotés par l’installation d’investisseurs dans le cadre de la loi de l’accession à la propriété foncière agricole (APFA).

Pour le spécialiste Slimane Bencherif auteur d’une thèse sur le sujet : « Aujourd’hui, si l’exploitation commune des ressources collectives existe encore, le sentiment d’appartenance à une collectivité qui doit défendre et protéger les ressources naturelles communes et les intérêts du groupe, cède la place progressivement à l’individualisme ».

Pour les communes des régions steppiques qui gèrent la location des pâturages et rémunèrent à cet effet des gardiens – jusqu’à 40 dans la seule commune de Faidja à Tiaret – la révision du code communal annoncé par le président Abdelmadjid Tebboune devrait permettre qu’une plus grande partie des « ressources fiscales générées par les communes servent à leur propre gestion ».

Un moyen de développer les infrastructures locales pour nourrir le cheptel et notamment le protéger des conditions climatiques hivernales.

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