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Algérie : deux mesures clés pour booster la production de poulets

Algérie : deux mesures clés pour booster la production de poulets

Par WFranz / adobe Stock
Des poules.

Alors que la filière avicole algérienne se débat dans de perpétuels problèmes liés à une croissance rapide, deux mesures de rupture viennent d’être adoptées.

L’une concerne la date d’abattage des poulets et l’autre l’implantation des poulaillers. Sous un aspect anodin, ces mesures pourraient améliorer considérablement l’organisation de la filière avicole.

Commercialisation de poulets de petite taille

Traditionnellement, la durée minimale d’élevage des poulets est de 56 jours, elle passe dorénavant à 35 jours. Alors que les agriculteurs élevaient 3 à 4 bandes de poulets, ils pourraient en élever jusqu’à 6 ou 7 à l’avenir. Les services agricoles espèrent ainsi améliorer l’offre en viande blanche.

Certes, les volailles devraient être plus petites, mais pour le consommateur, ces poulets devraient être moins chers, faisait récemment remarquer Ali Benchaïba, le président de la filière volaille, lors d’un passage à la Télévision algérienne.

En bon professionnel, il a fait remarquer qu’auparavant, les consommateurs recherchaient de gros poulets ou de grosses pastèques, alors qu’aujourd’hui, avec la réduction de la taille des familles, ils optent pour des poulets de plus petites tailles.

« Parfois, les familles se contentent d’acheter des escalopes, des cuisses de poulets ou des ailes, maintenant, elles pourront acheter des poulets entiers », indique-t-il.

Puis, inquiet, il ajoute : « Il s’agit de tenir compte de la hausse des prix. Du côté des éleveurs, ceux-ci devraient être gagnants, car une réduction de la durée d’élevage signifie moins de médicaments à administrer aux animaux et moins d’aliments ».

Les aliments est l’un des postes les plus élevés pour les professionnels. En quelques années, le quintal de maïs est passé de 3.000 DA à 5.500 DA et celui du tourteau de soja de 5.000 DA à 12.000 DA.

Ali Benchaïba poursuit son plaidoyer : « Jusqu’à 35 jours, l’indice de croissance des animaux est de seulement 1,5. C’est-à-dire que pour 1,5 kg d’aliment, on obtient un kilo de poulet. Et cet indice augmente avec l’âge ». Il ajoute : « tout le monde est gagnant, l’éleveur et l’économie nationale ».

En 2021, lors d’un passage à la Radio algérienne, le directeur général de l’Onab, Mohamed Betraoui faisait part d’importations annuelles de 4 millions de tonnes de maïs et de 1,25 million de tonnes de soja pour une valeur de 1,2 milliard de dollars.

Traditionnellement, les éleveurs algériens s’orientent vers la production de poulets de 3 kg et calculent leur marge brute en multipliant ce chiffre par le prix de vente du kilo de viande.

Une façon de faire contre laquelle s’insurge le président de la filière qui insiste sur la nécessité de tenir compte des coûts induits par une durée d’élevage trop longue.

À raison de 6 à 7 bandes de poulets élevés annuellement, il reste convaincu de l’intérêt de cette disposition. Il ajoute : « Il s’agit d’une durée minimale et rien n’interdit d’aller au-delà. Il sera ainsi possible de mettre des poulets de différents poids sur le marché et les consommateurs choisiront ».

Propriété du foncier agricole non exigible

Une autre mesure concerne la filière avicole. Il s’agit d’un décret pris fin 31 décembre par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural qui concerne la régularisation des éleveurs opérants dans le secteur informel.

Cette régularisation devrait se faire à travers la suppression de la fourniture de l’acte de propriété du terrain sur lequel sont bâtis les poulaillers.

Cette modification n’est pas anodine. Contrairement aux poules pondeuses, dont les cages peuvent être installées sur trois niveaux, les poulets de chair sont élevés au sol.

Si, à leur arrivée, les poussins peuvent être cantonnés dans un espace réduit, avec leur prise de poids progressive, ils ont besoin de plus d’espace et les préconisations sont de dix poulets par m².

Pour de nombreux jeunes sans emploi, l’aviculture est vite apparue comme un moyen pour s’assurer un revenu.

Dans la mesure où il est possible d’acheter les aliments auprès de fabricants spécialisés et de poussins auprès de couvoirs, il suffit de disposer d’un local pour élever des poulets.

Nombreux sont les élevages qui ont démarré dans de simples garages et dont l’extension s’est faite en utilisant des serres-tunnel. Des serres installées sur des parcelles louées à des propriétaires ou à des bénéficiaires de concessions agricoles.

Problème, ce type d’installation sommaire en terre battue ne permet pas le respect des conditions d’hygiène requises dans les élevages modernes.

Malgré l’installation d’extracteurs d’air, dès les premières chaleurs, ces installations deviennent impropres à l’élevage et sont donc inutilisables jusqu’à l’automne. Plus grave, sans titre de propriété, impossible de bénéficier de la carte de fellah, un sésame qui permet d’accéder aux diverses aides de l’État.

Dorénavant, les éleveurs n’auront plus qu’à se signaler auprès des services agricoles puis après vérification, ils pourront obtenir la fameuse carte d’agriculteur.

En s’affranchissant de la nécessité de disposer d’un justificatif de propriété, ce sont donc des milliers d’éleveurs qui vont pouvoir changer de statut.

En 2020, Mustapha Amar Khodja, le représentant du Conseil interprofessionnel de la filière avicole de la wilaya de Tizi-Ouzou, estimait que pour cette seule wilaya, 90 % des éleveurs étaient cantonnés au secteur informel.

Les anciennes réticences des services agricoles à délivrer la carte d’agriculteur s’expliquent par des cas de revente d’aliments de bétail, d’engrais ou de semences certifiées de la part d’agriculteurs bénéficiant du soutien des pouvoirs publics.

Les dernières mesures ministérielles devraient permettre de fluidifier l’offre en viande de poulet en Algérie. Elles montrent également le rôle croissant des organisations professionnelles et le dialogue constructif noué entre les professionnels et l’administration agricole.

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