Quelques jours après son vif échange par presse interposée avec le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, la députée écologiste Sabrina Sebaihi rebondit sur la crise en cours entre l’Algérie et la France, les appelant à choisir une autre voie que celle de "l’hostilité stérile« et des »tensions permanentes« et de revenir à »la raison« et au »réalisme« , au moment où »le monde bascule dans de nouvelles crises".
La député d’origine algérienne a lancé son appel au rapprochement à travers une tribune publiée ce jeudi 20 mars dans le journal L’Humanité.
L’Algérie et la France sont en crise ouverte depuis juillet 2024. C’est la plus grave brouille entre les deux pays, mais ce n’est pas la première. Depuis 2021 seulement, l’ambassadeur de France en Algérie a été convoqué à trois reprises.
Crise Algérie – France : ce que propose une députée d’origine algérienne
« Il est plus que temps de sortir du cycle de tensions permanentes qui empoisonnent les relations entre la France et l’Algérie », écrit d’emblée la député écologiste qui regrette que « les crispations mémorielles et les arrière-pensées politiciennes ont pris le pas sur l’essentiel : la construction d’un avenir commun fondé sur la vérité, la reconnaissance et la coopération ».
Plutôt que d’être un « fardeau », l’histoire commune doit être « un levier pour une réconciliation sincère », forcément par « un travail de mémoire sans complaisance », car, estime Sabrina Sebaihi, l’avenir « ne peut être prisonnier des rancœurs du passé » et les jeunesses des deux pays « partagent une histoire, une langue, des liens familiaux et culturels ».
Sabrina Sebaihi : reconnaître les massacres de 1945 et restituer les effets de l’Émir Abdelkader
« L’heure n’est plus aux postures symboliques, mais aux actes concrets », ajoute la député.
A commencer, suggère-elle, par la reconnaissance des massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata qui est « une nécessité ».
« La France ne peut prétendre à une relation apaisée avec l’Algérie sans regarder ce passé en face, sans mots d’esquive ni calculs diplomatiques », assure Sabrina Sebaihi qui avait annoncé en mai dernier la création d’un groupe de travail avec trois autres députés pour porter la revendication de la reconnaissance par la France de ces massacres qui ont fait 45 000 morts.
Elle propose aussi la restitution des effets personnels de l’émir Abdelkader qui, selon elle, « incarne une histoire partagée, faite de luttes mais aussi de respect mutuel ». Cette restitution serait le signal d’une France « qui ne craint plus la justice mémorielle, mais qui l’assume pour mieux avancer ».
Proposée par la commission mixte d’historiens, la restitution de certains effets de l’Émir a buté sur l’absence en France d’une loi de restitution, a expliqué en janvier dernier à TSA l’historien Benjamin Stora, chef de file des membres français de la commission.
La veille de la diffusion de la tribune de Sabrina Sebaihi, un autre député de gauche, David Guiraud (LFI), avait étrillé dans une intervention à l’Assemblée nationale le ministre de l’Intérieur et son discours belliqueux à l’égard de l’Algérie.