Les choses se corsent entre l’Algérie et la France. L’arrestation de trois influenceurs algériens pour « appels à la violence » a exacerbé les attaques contre l’Algérie et les Algériens, émanant notamment de l’extrême-droite française.
Soufiane Djilali, président du parti politique algérien d’opposition Jil Jadid, dénonce « une offensive anti-algérienne d’une virulence extrême ».
« Pour deux ou trois marginaux écervelés ayant outrepassé les règles de la liberté d’expression, les médias français opèrent une offensive anti-algérienne d’une virulence extrême », a écrit Soufiane Djilali sur X.
L’homme politique a particulièrement condamné les graves propos de l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, qui a évoqué l’usage de « la force » contre l’Algérie.
« Xavier Driencourt, l’ex-ambassadeur de France à Alger, propose d’agir avec l’Algérie comme lors du détournement de l’avion d’Air France en 1994 : négocier puis donner l’assaut par l’emploi de la force », a dénoncé Djilali.
Deux fois ambassadeur en Algérie, de 2008 à 2012 puis de 2017 à 2020, Driencourt est devenu en France l’un des tenants de la ligne dure vis-à-vis de l’Algérie. Il est le premier à avoir appelé à révoquer l’accord de 1968 sur l’immigration.
Évoquant l’affaire Boualem Sansal mardi sur CNews et Europe 1, Driencourt a assimilé l’Algérie à un pays « preneur d’otages », l’accusant d’être « du côté des preneurs d’otages et des groupes terroristes qui prenaient en otage les Américains en Iran », en référence à la prise d’otages à l’ambassade des États-Unis à Téhéran après la révolution islamique en 1979.
Algérie – France : Xavier Driencourt dérape gravement
Interrogé sur ce que la France devra faire pour obtenir la libération de Boualem Sansal, l’ancien ambassadeur a évoqué une autre prise d’otages restée dans les mémoires, celle de l’Airbus d’Air France à l’aéroport d’Alger en 1994.
« De la discussion, de la négociation, mais de temps en temps, il faut faire preuve de force (…) Il y a eu au début de la négociation, de la discussion avec les preneurs d’otages et puis à la fin ça s’est terminé par un assaut. Donc, il faut utiliser les deux aspects », a-t-il suggéré.
Lundi, Xavier Driencourt avait été cité dans un communiqué de la Grande mosquée de Paris qui dénonçait une campagne contre l’institution accusée de chercher à « déstabiliser la France ».
L’affaire Sansal puis l’arrestation des influenceurs ont exacerbé les attaques de l’extrême-droite contre l’Algérie et les Algériens en France. Des attaques qui ont commencé du reste avant même la crise actuelle entre les deux pays.
« Peut-être que l’Algérie mérite mieux que son actuelle classe politique, tout comme la France d’ailleurs. Cependant, cela justifie-t-il ces attaques générales contre le pays lui-même ? », a répondu Soufiane Djilali à un internaute qui a commenté son tweet.
« Pourquoi revenir sans cesse sur cette soi-disant création de l’Algérie par la France ? N’est-ce pas une façon d’humilier les Algériens ? Que pensez-vous si l’on vous répétait à longueur de journée que la France a été créée par les Allemands qui lui ont donné son nom ? », a-t-il poursuivi.
Pour le président de Jil Jadid, « il s’agit de régler une relation entre deux pays aux relations tumultueuses et non pas de détourner l’opinion publique sur ses problèmes internes ».
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