Politique

Algérie : « La voix de la France ce n’est ni celle de Retailleau ni celle des médias Bolloré »

Le sénateur français d’origine Rachid Temal a effectué samedi 8 et dimanche 9 février une visite à Alger dans un contexte de grave crise diplomatique entre l’Algérie et la France.

Il retourne à Paris, en apportant avec lui, la parole des patrons français et algériens ainsi qu’une autre image de l’Algérie, différente de celle que l’extrême droite et les médias proches de cette mouvance véhiculent d’elle en France. 

À TSA, le sénateur explique ce qu’il a vu et entendu lors de sa visite à Alger, à l’invitation du président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française Michel Bisac.

« Ma visite s’est bien passée. J’ai échangé avec des acteurs algériens et français », explique Rachid Temal. « J’ai pu mesurer à la fois la stratégie industrielle de l’Algérie et la volonté de ceux que j’ai rencontrés à continuer à investir dans ce pays. C’est positif et c’est pour cela qu’il faut continuer à renforcer les relations entre les deux pays », ajoute-t-il.

Pour renforcer ces liens, il faut d’abord mettre fin la crise inédite entre l’Algérie et la France, qui a été provoquée par le soutien de Paris à la marocanité du Sahara occidental, puis aggravée par l’escalade des mots après de l’arrestation de Boualem Sansal et de l’expulsion ratée de l’influenceur algérien Doualemn.

« La voix de la France ce n’est ni celle de Retailleau ni celle des médias de Bolloré », tranche le sénateur socialiste et président du groupe d’amitié France – Algérie au Sénat français. « La politique étrangère de la France ne se fait pas dans les médias de Bolloré », affirme-t-il.

Pour lui, l’Algérie « n’a pas cherché à humilier » la France, comme l’a déclaré le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau au lendemain de l’expulsion ratée d’un influenceur algérien Doualemn le 9 janvier dernier. La justice française a dit que la « procédure d’expulsion n’était pas bonne », rappelle-t-il.

« Oui alors que certains essayent de nous vendre des histoires « d’humiliation » et de « ruptures », j’ai pu constater une réalité faite d’entreprises françaises – en partenariat avec des entrepreneurs et partenaires algériens – qui investissent et qui prospèrent, une main-d’œuvre locale qualifiée et compétitive, un accueil chaleureux pour leur production et un fantastique marché en expansion de 48 millions d’habitants », a également écrit le président du groupe d’amitié Algérie-France au Sénat français sur LinkedIn.

Rachid Temal tient aussi à souligner l’importance des relations économiques entre l’Algérie et la France dont les échanges commerciaux ont atteint 11,8 milliards d’euros en 2023.

Rachid Temal : l’Algérie « n’a pas cherché à humilier la France »

En France, « il y a une méconnaissance de la réalité des flux financiers entre les deux pays », estime-t-il. « Il faut que certains sachent qu’il y a des flux financiers entre les deux pays, des entreprises françaises en Algérie, un marché gigantesque… », énumère-t-il, tout en pointant le « délire » de Sarah Knafo sur ce que coûte l’Algérie à la France. « C’est faux », assène-t-il encore.

« L’Algérie, loin d’être un « poids » est une terre d’opportunités : du BTP à l’agroalimentaire, les investissements français s’ancrent dans le concret, a ajouté le sénateur socialiste. Ne laissons pas une certaine politique d’estrade ou de la recherche du sensationnel saboter notre avenir commun. »

De ses échanges avec les chefs d’entreprises français présents en Algérie, Rachid Temal a retenu deux éléments : « Les opérateurs français disent qu’il y a un bon climat des affaires en Algérie et ils souhaitent que les deux pays reprennent le dialogue ».

Rachid Temal ne veut pas rentrer dans le jeu de qui a commencé le premier dans cette crise, l’Algérie ou la France. « L’important n’est pas là. L’essentiel est de retrouver le chemin du dialogue », explique-t-il.

« Il faut une prise de parole forte de Macron » sur l’Algérie

« J’appelle les deux pays à revenir à la Déclaration d’Alger » pour un partenariat renouvelé, signée lors de la visite du président Emmanuel Macron en août 2022 en Algérie.

De retour à Paris, Rachid Temal va transmettre ses propositions aux autorités françaises pour renouer le dialogue avec l’Algérie. Pour lui, le président Abdelmadjid Tebboune a montré la voie.

« Je tiens à saluer la qualité de l’interview du président Tebboune dans L’Opinion. Il a dit des choses importantes. Il a pris la parole pour éviter la cassure et il n’y a pas pire que de ne pas se parler », ajouté Rachid Temal qui note que « tout le monde converge vers le dialogue » dans les deux pays.

« Je pense qu’il faut une prise de parole forte du président de la République Emmanuel Macron », soutient-il.

« Je vais continuer à porter la parole des entrepreneurs, à travailler pour l’apaisement et le développement des relations économiques entre les deux pays ».

Les plus lus