Économie

Algérie : le retour des grands projets publics

L’Algérie renoue avec les grands projets d’infrastructures. De nombreux chantiers routiers, ferroviaires et portuaires sont lancés ou le seront bientôt.

Le plus grand de ces projets était impensable, il y a seulement quelques années : relier les deux extrémités Nord (Alger) et Sud du pays (Tamanrasset) par une ligne ferroviaire de plus de 2.000 kilomètres.

À la faveur de la stabilisation des cours des hydrocarbures, principale ressource en devises du pays, les grands investissements dans les infrastructures ont repris.

Routes, autoroutes et pénétrantes : les réseaux s’agrandissent en Algérie

Dans les années 2000 et 2010, l’Algérie s’est dotée de l’autoroute Est-Ouest qui traverse tout le Nord du pays des frontières de la Tunisie à celles du Maroc, sur 1.200 kilomètres.

L’ouvrage, qui a coûté plusieurs milliards de dollars, est l’un des plus grands chantiers de travaux publics en Algérie. Il reste à achever les travaux de pénétrantes qui relieront plusieurs wilayas à cette autoroute (Béjaïa, Tizi-Ouzou, Mila, Jijel, Batna…).

Les travaux de l’autoroute de Jijel ont repris et un tronçon de 27 km a été livré alors que celle de Béjaïa est en voie d’achèvement.

Le projet d’une rocade autoroutière des hauts plateaux, traversant l’Algérie également d’Est en Ouest sur 1.030 kilomètres, est en réalisation. L’ouvrage sera relié par 12 pénétrantes à l’autoroute Est-Ouest.

L’Algérie a aussi réalisé le méga-projet de la Transsaharienne Nord-Sud, d’Alger aux frontières du Niger, comportant un tronçon autoroutier (jusqu’à Boughezoul, Médéa), une voie express et une route à double sens.

Toujours dans le Sud, un autre grand projet routier est en cours. Il s’agit de la route reliant Tindouf à Zouerate (Mauritanie) sur 840 kilomètres.

La route est destinée, entre autres, à intensifier les échanges commerciaux entre les deux pays maghrébins. Dix entreprises algériennes sont engagées dans les travaux. L’avancement du projet a fait l’objet d’une réunion présidée par le président de la République, lundi 10 février.

Dans la capitale, c’est le réseau du métro qui ne cesse de s’agrandir. En 2026, il atteindra 33 kilomètres avec la livraison des extensions Aïn Naadja – Baraki et El Harrach – Bab Ezzouar, vient d’annoncer le ministre des Travaux publics, Lakhdar Rekhroukh.

Chemins de fer en Algérie : les chantiers de l’extrême

Dans le ferroviaire, plusieurs chantiers sont aussi lancés ou envisagés dans le cadre d’une vaste stratégie visant à mailler tout le pays par des lignes de chemins de fer, jusqu’à l’extrême-Sud.

En chantier, il y a le projet de la ligne à grande vitesse (LGV) entre Oran et Tlemcen, sur 132 kilomètres, la ligne devant transporter le minerai de fer du gisement de Gara Djebilet (Tindouf) jusqu’à Béchar sur 950 kilomètres et la ligne ferroviaire entre Djebel Onk à Tébessa et Annaba pour le transport du phosphate.

Le coup d’envoi du projet de Gara Djebilet a été donné en novembre 2023 par le président de la République Abdelmadjid Tebboune. Un train de 2,2 kilomètres, l’un des plus longs au monde, sera déployé pour le transport du minerai, a annoncé récemment le PDG de la SNTF, la Société nationale des transports ferroviaires.

Le plus grand chantier de l’Algérie dans les années à venir sera dans les chemins de fer. Le vieux rêve de relier l’extrême-Sud au réseau ferroviaire national est en passe de devenir réalité.

Samedi dernier, le ministre des Travaux publics a annoncé que le coup d’envoi des travaux de réalisation des tronçons restants de la ligne Alger-Tamanrasset sera donné au cours de cette année 2025.

Le début sera marqué par le lancement du tronçon Boughezoul-Ksar El Boukhari, dans la wilaya de Médéa, « dans les prochains jours », a-t-il précisé. La ligne sera d’une longueur totale de plus de 2.000 kilomètres et traversera 10 wilayas, dont plus de 300 km sont déjà fonctionnels.

Selon Anesrif, l’agence publique du suivi des investissements ferroviaires, 250 km de cette ligne sont déjà exploités, les études sont finalisées pour 639 km et sont en cours pour 1.050 km.

Ports d’Algérie : ce qui va changer

L’Algérie investit aussi beaucoup dans les infrastructures portuaires, appelées à accompagner ses ambitions de diversification de son économie et de ses exportations. L’objectif aussi est de réduire le temps d’attente des navires avant de décharger les marchandises.

Le plus grand projet dans le domaine est l’immense hub portuaire d’El Hamdania, près de Cherchell, d’un coût estimé à 5 milliards de dollars. En plus du port lui-même, constitué de 25 quais.

D’une capacité de 25,7 millions de tonnes de marchandises par an, il est aussi prévu de raccorder l’ouvrage au réseau routier et ferroviaire national par une autoroute et un chemin de fer jusqu’à El Affroun sur une quarantaine de kilomètres.

Le projet a été envisagé avec des partenaires chinois. En juin 2020, le président Tebboune a ordonné d’étudier sa relance « sur de nouvelles bases transparentes ». Depuis, le projet est mis en veilleuse.

En revanche, le port de Djen Djen, dans la wilaya de Jijel, a bénéficié d’un important projet d’extension. L’agrandissement du terminal à conteneurs du port sidérurgique et cimentier a été achevé en octobre dernier.

Avec désormais un quai de 570 mètres, le terminal est capable de traiter des porte-conteneurs jusqu’à 6.000 EVP (équivalent vingt pieds), contre 2.500 EVP auparavant. Il s’agit d’un record pour un port algérien.

En visite en janvier dernier dans la wilaya de Jijel, le ministre des Transports, Saïd Sayoud, a insisté sur l’importance du projet d’extension du port qui, selon lui, fera de Jijel un « pôle économique central dans le pays ».

L’Algérie veut faire de Djen Djen un port avec un profond tirant d’eau afin de lui permettre d’accueillir des portes conteneurs géants.

Après la réalisation de l’ensemble des opérations prévues, le port pourra accueillir 26 millions de tonnes de marchandises et 5 millions de conteneurs par an. Le projet a nécessité un investissement de 310 milliards de dinars.

Ressources en eau : cinq stations de dessalement en chantier

Dans le domaine des ressources en eau, l’Algérie a lancé la construction de cinq stations de dessalement d’une capacité totale de 1,5 million de m³ par jour.

Confiée au groupe Sonatrach, la réalisation de ces usines, dont le coût est de 2,4 milliards de dollars, touche à sa fin, selon El Watan. Elles sont implantées à El Tarf, Béjaïa, Alger, Oran et Boumerdès (Cap Djenet).

La construction de ces stations a été décidée afin de faire face au manque d’eau potable dans les villes du littoral qui souffrent de sécheresse depuis des années.

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