L’affaire du drone malien abattu par l’Algérie après qu’il ait franchi ses frontières atterrit au Conseil de sécurité de l’ONU. Les deux pays protagonistes ont tous les deux sollicité l’instance onusienne dans le cadre de cette nouvelle crise, selon RFI.
Cette semaine, les évènements se sont accélérés entre l’Algérie et le Mali et la tension est montée d’un cran. Début avril, le ministère la Défense nationale a annoncé la destruction d’un drone de reconnaissance armé malien qui a pénétré de deux kilomètres dans l’espace aérien national.
L’armée malienne a de son côté reconnu officiellement que le drone abattu mardi 1er avril par l’armée algérienne près de la frontière entre les deux pays lui appartenait et qu’il était armé. S’ensuit une crise diplomatique aiguë entre les deux pays.
L’Algérie et le Mali sollicitent le Conseil de sécurité de l’ONU
Le Mali, le Niger et le Burkina Faso qui composent la Confédération des États du Sahel (CES) ont retiré leurs ambassadeurs à Alger en signe de protestation contre la destruction du drone de reconnaissance malien par l’Armée algérienne.
En réponse, l’Algérie a également fait de même, en rappelant ses ambassadeurs au Mali et au Niger et en reportant la nomination d’un nouvel ambassadeur au Burkina Faso. Elle a aussi décidé de fermer son espace aérien à tous les vols en provenance et à destination du Mali, ce à quoi Bamako a répliqué avec une mesure similaire.
Ce jeudi 10 avril, un nouveau développement dans l’affaire a été révélé par Radio France internationale (RFI). Les deux pays ont en effet, chacun de leur côté, sollicité le Conseil de sécurité de l’ONU sur l’affaire du drone abattu.
Par deux lettres datées du 7 avril, consultées par le même média, Alger et Bamako ont transmis leurs communiqués gouvernementaux respectifs sur la destruction du drone malien au Conseil de sécurité de l’ONU. Toutefois, les deux pays n’ont pas saisi l’instance officiellement.
Alger et Bamako se sont contentés de réitérer leurs positions dans ce dossier : l’Algérie qui dénonce la violation de son espace aérien et une stratégie mensongère des dirigeants maliens de transition et le Mali qui condamne un acte hostile, accusant l’Algérie d’acte d’agression.
Alger et Bamako « ne voudraient pas aborder la question sous présidence française »
La sollicitation du Conseil de sécurité, qui n’est pas accompagnée de demande particulière, ne constitue cependant pas le dépôt de plaintes au sens judiciaire du terme.
« Ni le Mali ni l’Algérie n’ont sollicité de réunion sur le sujet. Ces courriers n’appellent donc pas d’action spécifique du Conseil », a indiqué une source diplomatique au sein du Conseil de sécurité à RFI.
Il est important de noter que la présidence tournante du Conseil de sécurité est actuellement assurée par la France. L’Algérie y siège aussi en tant que membre non permanent en ce mois d’avril. La source diplomatique souligne à ce propos qu’il est probable que les deux pays « ne veulent pas aborder la question sous présidence française ».
Un juriste spécialiste des protocoles onusiens a expliqué, à propos de la sollicitation du Conseil de sécurité par les deux pays, qu’il s’agissait d’une façon de susciter des discussions parmi les membres du Conseil, de manière informelle ou en séance.
« Juridiquement, cela permet aussi de notifier son désaccord et de préparer d’éventuelles représailles », a décrypté le spécialiste, cité par le même média.