Société

Algérie : passe d’armes inédite entre 2 hauts responsables sur le logement

Le logement est au cœur d’une nouvelle polémique en Algérie, avec une rare passe d’armes entre le wali d’Oran et le DG de l’Agence de développement du logement (AADL).

Le DG du promoteur immobilier public chargé de la réalisation des logements location-vente, Riad Kamdani, a posté une vidéo sur les réseaux sociaux, où il répond à de graves accusations du wali d’Oran qui a défrayé la chronique en accusant les responsables de l’agence de « gestion chaotique ».

« Une entreprise défaillante ! » : le DG de l’AADL répond au wali d’Oran

Tout est parti d’un coup de gueule du wali d’Oran, lors de sa visite d’un quartier AADL dans la commune de Misserghine. Réagissant à une fuite d’eau au niveau de l’un des réservoirs, le responsable fait porter le chapeau aux responsables de l’AADL.

Wali d’Oran : « les responsables AADL sont en roue libre »

Le wali d’Oran a relevé que « dans le cadre de l’opération qu’il mène dans le quartier AADL (Ahmed Zabana de Misserghine), tous les responsables de la wilaya étaient présents et que le seul absent est l’AADL, qui n’est représenté ni par un directeur régional ni par un directeur local ».

« Ils sont tous faits du même bois », a tonné le Wali d’Oran avant d’asséner : l’AADL est une « entreprise défaillante sur tous les plans ». « C’est flagrant comme vous le voyez, notamment en ce qui concerne la gestion », a-t-il souligné.

Pour finir, le wali a adressé un appel aux responsables de l’AADL au niveau de la direction centrale. « Il faut qu’ils sachent que leurs représentants ici (dans la wilaya d’Oran) sont en roue libre, ils ne prêtent pas l’oreille à nos directives et ne nous témoignent pas de la moindre estime », a regretté le wali de la deuxième plus grande ville d’Algérie.

DG de l’AADL : « Les accusations du wali sont infondées »

Dans une réponse postée ce 24 mars, le DG de l’AADL a répondu au wali d’Oran. « Nous regrettons les déclarations faites par le wali d’Oran qui incluent des accusations directes contre le secteur du logement et contre l’AADL en ce qui concerne la gestion de réservoirs d’eau de certains logements dans la wilaya d’Oran », a-t-il indiqué.

La vidéo de l’AADL a promis dès le début de dévoiler « la vérité entière avec des documents officiels ». Le DG de cette agence étatique a assuré que « les accusations du wali d’Oran ne reposent sur aucune base juridique ni administrative et qu’elles étaient niées par le passé… ».

Riad Kamdani a expliqué que la gestion des sites AADL visités par le wali d’Oran n’est plus du ressort de son agence, et ce, suite à une décision judiciaire.

L’AADL n’est plus responsable de la gestion de ses sites suite à une décision judiciaire

Le DG de l’AADL a d’abord précisé que les réservoirs d’eau, au cœur des accusations du wali d’Oran, ont été officiellement livrés le 10 octobre 2021 à la Société de l’eau et de l’assainissement d’Oran (SEOR).

Le responsable a ajouté qu’en avril 2023, l’AADL a officiellement notifié le wali, le chef de la daïra de Boutlélis, ainsi que le maire de Misserghine, pour leur faire savoir qu’elle n’est plus responsable de la gestion de plusieurs services au niveau des sites AADL, notamment celle des réservoirs d’eau.

Concernant la raison de cet arrêt de la gestion des services, le DG de l’AADL explique qu’il découle d’une décision judiciaire finale qui permet aux habitants de certains bâtiments des sites AADL de ne plus payer certains frais destinés à financer plusieurs services de maintenance, notamment celle des réservoirs d’eau.

L’AADL a invité le wali à « prendre les mesures nécessaires »

Le DG de l’AADL a ensuite dévoilé une missive envoyée au wali d’Oran le 10 septembre 2024, où son Agence indique qu’elle a continué à gérer les réservoirs d’eau, bien que les habitants aient arrêté de payer les frais les concernant, et ce, pendant une période qui dépasse celle dictée par la décision judiciaire.

L’AADL, incapable de supporter les frais de ce service, a finalement demandé aux autorités compétentes de « prendre les mesures nécessaires » pour garantir l’entretien des réservoirs d’eau, annonçant ainsi qu’elle ne sera plus responsable de cette tâche.

« Nous assurons ainsi que l’AADL a fini de gérer ses logements à Misserghine et que ces bâtiments ont été pris en charge par les services de la commune », résume enfin le DG de l’AADL.

Riad Kamdani assure « qu’il croit que la coordination entre les différents secteurs de l’État est la seule voie et la plus efficace manière d’être au service du citoyen ».

Le DG de l’AADL appelle enfin « à s’éloigner des accusations gratuites qui nuisent à l’image des entreprises, qui remettent en question les compétences nationales et qui parasitent les efforts de l’État concernant le secteur du logement ».

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