Économie

Accord d’association : ce que reproche l’Algérie à l’Union européenne

L’Algérie a apporté une nouvelle preuve du déséquilibré abyssal de l’accord de l’association en faveur de l’Union européenne. Entrée en vigueur en 2005, cet accord a clairement profité aux pays de l’Union européenne selon des chiffres dévoilés par le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf dans sa réponse au député des Algériens de France Abdelouahab Yagoubi.

Le parlementaire a posé une question écrite au chef de la diplomatie algérienne sur le conflit commercial entre l’Algérie et l’Union européenne.

Ce conflit a éclaté vendredi 14 juin dernier après la décision de Bruxelles d’engager « une procédure de règlement des différends contre l’Algérie ».

Une mesure prise en représailles aux restrictions imposées par le gouvernement algérien sur les importations afin de préserver ses réserves de change, et réindustrialiser le pays.

Dans sa réponse publiée par le député, Ahmed Attaf précise que l’Union européenne « n’a pas pris de sanctions » contre l’Algérie, mais d’un « différend commercial ».

Algérie – UE : 1.000 milliards de dollars d’échanges commerciaux en 15 ans

L’Union européenne réclame « la levée de certaines mesures liées au commerce et aux investissements que notre pays a prises à partir de 2021 dans le cadre de la rationalisation des importations et de l’encouragement de l’utilisation d’intrants locaux dans la construction automobile », a expliqué Ahmed Attaf au député.

Le chef de la diplomatie algérienne ajoute dans la forme, la mesure de l’Union européenne est conforme à l’accord d’association. Pour lui, le problème se pose dans le fond qui suscite « des interrogations » pour trois raisons. Il cite :

·       « Les chiffres des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Union européenne et les évaluations des dommages utilisés comme prétexte par la Commission européenne pour justifier l’ouverture de cette procédure ne reflètent pas la réalité. Les mesures prises par l’Algérie n’ont pas affecté le volume de ces échanges dans le cadre du dispositif préférentiel de l’Accord d’association. Au contraire, il a enregistré une augmentation de plus de 20% en 2023 par rapport à 2022, et de 15% au premier trimestre 2024 par rapport à la même période de l’année 2023 ».

·       « L’évaluation de l’accord d’association entre l’Algérie et l’UE a montré d’importants déséquilibres et qu’il n’était pas en phase avec la situation actuelle de l’Algérie. La forme actuelle de l’accord consacre la poursuite du modèle basé sur les importations au détriment des investissements et de l’économie productive, ce qui a provoqué un déséquilibre des intérêts entre les deux parties ».

·       Le déficit chronique de la balance commerciale hors hydrocarbures qui caractérise cet accord depuis son entrée en vigueur en 2005. Alors que le volume des échanges commerciaux a atteint 1.000 milliards de dollars, le volume des investissements européens en Algérie n’a pas dépassé 13 milliards de dollars en majorité dans les hydrocarbures et en échange du transferts de 12 milliards de dollars de dividendes durant la période 2005-2020. »

Selon Ahmed Attaf, c’est ce « déséquilibre qui a poussé le président de la République à demander une révision de l’accord, article par article », avec une « vision souveraine » et selon le « principe gagnant-gagnant », tout en tenant compte de « l’intérêt des producteurs algériens pour créer un tissu industriel et des emplois ». « C’est cette révision que notre département est en train de mener avec d’autres départements ministériels », a ajouté le chef de la diplomatie algérienne.

Le ministre des Affaires étrangères rassure que le conflit commercial avec l’UE n’aura « aucune conséquence » financière sur l’Algérie. « L’accord d’association ne prévoit aucune conséquence », a-t-il écrit.

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