Un signe supplémentaire du déséquilibre du marché des viandes en Algérie. Les fabricants de saucisses (merguez) ont recours à la contrebande et l’importation illégale pour se fournir en boyaux que n’offre pas le marché national en quantités suffisantes.
Les douaniers du port de Skikda, à l’est du pays, ont opéré une saisie inhabituelle sur un navire de transport de voyageurs en provenance de Marseille (France).
Une importante quantité de boyaux a été découverte à bord du navire. Selon un responsable local des douanes, le Tassili II, en provenance de Marseille avec à bord 326 passagers et 282 véhicules, a été contrôlé par les services des douanes pendant 33 heures les 17, 18 et 19 décembre.
Les douaniers et les éléments de la police des frontières (PAF) ont découvert une importante quantité de marchandises que certains voyageurs ont tenté de faire entrer illégalement sur le marché national.
Ils ont procédé à la saisie de produits alimentaires, des médicaments, des compléments alimentaires, des appareils électroménagers, du matériel informatique, des téléphones portables, des pièces détachées neuves et usagées, des cigarettes et des boissons alcoolisées.
Si ce genre de saisies est habituel, les douaniers sont tombés sur une découverte insolite dans un véhicule à bord du navire : 10 quintaux de boyaux de boucherie emballés dans des sacs hermétiquement fermés. Ils sont destinés à la fabrication de merguez en Algérie. Les boyaux saisis constituent un danger pour la santé des consommateurs, a indiqué le responsable des Douanes.
Des boyaux de mouton importés en Algérie via le “cabas”
Cette découverte est symptomatique d’un déficit dans l’approvisionnement de la filière par les circuits légaux.
La production de merguez suit en principe l’abattage de moutons dans les abattoirs. Mais depuis quelque temps, la filière ovine ne fournit pas la totalité des besoins du marché en viande et l’État a ouvert l’importation.
La multiplication des fabricants de saucisses a créé un déséquilibre entre l’offre et la demande d’où le recours au commerce du “cabas” et l’importation illégale de boyaux d’origine inconnue et constituant un danger pour la santé publique.
“Normalement la production de merguez est proportionnelle à la viande mise en vente et à l’abattage de moutons. Mais la forte demande à fait en sorte qu’il y a recours à cette matière première d’origine inconnue, non contrôlée et pouvant toucher aux intérêts moraux du consommateur algérien”, explique Mustapha Zebdi, président de l’Association algérienne de protection du consommateur et de son environnement (Apoce). Ce dernier s’interroge notamment si ces boyaux sont halal ou non.
La saisie faite par les douaniers de Skikda illustre aussi le passage du commerce du “cabas”, jusque-là limité aux produits de consommation, vers l’importation des intrants. Cela se passe au moment où le gouvernement multiplie les mesures pour venir à bout de ce phénomène qui cause un énorme préjudice au Trésor public et à l’économie nationale.
La dernière mesure prise par les autorités dans ce sens est la limitation du plafond des devises que les voyageurs peuvent faire sortir du territoire national à 7500 euros par an, et non plus par voyage que cela était le cas avant le 21 novembre dernier, date de l’entrée en vigueur du nouveau règlement de la Banque d’Algérie.