Les vaches laitières américaines peuvent désormais être exportées vers l’Algérie. Un accord d’exportation d’un montant de 150 millions de dollars vient d’être annoncé par l’IVLP. Cet organisme américain promeut les échanges économiques entre professionnels.
C’est sous le titre « Excellente nouvelle pour les producteurs laitiers américains ! » que ce vendredi 14 mars, l’International Visitor Leadership Program (IVLP) ou Programme de leadership des visiteurs internationaux a délivré cette information. Il est question que « cet accord d’exportation de 150 millions de dollars démontre le potentiel des échanges IVLP pour soutenir la prospérité économique. »
En élevage bovin, les échanges d’un pays à l’autre peuvent prendre différentes formes. Cela peut être le cas avec le transport d’animaux vivants par voie maritime ou aérienne.
C’est le mode utilisé par le Qatar en 2017 pour importer les premières vaches laitières de la laiterie Baladna. Trente-six jours après le début de la rupture des relations économiques avec ses voisins, Baladna fait venir 165 vaches Holstein de Hongrie, par voie aérienne.
Elles viendront ensuite de différents pays du monde pour atteindre le nombre de 10.000. L’importation se poursuit aujourd’hui à plus petite échelle afin d’assurer un renouvellement de haut niveau.
Début mars, dans un article, Le Sillon Belge décrivait « le périple aérien des vaches Holstein » depuis le Danemark au Qatar en passant par Liège. Un aéroport reconnu « pour son expertise dans les transports des animaux ».
Des vaches Holstein danoises pour l’Algérie
Dans l’avion, 165 vaches Holstein embarquées. « Des Holstein issues de fermes spécialisées, toutes génotypées avec un taux de lactation extrêmement élevé », selon ce média belge. « Il y a le Qatar, cependant ce n’est pas le seul pays. Par exemple, nous allons également envoyer une importante quantité d’animaux vers l’Algérie », poursuit Le Sillon Belge.
L’autre moyen d’échanges concerne la semence de taureaux à haut potentiel et d’embryons. Dans ces deux derniers cas, il s’agit de matériel congelé contenu dans des paillettes en plastique maintenues dans de l’azote liquide. Un mode de conditionnement qui occupe moins d’un mètre cube et peut être transporté à moindre coût par voie aérienne.
De par un réseau de plus en plus dense de vétérinaires et techniciens d’élevage, l’Algérie dispose des moyens humains pour utiliser ce matériel biologique. C’est notamment le cas avec les structures dépendantes du Centre national d’insémination artificielle et d’amélioration génétique (Cniaag).
Algérie : premières naissances de veaux américains à Mila
Ce partenariat s’est concrétisé dès avril 2024. À l’occasion d’une visite à Mila au complexe agricole du groupe Boussouf, les services de l’ambassade des États-Unis à Alger ont publié une photo de l’ambassadrice, Elizabeth Moore Aubin, en train de tenir un biberon à un jeune veau. Un animal né après utilisation de semence d’un taureau d’élite américain.
À la mi-novembre 2024, l’ambassade a publié un communiqué de presse. Sous le titre « L’Algérie ouvre son marché aux vaches laitières américaines », le communiqué indiquait que « le département de l’Agriculture des États-Unis et le ministère algérien de l’Agriculture ont signé un accord historique autorisant l’importation de vaches laitières américaines en Algérie. »
Le communiqué précisait que « la génétique de pointe des vaches laitières américaines peut augmenter considérablement les rendements laitiers, ce qui est crucial pour répondre à la demande croissante de l’Algérie en matière de produits laitiers. »
L’ambassadrice s’était félicitée de l’accord. Avec, dans une main un verre de lait et dans l’autre, les feuilles de l’accord, l’ambassadrice avait ajouté : « Nous sommes fiers d’être un partenaire fiable et un fournisseur clé d’intrants agricoles de qualité pour l’Algérie ».
La première rencontre à Alger entre spécialistes des deux pays date de septembre 2023. Elle avait été organisée par l’ambassade des États-Unis en Algérie. Elle avait permis de réunir des spécialistes en élevage, dont ceux du Cniaag d’Alger.
À l’époque, l’ambassadrice des États-Unis en Algérie n’avait pas ménagé ses efforts en soulignant que « l’industrie génétique américaine est pionnière dans le partage de son savoir-faire dans le monde entier » et qu’elle est « exportée vers plus de 116 pays ».
Algérie – USA : un nouveau type de partenariat dans la production de lait
Ce partenariat ouvre une nouvelle approche pour l’amélioration de l’élevage bovin local traditionnellement tourné vers l’importation de génisses en provenance de France.
Depuis plusieurs années, les importateurs algériens sont reçus avec tous les égards au Sommet de l’Élevage de Clermont-Ferrand.
Un salon réunissant la filière bovine française et où un accueil VIP est spécialement prévu pour les visiteurs internationaux. En 2013, un importateur algérien présent sur ce salon déclarait à la chaîne de télévision locale enchaîner 14 rendez-vous. Déjà en 2012, 20.000 têtes de bétail ont été importées de l’Hexagone.
Selon des données du ministère français de l’Agriculture, « l’Algérie est notre 1ᵉʳ débouché pays tiers (hors UE) pour les animaux vivants et constitue un marché clé pour la filière. »
Après les céréales, « les animaux vivants représentent 13 % des exportations françaises vers l’Algérie en 2022 ». Des exportations françaises d’un montant de 1,33 milliard d’euros, selon la même source.
La technique de transfert d’embryons est largement maîtrisée par la filière bovine française. De nombreuses cliniques vétérinaires la pratiquent et elle est plébiscitée par les éleveurs français.
C’est le cas de cet éleveur du Pas-de-Calais qui déclarait en 2023 au média spécialisé Web-agri : « Je ne vends plus de viande, mais de la génétique ! »
La transplantation embryonnaire lui permet d’augmenter le nombre de veaux d’une vache à haut potentiel génétique. Il devient même possible de choisir le sexe de l’animal à naître.
L’agriculteur fait ainsi se reproduire les meilleures souches de son élevage. Il améliore ainsi la production de son troupeau tout en proposant des embryons à la vente. « La viande est presque un coproduit », plaisante l’agriculteur.
La génétique américaine au secours de l’élevage bovin en Algérie
Cependant, la filière bovine française ne semble avoir proposé à son homologue algérienne que la seule exportation de génisses sans jamais aborder les techniques modernes de la génétique bovine, à l’image du partenariat algéro-américain qui se dessine actuellement.
Dès 2021, l’Algérie, par le biais du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, a mis en place un programme afin d’encourager la réalisation de pépinières locales de génisses et réduire les importations.
À l’époque, le ministère de l’Agriculture avait assuré de l’accompagnement des services agricoles à travers « un système d’appui et d’accompagnement des pépinières de génisses » et de renforcement des opérations d’insémination artificielle.
Des orientations mises en œuvre par plusieurs professionnels, dont la Laiterie Soummam, Hodna-Lait ou la Coopsel de Sétif à travers leurs propres pépinières de génisses.
La génétique en provenance des USA pourrait permettre d’améliorer rapidement les performances des élevages laitiers locaux. À condition que la production de fourrage suive…
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