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Algérie : voici pourquoi les agrumes sont en abondance sur le marché

Algérie : voici pourquoi les agrumes sont en abondance sur le marché

Par Andrew_Flowers / Pixabay
Des oranges.

En Algérie, de nouvelles plantations d’agrumes ont permis d’atteindre une superficie de 70.000 hectares. Un record ! Une progression des surfaces qui rend ces produits plus accessibles bien que les prix des oranges aient atteint jusqu’à 400 DA le kilo en 2024, avant de repasser sous la barre des 100 dinars le kilo en ce début d’année 2025.

Pour le citron, son prix a considérablement baissé pour passer lui aussi sous le seuil des 100 dinars le kilo, une aubaine pour les Algériens qui achètent des quantités importantes pour les transformer en jus et les conserver dans les congélateurs pour les prochains mois où les prix de cet agrume vont certainement augmenter.

D’Alger à Béjaïa, en passant par Blida, les oranges et les citrons sont proposés partout à la vente en bordure des routes par des marchands ambulants, sur les marchés, alors que dans les vergers, les orangers sont bien chargés de fruits.

À Blida, un commerçant en tee-shirt témoigne en bordure d’un verger : « On achète la production d’oranges sur pied dans les vergers. Celle-ci nous a coûté 7 millions de DA, ce qui nous revient à 70 DA le kilo. Actuellement, le prix au détail est de 40 DA, ce qui nous occasionne des pertes ».

Il désigne un énorme tas d’oranges à même le sol et en saisit plusieurs : « Elles sont abîmées, certainement par le gel ». La vidéo est diffusée sur les réseaux sociaux. Dépité, le jeune commerçant ajoute : « Nous souhaitons que les pouvoirs publics prennent des mesures comme l’exportation ou la transformation des excédents ».

La production d’agrumes est en hausse en Algérie. En 2024, ce sont 18 millions de quintaux qui ont été produits, contre 16 millions en 2023, selon le président du Conseil interprofessionnel de la filière agrumes, Mohamed Nadji. À la production au Nord du pays, il faut tenir compte du dynamisme des wilayas du Sud comme à El Oued, El Menia ou Ouargla.

L’Algérie, un pays qui a vu la naissance de la clémentine, importait des mandarines et des oranges d’Espagne et du Maroc dans les années 2000. Désormais, elle peut exporter ses agrumes.

Signe d’un regain d’intérêt, la filière a organisé, en janvier 2023, la première édition d’un Salon national des agrumes. Un salon qui devrait à nouveau rassembler à Blida, dès la fin janvier, l’ensemble de la filière.

Agrumes en Algérie : la sécheresse bouleverse le calendrier

Pour Aziez Foued, le président du Conseil interprofessionnel de la filière pour la wilaya de Blida, il y a une baisse indéniable des prix. « Les prix ont considérablement chuté », confiait-il ces jours-ci au quotidien El Watan.

Ce professionnel prévoit « une production de 5 millions de quintaux à Blida » et donc une « offre qui dépasse largement la demande ».

Il note une « disponibilité de plusieurs agrumes au même moment. Par exemple, la clémentine, qui est censée être mise sur le marché à partir du mois de septembre, n’a été disponible que récemment » au moment de l’arrivée des premières variétés d’oranges. Une production « groupée » que Aziez Foued explique par « un retard causé par les aléas climatiques, dont la sécheresse ».

En 2017, le directeur général de l’Institut technique de l’arboriculture fruitière et de la vigne (ITAF) précisait la situation du verger agrumicole en Algérie.

Un verger concerné par le vieillissement avec notamment « trois classes d’âge : les plantations de 0 à 10 ans, celles entre 10 et 40 ans (la catégorie qui produit le maximum) et celles de 45 et 50 ans, qui représentent 12.000 hectares sur les 65.000 ha ».

Ces vieilles plantations ont fait progressivement l’objet d’un programme d’arrachage en vue d’un rajeunissement avec des variétés à maturité échelonnée.

Le renouveau des vergers d’agrumes a également été permis par des pépiniéristes privés, dont Garden (ACI) d’El Achour dans la wilaya d’Alger.

Modernisation de la culture des agrumes

En coordination avec l’ITAF et l’INRA de Corse, Garden utilise aujourd’hui de nouvelles variétés d’agrumes et de porte-greffe récemment introduits en Algérie.

Ces techniques nouvelles comme la plantation à haute densité avec 800 plants/ha contre 400 plants auparavant, l’irrigation par goutte-à-goutte et l’utilisation de variétés à haut rendement entrant en production dès la deuxième année ont attiré de nouveaux investisseurs tant à Mitidja que dans les wilayas de Mostaganem et de Mascara.

En octobre dernier, un ingénieur de Garden rendait visite à un agriculteur de la wilaya d’El Tarf qui a planté un verger de clémentines.

Âgés d’à peine deux ans, les arbres présentent déjà une belle taille et une partie des branches sont chargées de fruits.

Sur un sol parfaitement désherbé, des canalisations courent au pied des arbres et apportent l’eau à laquelle sont mélangés des engrais. Satisfait, l’agriculteur lance à l’intention de l’ingénieur : « Je vais vous passer une commande pour une extension de 12 hectares ».

En août dernier, le même ingénieur était dans un verger de Meftah (Blida) planté de clémentines. Des arbres âgés de 4 ans aux branches ployant sous le poids des fruits. Il indique qu’il s’agit d’une variété précoce et recommande de bien veiller à respecter le calendrier de récolte afin de ne pas saturer de fruits le marché.

Un manque d’eau

Le premier Salon consacré aux agrumes, qui a été organisé en janvier 2023 à Blida, a été placé sous le signe de la sensibilisation des agriculteurs à l’irrigation au goutte-à-goutte.

À cette occasion, l’agence APS a relevé que la spécialiste Nadjia Khemis de l’ITAF de Boufarik n’a pas manqué d’alerter sur le fait que l’« agrumiculture figure en tête de liste des filières agricoles les plus consommatrices d’eau » dans un contexte de sécheresse endémique en Algérie qui figure parmi les pays les plus touchés par les changements climatiques.

Des besoins compris entre 1.200 et 1.500 mm/an alors que la pluviométrie annuelle moyenne dans la Mitidja n’est que de 600 mm/an. Le déficit doit être comblé par l’utilisation de l’eau des nappes souterraines.

Une donnée, qui selon Nadjia Khemis, doit « inciter les investisseurs du domaine à s’orienter vers la technique du goutte-à-goutte pour remédier à la rareté des eaux pluviales de ces dernières années ».

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