L’image véhiculée autour de l’immigré algérien en France est le plus souvent négative. Il est désigné, à tort évidemment, comme plus enclin que les autres à avoir des démêlés avec la police ou encore à profiter indûment d’avantages sociaux : allocations familiales, chômage de longue durée, RSA…
Ce stéréotype a failli se retrouver jusque dans un livre scolaire destiné aux élèves de 10 ans. Une commande de 800.000 exemplaires du manuel a dû être annulée à l’initiative de la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne.
Il s’agit d’une bande dessinée revisitant le classique « La belle et la bête » réalisée par le dessinateur Jul qui a été choisi par le ministère français de l’Éducation pour l’opération annuelle intitulée « un livre pour les vacances ». Cette opération consiste à offrir un classique revisité de la littérature française à 800.000 élèves de CM2, l’équivalent de la 4ᵉ année scolaire en Algérie.
Mais après avoir pris connaissance de la teneur de la BD, Élisabeth Borne l’a jugée « inadaptée » pour des enfants de cet âge. Elle « n’est pas adaptée aux élèves de dix ans sans accompagnement pédagogique », a-t-elle fait savoir ce jeudi 20 mars sur CNews et Europe 1. Les 800.000 exemplaires n’ont pas été tirés et l’argent n’a pas été dépensé, a-t-elle précisé.
« Un père de famille qui arrive d’Algérie, qui doit commettre des fraudes… »
La ministre cite un passage de la BD qui motive son jugement sur cette « réécriture moderne » de « La belle et la bête ». « On a un père de famille qui arrive d’Algérie, qui doit commettre des fraudes, qui se fait contrôler par les policiers », dit-elle.
« Peut-être que dans un cadre avec des professeurs, on peut expliquer ce second degré. Mais c’est un livre qui a vocation à être lu en vacances, avec sa famille », explique-t-elle.
Le ministère l’avait signifié à l’auteur lundi dernier, dans une lettre ou d’autres griefs ont été retenus. « Les deux illustrations de l’ouvrage abordent des thématiques qui conviendraient à des élèves plus âgés, en fin de collège ou en début de lycée, telles que l’alcool, les réseaux sociaux, ou encore des réalités sociales complexes », avait écrit la directrice générale de l’enseignement scolaire.
Mais l’auteur Jul, de son vrai nom Julien Berjeaut, n’en est pas convaincu et dénonce une « censure » et une « décision politique ». « Le ‘grand remplacement’ des princesses blondes par des jeunes filles méditerranéennes serait-il la limite à ne pas franchir pour l’administration versaillaise du ministère ? », s’est-il interrogé.
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