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Allocation touristique en Algérie : faut-il instaurer une taxe de change ?

Allocation touristique en Algérie : faut-il instaurer une taxe de change ?

Par PHILIPPE DESMAZES | stock.adobe.com
Devises

L’Algérie est face à l’équation de gérer rationnellement les réserves de change tout en continuant à financer les importations et l’allocation touristique dont le montant sera sensiblement augmenté suite à la décision annoncée le 8 décembre dernier par le président de la République.

Pour résoudre cette équation complexe qui suscite le débat entre les experts, un opérateur économique algérien fait une proposition devant permettre de gérer économiquement les importations et l’allocation devises "sans tomber dans le piège de la gestion bureaucratique", source, selon lui, de blocage et d’effets secondaires néfastes.

S’agissant seulement d’une "réflexion libre et non engageante« , il souligne que sa proposition »reste tributaire des règles et règlements nationaux et internationaux".

Allocation touristique en Algérie : comment éviter que les devises se retrouvent sur le marché noir ?

Pour l’allocation touristique, il propose d’instaurer "un mécanisme d’ajustement du différentiel entre le taux de change officiel et celui pratiqué sur le marché parallèle".

Pour les flux sortants en devises, l’idée est d’instaurer une taxe interne de change (TIC) qui "rapprochera le prix d’acquisition auprès des banques de celui pratiqué sur le marché parallèle" de la devise.

En revanche, les flux entrants pourraient bénéficier d’un bonus au change (BAC) qui sera équivalent à la taxe de change. Le but étant d’encourager les particuliers et entreprises à "solliciter le circuit officiel des changes, réinjecter cette liquidité dans les réserves et remplacer les flux sortants, même partiellement".

Ainsi, la demande "non fondée" baissera systématiquement, les complications bureaucratiques disparaîtront et le secteur bancaire jouera son rôle, assure l’auteur de la proposition.

Le mécanisme, qui pourrait être placé sous l’autorité du Premier ministre, aura la charge de surveiller les fluctuations et de fixer les taux de la TIC et du BAC, chaque trimestre par décret.

À titre d’exemple, pour un taux de change officiel à 150 DZD pour un euro, la TIC sera de 60 %, soit 90 dinars. La monnaie européenne, dans le cadre de l’allocation touristique, coûtera donc 150+90 dinars pour un euro.

Le citoyen gagne "en clarté de procédure« et évitera »le système très complexe imaginé et qui sera mis en pratique prochainement sous la houlette de la banque d’Algérie".

La collecte de la taxe au profit de l’État se fera par les banques à travers la déclaration G50.

Devises : pour une taxe sur les flux sortants et un bonus sur les flux entrants

Concernant le bonus sur les flux entrants, les banques auront le droit de le réduire sur les G50 des montants de la TIC ou autres taxes, "étant donné que toutes choses s’équilibrent par ailleurs".

L’opérateur liste de nombreux avantages à tirer de ce système, dont la réduction du marché parallèle de la devise et de l’attrait du gain facile par le jeu de l’allocation touristique, la redirection des flux des devises des particuliers vers le circuit bancaire et la préparation du réajustement futur du taux de change et la convertibilité future du dinar.

Pour les entreprises importatrices de biens destinés à la revente en l’état, l’opérateur estime qu’au lieu de passer par Algex pour obtenir une licence, "l’accès au dinar convertible moyennant une TIC dissuasive aura plusieurs avantages".

Il évitera la surfacturation étant donné que le prix d’accès à la devise est équivalent, sinon plus cher que le marché parallèle, par l’effet des droits de douane et autres charges.

Importations : la régulation par les taxes

Cela permettra aussi d’agir sur la demande solvable par l’effet d’éviction du prix d’importation élevé, ce qui engendre une baisse de la demande interne. Par ailleurs, le renchérissement des prix des produits importés est de nature à encourager la production locale.

Avec, en sus, de nouvelles ressources financières pour le Trésor public à travers cette taxe. Tout en évitant "la gestion bureaucratique d’Algex« pour libérer les initiatives, ce système permet de maintenir »un accès à la devise à des conditions financières draconiennes".

L’auteur de la proposition assure que l’État à tout à gagner avec un tel mécanisme, soit une gestion plus fluide, une régulation par les taxes, de nouvelles ressources pour le budget de l’État, moins de surfacturation, et moins d’offre sur le marché parallèle de la devise, faute d’acheteurs potentiels.

L’opérateur exclut de ce mécanisme les produits de première nécessité comme le blé, le café, l’huile, le lait et les médicaments.

Tous les autres produits, y compris les voitures, l’électroménager et l’électronique peuvent passer sous ce régime, estime-t-il.

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