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Après l’Algérie, le Maroc achète moins de blé français

Après l’Algérie, le Maroc achète moins de blé français

Par-branex

La campagne de commercialisation à l’international des blés français commence mal. En cause, une petite récolte, la qualité moyenne du fait des pluies et d’acheteurs qui se tournent vers d’autres origines à l’image de l’Algérie et du Maroc, pourtant allié de la France. La filière française est fébrile.

Selon Reuters, l’Algérie qui est l’un des plus grands importateurs de céréales au monde, fait partie des trois facteurs, avec la baisse de la récolte et la concurrence russe, à l’origine des difficultés du blé français à l’export.

De tout temps, les pays du Maghreb ont constitué un marché de premier plan pour les céréales françaises. Au début des années 1990, les céréaliers livraient à leur coopérative du blé fourrager mélangé à des lots de blé panifiable.

Pour les coopératives et le négoce du bassin parisien, l’objectif était de réunir les quantités de blé nécessaires afin de remplir un train en partance pour le port de Rouen. Toutes ces cargaisons trouvaient preneurs sur le marché international et principalement vers le Maghreb. 

Progressivement, les coopératives ont relevé les critères de qualité afin d’éviter les abus de certains céréaliers peu regardant sur la qualité des blés qu’ils produisaient. Les pays acheteurs devenant plus exigeants, les silos français ont été équipés d’appareils de mesure instantanée du taux de protéines.

Aujourd’hui, même avec ces dispositions visant plus de qualité, le blé français a du mal à se placer à l’export.

Jusqu’au Maroc qui se détourne du blé français malgré la signature en avril 2024 de 8 accords agricoles avec la France, dont un portant spécifiquement sur les céréales.

Le deal blé français contre tomates marocaines noué ces dernières années au grand désespoir de la filière tomate française sacrifiée pour l’occasion n’est même plus respecté par les acheteurs marocains. Aussi, au Maroc dont la France a reconnu la souveraineté sur le Sahara occidental en juillet dernier, les achats de blé français ont diminué de moitié.

Blé français, un problème structurel

La cause avancée de ce désamour du côté marocain serait « des quantités insuffisantes » de blé français face aux besoins du Maroc.

Le directeur marocain de l’association des négociants en céréales déclare que la France « n’a pas les quantités nécessaires pour approvisionner notre marché », rapporte le site Zonebourse. Au Maroc, la presse fait état de besoins de l’ordre de 10 millions de tonnes de blé à importer.

Il est vrai que touché pour la sixième fois par la sécheresse, ce pays a vu sa récolte de céréales plonger à un peu plus de 3 millions de tonnes en 2024 contre 5,5 millions en 2023 et 10 millions en 2021.

Le Maroc pourrait ainsi importer davantage de blé russe que de blé français dans ce qui est qualifié de « changement brutal » selon Zone Bourse.

Le site Platts, établissait début décembre dernier un comparatif de prix concernant la tonne de blé : 234 dollars pour le blé russe, 247 dollars pour le blé français et 228 dollars pour le blé ukrainien qui retrouve de la compétitivité suite à la baisse du coût des assurances du transport maritime.

Côté français, l’organisme public France Agrimer espère que la demande marocaine évoluera positivement durant la campagne d’achat en cours du fait de cette nécessité « pour le Maroc d’acheter davantage » de blé cette année.

La demande à l’exportation peut évoluer rapidement et certains estiment que les ventes françaises pourraient encore atteindre l’objectif de 3 ,5 millions de tonnes de FranceAgriMer, avec le ralentissement des expéditions russes et ukrainiennes et la nécessité pour le Maroc d’acheter davantage.

Avec des exploitations d’une surface moyenne de 70 hectares contre 1.000 en Ukraine, la filière française ne peut rivaliser avec les coûts de production ukrainiens. Le problème est structurel.

France : une récolte de blé désastreuse en 2024

La mauvaise récolte française de 2024 se conjugue avec une baisse des achats de l’Algérie et d’une baisse de la demande chinoise. Ces derniers mois, la France n’a réalisé qu’un seul envoi vers l’Algérie mais aucun vers la Chine.

Une situation qui a de graves conséquences pour la filière céréale française : le risque de perdre des marchés. Une perte de parts de marché pour la France encore premier producteur de céréales de l’Union européenne mais en concurrence avec des producteurs plus compétitifs comme la Russie.

Pour les céréaliers français, c’est la double peine : non seulement ils vendent moins de blé, mais l’effet d’une moindre disponibilité de céréales provenant de France n’a pas produit, par effet de rareté, l’augmentation des prix habituellement observée dans de telles situations.

En cause, les bonnes récoltes réalisées ailleurs dans le monde, notamment en Russie. Les observateurs notent que « les producteurs ne parviennent pas à obtenir des prix plus élevés » et c’est là un revers pour la filière française qui espère des aides publiques alors que le déficit budgétaire français atteint des sommets.

Blé : la France perd sa place de principal fournisseur du Maghreb

Les exportateurs français ajustent leurs prévisions d’exportations. Et si FranceAgriMer table sur des expéditions de l’ordre de 3,5 millions de tonnes, celles-ci étaient de 10 millions la campagne précédente et de plus de 16 millions lors des trois précédentes. La baisse est sévère.

Zone Bourse considère qu’avec « un peu plus d’un million de tonnes expédiées au cours de la première moitié de la saison et un programme de chargement clairsemé pour janvier, certains sont plus pessimistes » et rapporte les déclarations d’un négociant : « Ce sera un miracle si nous atteignons les 3 millions de tonnes ».

Reste le commerce intra-Union européenne. Mais même à ce niveau, il faut compter avec la concurrence du blé ukrainien qui séduit les acheteurs espagnols du fait de prix plus compétitif que le blé d’origine France.

Une situation qui fait de la France un fournisseur de second rang au Maghreb.

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