Économie

Après le blé, un autre produit français phare menacé en Algérie

En France, dans le contexte de montée des tensions diplomatiques entre Paris et Alger, les inquiétudes des exportateurs quant à la fermeture du marché algérien sont de plus en plus palpables.

Après le blé français qui a perdu sa place en Algérie, les produits laitiers français risquent d’être frappés de plein fouet. 

De manière générale, les exportations agricoles et agroalimentaires françaises vers l’Algérie ont drastiquement baissé durant les deux dernières années, a indiqué en février dernier Thierry Pouch, chef économiste des Chambres d’agriculture françaises.

Concernant le marché des produits laitiers, notamment les fromages, les producteurs français redoutent la fermeture du marché algérien, au moment où ils craignent également d’être les prochaines victimes agroalimentaires des droits de douane supplémentaires annoncés par le président américain Donald Trump.

« La difficulté, c’est qu’on a d’autres marchés qui sont en train de se fermer, dont l’Algérie »

Selon les chiffres de la douane française, cités ce vendredi 14 mars par le journal Le Parisien, la France a exporté en 2024 pour 342 millions d’euros de produits laitiers vers les États-Unis. Les fromages en représentent deux tiers, soit environ 25.000 tonnes par an.

Selon François-Xavier Huard, PDG de la Fédération nationale française de l’industrie laitière (Fnil), les États-Unis sont « un marché stratégique, en croissance puisqu’il a doublé en dix ans ». Actuellement, les fromages et autres produits laitiers sont taxés à hauteur de 10 % pour entrer aux États-Unis.

Mais début mars, le président américain Donald Trump a annoncé qu’il comptait imposer des droits de douane supplémentaires sur les produits agricoles entrant aux États-Unis à compter du 2 avril, d’où les inquiétudes des producteurs français.

Mais ce n’est pas tout, puisque ces derniers sont également confrontés à des risques de fermetures d’autres marchés stratégiques, dont l’Algérie. « La difficulté, c’est qu’on a d’autres marchés qui se tendent ou qui sont en train de se fermer », affirme le PDG de la Fnil, François-Xavier Huard.

Produits laitiers français : quel l’impact de la perte du marché algérien ?

Dans le détail, il cite « la Chine qui représente 600 millions d’euros par an et l’Algérie pour quasiment 150-200 millions ». Avec les États-Unis, ces deux marchés représentent « environ un milliard d’euros en valeur sur les neuf milliards exportés par an ».

Et si la France arrive aujourd’hui à valoriser les 23 milliards de litres de lait français collectés, c’est parce qu’elle « exporte ». En cas de perte des marchés algérien et chinois, accompagnée d’une hausse des taxes douanières aux États-Unis, les produits laitiers français seront frappés de plein fouet.

Surtout que la baisse des exportations françaises des produits agricoles et agroalimentaires vers l’Algérie se confirme d’année en année, dans le contexte de la dégradation continue des relations diplomatiques entre les deux pays.

Cité par l’Opinion en février dernier, Thierry Pouch, chef économiste des Chambres d’agriculture françaises, a indiqué que le total des exportations agricoles de la France vers l’Algérie s’élevait à 1,3 milliard d’euros en 2022.

« Fin 2023, cette somme avait été divisée par deux, à 628 millions d’euros », a-t-il souligné, précisant que cette baisse s’est nettement accélérée en 2023. Pour 2024, les chiffres ne sont pas encore disponibles, mais il faut s’attendre à une nouvelle chute sévère, selon le même intervenant.

Algérie : le lait français va-t-il subir le même sort que le blé ?

Après le blé, le lait qui est un autre produit phare français risque de voir sa part de marché en Algérie se réduire drastiquement pour une deux raisons principales. La première est liée à la décision de l’Office algérien des céréales (OAIC), monopole public sur les importations de blé et d’orge, de diversifier davantage les fournisseurs du pays, en révisant son cahier des charges, ce qui a ouvert la voie du marché algérien aux blés de la Mer noir (russe et ukrainien).

La seconde raison est la décision de l’Algérie d’investir massivement dans la production locale des céréales, en attirant des investisseurs étrangers, dont le groupe italien BF qui vient de lancer un projet de culture de blé dur dans le sud algérien. Un investissement de 400 millions d’euros mené avec le Fonds national d’investissement (FNI), le bras financier de l’État algérien.

Pour le lait, l’Algérie a également décidé de réduire les importations en encourageant la production locale, avec notamment un projet avec le qatari Baladna pour créer une ferme de 270.000 vaches à Adrar pour 3,5 milliards de dollars, sans compter les différentes aides accordées aux éleveurs.

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