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Augmentation de l’allocation touristique : quel taux de change à appliquer ?

Augmentation de l’allocation touristique : quel taux de change à appliquer ?

Par Михаил Шорохов / Adobe Stock
Des billets d’euros

Depuis l’annonce de la décision du président Abdelmadjid Tebboune de l’augmenter, l’allocation touristique, qui est accordée une fois par an aux Algériens voyageant à l’étranger suscite des débats sur le montant adéquat, le taux de change à appliquer, comment va-t-elle coûter à l’État…

Réclamée et attendue depuis de nombreuses années, l’augmentation de l’allocation touristique en Algérie est sur le point d’être concrétisée. Elle a été officiellement ordonnée par le président de la République Abdelmadjid Tebboune en Conseil des ministres, dimanche 6 octobre. 

Le chef de l’État n’ayant pas précisé le montant ou la proportion de cette augmentation, indiquant seulement qu’elle sera « substantielle », les spécialistes tentent, à coup de simulations, de déterminer le montant raisonnable en prenant en compte les besoins des voyageurs algériens et l’incidence d’une telle mesure sur la trésorerie publique.

Actuellement, le montant alloué par voyageur et par an est équivalent à 15.000 dinars au taux officiel de change, soit environ 100 euros. Le taux de change de la Banque d’Algérie est de 145,68 dinars pour un euro.

Reda Ouanani, cadre à la Banque extérieure d’Algérie (BEA), estime dans une courte analyse publiée vendredi 11 octobre sur les réseaux sociaux, que le nouveau montant de l’allocation touristique devrait se situer entre 500 et 1.000 euros, rappelant que les cadres en mission à l’étranger ont déjà le droit un change de l’équivalent en devises de 22.000 dinars/jour, soit 150 euros/jour. 

En se basant sur la demande actuelle, le spécialiste estime qu’une allocation touristique de 1000 euros par voyageur devrait coûter un budget en devises de 4 milliards d’euros, soit le même que consacre actuellement l’Etat pour l’importation des matières premières.  Ce calcul signifie quatre millions de bénéficiaires adultes par an.

Quatre milliards d’euros, c’est une somme colossale mais Réda Ouanani soutient que « le financement d’un tel budget ne poserait théoriquement pas de problème », expliquant que ce montant pourrait être couvert par les transferts de fonds des expatriés, estimés actuellement à environ, 2 milliards d’euros par an.

C’est évidemment peu par rapport à ce que transfèrent les Tunisiens (2,7 milliards) et surtout les Marocains (12 milliards). Les expatriés algériens ont recours aux circuits parallèles pour transférer leur argent vers le pays. 

Algérie : « Une allocation touristique à 1000 euros, c’est 4 milliards d’euros par an »

Néanmoins, si l’augmentation substantielle de l’allocation touristique devait contribuer à faire tarir le marché parallèle de la devise en Algérie, de nombreux économistes estiment que l’une des premières conséquences serait la hausse immédiate des fonds de la diaspora transférés via les circuits légaux, donc comptabilisés dans la balance des paiements. 

Mais tout cela reste évidemment théorique et il faudra attendre les annonces officielles de la proportion de l’augmentation et des conditions de l’octroi de l’allocation touristique ainsi que leur incidence réelle sur le marché. 

En attendant, Réda Ouanani soulève une autre problématique : quel taux de change sera appliqué à l’allocation touristique augmentée ?

Aux yeux de la loi monétaire et bancaire, souligne-t-il, le taux de change du dinar algérien ne peut être multiple. Mais alors, s’interroge-t-il, est-il raisonnable d’appliquer le même taux subventionné et de mettre sur un même pied d’égalité le « besoin non essentiel » qu’est l’allocation touristique et l’importation des matières premières qui constituent un « besoin vital », sachant que les deux coûtent le même montant, soit 4 milliards d’euros ? 

Le spécialiste souligne que certains pays en développement ont institué, temporairement et avec l’aval du FMI, un double régime de change, un régime social pour les opérations courantes et un autre libéral pour les opérations de capital. 

Pour le cas de l’Algérie, Réda Ouanani s’interroge : « Quelle serait la solution à part tolérer le Square (Port Saïd) qui semble être une échappatoire pour un double taux de change ? ». 

D’autres voix se sont exprimées sur le montant idoine de l’allocation touristique que l’Algérie devrait adopter. Chabane Assad, analyste financier indépendant, a estimé qu’un montant de 700 € par individu/an « sera adéquat comme première étape », en faisant une simulation pour le séjour d’une semaine d’une famille moyenne en Tunisie, principale destination touristique des Algériens. 

Abdelouahab Yagoubi, député des Algériens de l’étranger, a lui estimé que pour « préserver la dignité de nos ressortissants », l’allocation touristique doit être fixée à pas moins de 3.600 euros. 

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