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Autosuffisance en blé dur en Algérie : la menace de la sécheresse plane

Autosuffisance en blé dur en Algérie : la menace de la sécheresse plane

Par Jenya Smyk / Adobe Stock
Semis de blé

Il fait chaud et beau depuis plus d’un mois en Algérie où la rareté des pluies fait planer une sérieuse  menace sur l’objectif d’atteindre l’autosuffisance en blé dur en 2025 alors que le gouvernement refuse de parler de sécheresse.

À Relizane, Abed déplace des kits d’aspersion sur son champ de blé. Il n’a pas plu depuis des semaines et il s’inquiète pour ses semis de blé. Dans plusieurs régions d’Algérie, les pluies sont rares et préoccupent les agriculteurs et les autorités d’autant plus que 2025 a été désignée comme l’année de l’autosuffisance en blé dur. Le président Abdelmadjid Tebboune a fixé comme objectif de ne plus importer ce produit de large consommation en 2025.

Abed, la soixante bien avancée est heureux de pouvoir irriguer, il confie à Ennahar TV : « C’est grâce à nos forages que cela est possible ». À ses côtés, Abdelkader ajoute : « la culture de blé nécessite de l’eau. On arrose tous les 4-5 jours. Au début on arrose durant 12 heures car le sol est chaud, puis les autres fois on diminue avec 7 à 8 heures ».

Cette irrigation d’appoint reste une pratique rare en Algérie. Il faut en effet disposer d’eau, puis quand on en dispose il est parfois plus rentable de cultiver des oignons ou des pommes de terre que des céréales.

Si Abed peut arroser son champ, c’est qu’il est l’heureux bénéficiaire d’un forage. Une autorisation délivrée par les services de l’hydraulique en fonction du niveau des nappes souterraines.

Les pluies du mois d’octobre ont favorisé les labours et les premiers semis, mais dans certaines wilayas du pays, la situation est toute autre.

Durant une grande partie du mois de novembre, les semis sont en retard et se déroulent dans la poussière soulevée au passage des semoirs sur le sol desséché. Quant aux semis déjà réalisés, la faiblesse des pluies risque de se traduire par des pertes à la levée.

Cette année, dans l’optique d’emblaver 3 millions d’hectares contre une moyenne de 1,8 millions les autres années, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, a insisté pour que les campagnes de préparation des semences et de labour-semis démarrent tôt.

Dès le mois d’août, il a donné des instructions afin que les opérations d’usinage des semences certifiées commencent dans les plus brefs délais dans le but d’en disposer 4,2 millions de quintaux.

En début de campagne les chefs de silos de certaines CCLS (Coopératives des céréales et légumes secs) déclaraient que les semences étaient disponibles et que le seul problème qui pouvait se poser concernait une tension pour certaines variétés.

Dans d’autres CCLS, les listes des agriculteurs convoqués pour venir retirer leur quota de semences se sont étirées jusqu’à fin novembre pour certains. Malgré le renforcement des capacités de tri et traitement des semences, ces opérations ont donc parfois pris du retard vue la forte demande.

Dès le début du mois d’octobre, Youcef Cherfa a effectué une visite dans la wilaya de Sétif et à cette occasion il a donné le coup d’envoi de la campagne labours-semailles.

Sécheresse en Algérie : le gouvernement rassure

Fin novembre, lors d’un entretien sur la chaîne Echourrouk, Abdelghani Benali le représentant du Conseil national de la filière céréales s’est exprimé sur le manque de pluie et le risque pour les agriculteurs de l’ouest algérien.

Des agriculteurs touchés les années précédentes par la sécheresse et qui ont bénéficié de ce fait d’un report pour rembourser leur crédit de campagne auprès des banques.

Face à l’irrégularité des pluies, il a notamment recommandé l’utilisation d’un rouleau après semis. Une telle opération, a-t-il expliqué, « permet de mieux recouvrir la semence ainsi que la germination rapide et avec un meilleur taux de levée ».

En effet, le contact entre le sol et les semences est alors amélioré ce qui leur permet de mieux capter l’humidité du sol, la germination s’en trouve améliorée.

Le représentant de la filière algérienne des céréales a également appelé à plus de relations avec la recherche universitaire.

À ce propos, la systémisation de la pratique du roulage après semis figure parmi les préconisations figurant dans le rapport de la commission universitaire de l’École nationale supérieure agricole (ENSA) qui a été chargée en 2023 de l’élaboration d’un plan d’action concernant les céréales. Cette technique est entrée dans les mœurs à l’étranger où les semoirs sont systématiquement équipés de roues plombeuses.

Abdelghani Benali a également fait remarquer que les tracteurs de 65 CV ne suffisent pas pour les travaux et suggère l’emploi de tracteurs de 200 CV, notamment dans le sud du pays.

Ces engins permettent de tirer des outils plus larges et augmenteraient la vitesse des chantiers de semis. De tels tracteurs peuvent également permettre de semer sans même labourer, les traditionnelles opérations culturales se font alors en un seul passage de tracteur.

Ces différentes préoccupations en vue d’améliorer la culture du blé illustre les nombreux défis posés aux agriculteurs : pluies irrégulières et surfaces importantes à semer en un laps de temps relativement court

La question de la vitesse de réalisation des chantiers de semis de céréales ne cesse d’animer les débats tant en Algérie qu’à travers le monde et notamment en Australie ou dans les grandes plaines américaines.

En Algérie, malgré l’augmentation du nombre de tracteurs, les opérations de semis accusent encore chaque année un retard préjudiciable au rendement final.

Il semble, qu’après les énormes efforts réalisés en matière de production de semences certifiées, les techniques de semis et les modèles de semoirs utilisés sont à adapter aux nouvelles conditions imposées par le dérèglement climatique.

Outre l’irrigation de complément, une prière de l’Istisqa a été observée dans les mosquées samedi dernier. Quant aux services météo, ils annoncent des pluies pour les prochains jours. Un haut responsable au ministre de l’Hydraulique a estimé samedi sur Echorouk TV qu’il était encore tôt pour parler de sécheresse. Il a expliqué que le taux de remplissage des barrages en Algérie était de 35 %.

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