Après le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau mardi, c’est son collègue des Affaires étrangères qui évoque publiquement ce mercredi l’arrestation en Algérie de Boualem Sansal. Jean-Noël Barrot juge la détention de l’écrivain franco-algérien “sans fondement” et inacceptable”.
Sansal a été arrêté le 16 septembre à l’aéroport d’Alger à son retour de France. Son avocat, François Zimeray, a fait savoir mardi 26 novembre que l’écrivain a été inculpé d’ “atteinte à l’intégrité du territoire national” et mis en détention provisoire à la prison de Koléa. Les autorités algériennes n’ont ni confirmé ni infirmé l’information.
Interrogé ce mercredi 27 novembre par France Info, le chef de la diplomatie française s’est dit “choqué et très ému par cette inculpation”. Jean-Noël Barrot a jugé que ”la détention d’un écrivain français sans fondement est tout simplement inacceptable”.
“Rien dans les activités de Boualem Sansal ne permet d’accréditer les accusations qui lui valent aujourd’hui d’être emprisonné”, a soutenu le ministre français des Affaires étrangères.
Sansal avait notamment soutenu début octobre dans un entretien avec le média d’extrême-droite Frontières que toute la partie ouest de l’Algérie appartient historiquement au Maroc et qu’elle a été rattachée à l’Algérie par le colonialisme français.
Selon Barrot, la situation de l’écrivain est “suivie avec beaucoup d’attention au plus haut sommet de l’État” français, assurant que “ les services de l’État sont pleinement mobilisés à Alger comme à Paris pour suivre sa situation et lui permettre d’accéder à la protection consulaire”.
Détention de Boualem Sansal en Algérie : la diplomatie française réagit
Boualem Sansal a acquis la nationalité française en 2024. Jusque-là, le gouvernement français s’est montré très prudent, évitant d’évoquer publiquement cette affaire.
Vendredi 22 novembre, l’AFP avait rapporté, citant l’entourage du président Emmanuel Macron, que celui-ci “est très préoccupé par la disparition” de Boualem Sansal et que “les services de l’Etat sont mobilisés pour clarifier sa situation”, ajoutant que “le président de la République exprime son attachement indéfectible à la liberté d’un grand écrivain et intellectuel”.
Mardi 26 novembre, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a été le premier membre du gouvernement à réagir officiellement à l’arrestation de Sansal en Algérie.
Retailleau a expliqué sur France Info le silence officiel français par la nécessité d’agir dans la discrétion, expliquant que “ce qui est important, ce n’est pas de donner de la voix, mais d’obtenir des résultats”.
Comme sur tous les sujets en lien avec l’Algérie, le gouvernement français subit une énorme pression de l’extrême-droite pour agir afin d’obtenir la libération de Boualem Sansal, dont l’arrestation survient dans un contexte de crise aiguë entre les deux pays.