Société

Boualem Sansal lourdement condamné en Algérie

Le tribunal de Dar el Beida (Alger) a rendu ce jeudi 27 mars son verdict dans le procès de Boualem Sansal. L’écrivain franco-algérien a été condamné à 5 ans de prison ferme et une amende de 500.000 dinars.

Boualem Sansal était présent dans la salle lors de l’annonce de la sentence, a constaté TSA. Sans sa chevelure, il avait l’air bien portant. L’écrivain proche de l’extrême-droite peut faire appel devant la Cour d’Alger.

Lors du procès qui s’est déroulé jeudi 20 mars, le parquet a requis 10 ans de prison ferme et une amende d’un million de dinars à son encontre.

Boualem Sansal est poursuivi notamment pour “atteinte à l’unité nationale, outrage à corps constitué, actes susceptibles de nuire à l’économie nationale et détention de vidéos susceptibles de porter atteinte à la sécurité du pays”.

Affaire Boualem Sansal, la genèse

Arrêté le 16 novembre dernier à l’aéroport d’Alger, Boualem Sansal a été placé sous mandat de dépôt. Avant son arrestation, Boualem Sansal avait commis un dérapage en affirmant le 2 octobre dernier dans un entretien au site d’extrême-droite Frontières qu’une partie du territoire marocain avait été tronquée par la France coloniale au profit de l’Algérie.

L’écrivain a repris ainsi à son compte les tenants de l’idéologie expansionniste marocaine qui affirment que le Maroc « s’étend de Saint-Louis au Sénégal jusqu’à Saidia, en passant par Béchar, Adrar, Tindouf et même la Mauriatanie », comme l’a dénoncé l’ancien ministre de l’Intérieur algérien Dahou Ould Kablia lors d’une conférence le 2 octobre 2021.

Quand Boualem Sansal s’aligne sur les thèses expansionnistes marocaines

Soit plus d’un mois après la décision de l’Algérie de rompre ses relations diplomatiques avec le royaume fin août 2021, suite à une « série d’actes hostiles » de ce dernier, notamment son soutien au MAK, un mouvement classé comme terroriste par le gouvernement algérien.

« Les problèmes avec le Maroc ont commencé en 1957. Tout est basé sur les ambitions territoriales » du Makhzen, a déclaré le président de l’association des anciens du MALG (ministère de l’armement et des liaisons générales pendant la Révolution), l’ancêtre des services secrets algériens.

 

L’arrestation de Boualem Sansal est survenue aussi en pleine crise diplomatique entre l’Algérie et la France déclenchée après l’annonce le 31 juillet dernier de la décision du président Emmanuel Macron de reconnaître la marocanité du Sahara occidental.

Cet alignement de Paris sur les thèses marocaines concernant ce conflit a provoqué la colère d’Alger qui a retiré, le même jour, son ambassadeur à Paris. Près de huit mois après, le poste est toujours vacant.

Déjà fraîche, l’arrestation de cet écrivain proche de l’extrême-droite, a aggravé la crise entre les deux pays. En France, la droite, l’extrême-droite ainsi que le gouvernement ont réagi avec virulence pour exiger sa libération. Le président Macron est allé jusqu’à dire le 6 janvier dernier que l’Algérie se « déshonore » en « empêchant un homme gravement malade de se soigner ».

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a annoncé dès sa nomination le 21 septembre à Place Beauvau, son intention d’entamer un bras de fer avec l’Algérie sur la question migratoire, en a fait une affaire personnelle. Il a multiplié les injonctions et les menaces pour réclamer la libération de son « ami » Boualem.

Son implication dans cette affaire a suscité des critiques en France. Le député LFI Manuel Bompard, lui a reproché mercredi 26 mars de l’instrumentaliser pour des considérations électorales. Bruno Retailleau est candidat à la présidence du parti Les Républicains (droite). Il vise l’union des droites en vue de la présidentielle de 2027.

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