Les soutiens en France de Boualem Sansal tentent une nouvelle approche qui risque de buter sur un énorme écueil juridique.
La présidente du comité de soutien à l’écrivain en France, Noëlle Lenoir, réclame désormais une « protection consulaire européenne » pour l’écrivain franco-algérien d’extrême droite.
Sauf que, aux yeux de la loi algérienne, Boualem Sansal est un Algérien et est poursuivi en tant que tel pour un fait délictuel, comme tout autre justiciable algérien.
L’auteur de « 2084, la fin du monde », a été arrêté à la mi-novembre dernier à l’aéroport d’Alger, à son retour de France.
En octobre, il avait tenu des propos attentatoires à l’intégrité du territoire national dans une interview accordée au média d’extrême-droite Frontières, soutenant notamment qu’une partie de l’Ouest de l’Algérie appartenait par le passé au Maroc. Son incarcération a déclenché une campagne d’attaques de l’extrême-droite française contre l’Algérie, aggravant la crise entre les deux pays.
Des rumeurs ont été aussi lancées, annonçant notamment que Sansal aurait entamé une grève de la faim et a arrêté de prendre ses médicaments ou encore qu’il aurait subi des pressions pour déconstituer son avocat « juif » François Zimeray. Des allégations démenties par le bâtonnier d’Alger Mohamed Baghdadi dans un entretien au journal El Watan mardi dernier.
Dans sa dernière sortie en date, Noëlle Lenoir, présidente du comité de soutien à Boualem Sansal en France, a laissé entendre que le comité cherche à impliquer l’Europe dans cette affaire.
Ses soutiens en France veulent une protection consulaire européenne pour Boualem Sansal
Lenoir a dévoilé dans une interview publiée dans l’édition de dimanche 2 mars du journal français La Tribune, que le comité, qui attend un rendez-vous avec le président Emmanuel Macron, veut comme « priorité » l’envoi d’une mission médicale internationale en Algérie pour s’enquérir de l’état de santé de l’écrivain et l’octroi à ce dernier d’une « protection consulaire européenne ». « Boualem Sansal est un citoyen européen et a droit à la protection consulaire européenne », dit-elle.
Pour la lui obtenir, le comité de soutien songe à un autre artifice : nommer Boualem Sansal comme ambassadeur à la francophonie.
« Vous avez en France une vingtaine d’ambassadeurs thématiques pour les droits de l’homme, la Méditerranée, la santé mondiale… Boualem Sansal devrait être nommé ambassadeur pour la Francophonie. Après son dernier livre ‘Le français, parlons-en !’, ce serait parfaitement justifié », plaide-t-elle.
Cette tentative d’impliquer l’Union européenne risque toutefois de buter sur l’écueil juridique de la nationalité du prévenu. Boualem Sansal est Algérien et sa citoyenneté française, qui est mise en avant par ses soutiens, ne lui a été octroyée que quelques semaines avant son arrestation. Il fait l’objet en Algérie d’une procédure pénale en tant que citoyen Algérien.
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