Au bord de la faillite il y a un peu plus de dix ans, la marque française d’électroménager Brandt est aujourd’hui de nouveau florissante. Le rachat de la marque par le groupe algérien Cevital en 2014 a permis de sauver les usines déjà fonctionnelles en France et d’en ouvrir une autre, gigantesque, en Algérie.
Les dirigeants et le personnel du site de production d’Orléans viennent de fêter les 100 ans de la marque, fondée en 1924 par Edgar Brandt. Le site s’étend sur 55 000 mètres carrés et emploie 350 personnes. Selon le journal Le Parisien, il produit chaque jour 500 tables à cuisson et 500 fours.
Depuis sa création, Brandt a changé de mains à plusieurs reprises. En 2014, son propriétaire espagnol Fagor avait fait faillite et la marque a été sauvée grâce aux capitaux de Cevital. Depuis, cette grande marque mondiale est algérienne et le groupe exploite trois autres marques : Vedette, De Dietrich et Sauter.
Sa reprise par le géant algérien de l’agroalimentaire s’inscrivait dans la politique de colocalisation prônée par un certain Arnaud Montebourg, alors ministre du redressement productif.
Montebourg a tenu à être présent pour les 100 ans de Brandt, dernière marque à faire encore du gros électroménager en France. “J’ai vu des sourires sur les visages des salariés. C’est une réussite, il faut donner de la valeur au made in France”, a-t-il dit.
Le concept de colocalisation consiste à répartir les activités d’un groupe pour apporter de la valeur à deux territoires simultanément. L’expérience de Cevital avec la marque française est un succès total.
Rachat de Brandt par Cevital : des usines sauvées, d’autres créées
En France, les deux usines du groupe à Orléans et à Vendôme ont été sauvées, ainsi que 1200 emplois. Le groupe affiche un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros et est en train de se développer en Italie, en Allemagne, dans les pays du Benelux, en Australie et au Canada. Son objectif est de “doubler le chiffre d’affaire à l’étranger d’ici trois ans”, selon le directeur général Daniele Degli Emili, cité par Le Parisien.
En Algérie, c’est une grosse success-story. Le groupe Cevital a ouvert un complexe à Sétif, d’une superficie de 95 000 m2, pour un investissement de 250 millions d’euros et une capacité de production pouvant atteindre 500 000 appareils par an (téléviseurs, lave-linge, cuisinières, climatiseurs…). Au lancement du site, Cevital escomptait la création à terme de 7600 emplois.
En janvier 2024, le groupe a ouvert une autre usine à Sétif, s’étendant sur 25 000 mètres carrés et dédiée à la production de lave-vaisselles (500 000 unités par an).
Les appareils Brandt sont produits en Algérie avec un taux d’intégration de 70% et le groupe a comme objectif de devenir le premier exportateur d’électroménager vers l’Europe et la région Mena.
Le cas Brandt est la preuve qu’un partenariat gagnant-gagnant entre la France et l’Algérie est possible. “Les projets que nous avons engagés ont produit leurs effets attendus. Les entreprises rachetées en France par des investisseurs algériens se sont développées, et ont permis la création d’usines et d’emplois en Algérie. Nous connaissons le succès des projets que Cevital a engagés en France. Les installations qu’il a implantées en Algérie ont été complémentaires des investissements qu’il a réalisés en France”, s’est félicité dans un entretien à TSA Arnaud Montebourg en août 2022, alors qu’il accompagnait le président Emmanuel Macron dans son voyage en Algérie.
“Cette alliance économique des deux rives a donné une force extraordinaire à ces entreprises. Ces projets de colocalisation doivent donc à mon sens se poursuivre et s’amplifier. Nous avons été pionniers, maintenant il faut que nous allions beaucoup plus loin et soyons encore plus volontaires”, avait-il souhaité.