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Bruneau Retailleau, ministre de l’Intérieur : les accords franco-algériens de 1968 en ligne de mire ?

Bruneau Retailleau, ministre de l’Intérieur : les accords franco-algériens de 1968 en ligne de mire ?

Par fatih / Adobe Stock
France - Algérie

Le Rassemblement national (RN) a été battu lors des dernières élections législatives françaises mais ses idées ne cessent de triompher en France. Bruno Retailleau, qui partage plusieurs convictions du parti d’extrême-droite, a été nommé ministre de l’Intérieur dans le nouveau gouvernement dirigé par Michel Barnier. Retailleau est connu pour ses positions dures sur l’immigration et hostiles à l’Algérie.

La composition du gouvernement de Michel Barnier a été dévoilée ce dimanche 22 septembre. Bruno Retailleau, président du groupe des Républicains au Sénat, est nommé ministre de l’Intérieur. Avant même l’annonce officielle, le RN applaudissait. « Il a des positions qui correspondent aux demandes des deux tiers des Français sur le sujet (de l’immigration) », a estimé sur BFMTV Jérôme Sainte-Marie, haut responsable du RN.

Sur la question de l’immigration, Retailleau a aussi les mêmes convictions que le Premier ministre désigné Michel Barnier. Ils sont tous les deux considérés comme des adeptes d’une ligne dure sur la question. 

Un ministre proche de l’extrême droite

Avant de rejoindre les Républicains au début des années 2010, Bruno Retailleau était avec le souverainiste d’extrême-droite Philippe de Villiers. Chez les LR, il est considéré comme le visage de l’aile la plus à droite sur des questions comme l’immigration. 

S’il est aujourd’hui accusé de « racisme », ce n’est pas pour rien. À plusieurs reprises, il a dérapé en tenant des propos qui ont suscité l’indignation. Lors des émeutes qui avaient suivi la mort du jeune Nahel en juin 2023, il avait évoqué une « régression vers les origines ethniques » dans les banlieues, appelant à une « reconquête régalienne de tous ces territoires perdus de la République Française ».

« Avec Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, c’est le lexique de l’extrême-droite qui arrive au gouvernement », a résumé le Huffpost. 

Bruno Retailleau : des positions dures sur l’immigration

En mai 2023, Eric Ciotti, président des Républicains, Olivier Merleix, président du groupe du parti à l’Assemblée nationale, et Bruno Retailleau ont mis un coup de pression sur le président Emmanuel à travers une interview publiée dans le Journal du Dimanche, réclamant une loi immigration plus dure et notamment la révocation de l’accord franco-algérien sur l’immigration de 1968. 

« Nous voulons permettre la tenue d’un référendum sur la politique migratoire », avait exigé Retailleau, proposant une batterie de mesures contre l’immigration et de « couper les pompes aspirantes ». « Nous assumons un bras de fer avec les pays qui n’acceptent pas de donner des laissez-passer consulaires pour récupérer leurs ressortissants. Tant au niveau des visas qu’au niveau de l’aide au développement », avait-il dit.

Un ministre hostile à tout rapprochement avec l’Algérie

Si le Rassemblement national se réjouit de la probable nomination de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, c’est aussi parce que l’homme partage la vision du parti extrémiste sur la question mémorielle et la relation avec l’Algérie. 

Au retour d’Emmanuel de sa visite en Algérie en août 2022, Retailleau avait publié une contribution dans le journal d’extrême-droite Valeurs Actuelles dans laquelle il a vilipendé l’initiative de « réconciliation des mémoires » du président français. 

« Rien de bon pour la France ne sortira de l’obsession mémorielle que nourrit Emmanuel Macron sur la guerre d’Algérie », avait-il écrit, accusant Macron de jouer « avec le feu mémoriel » et de prendre « le risque inconsidéré de propager la guerre civilisationnelle ». « Dans le contexte actuel, ce n’est même plus une faute, c’est une folie », a-t-il asséné. 

Accords de 1968 : vers un bras de fer avec l’Algérie

Comme les porte-voix du RN, Bruno Retailleau ne s’est pas empêché de faire l’amalgame entre la question mémorielle et celle de l’immigration, en rappelant l’épisode de la Marseillaise sifflée lors d’un match de football France – Algérie en 2001. 

Le 26 juin 2023, Bruno Retailleau a déposé au Sénat une proposition de résolution appelant à dénoncer les accords franco-algériens de 1968 sur l’immigration. « Le comportement de l’Algérie est aujourd’hui un obstacle à la nécessité d’arrêter l’immigration de masse vers la France ; il n’y a aucune raison que nous demeurions passifs face à un État aussi peu coopératif », écrit-il dans l’exposé des motifs.

Le Sénateur semble exclure toute discussion avec l’Algérie sur le sujet. « L’hypothèse d’une simple renégociation ne paraît pas aujourd’hui envisageable, compte tenu de la mauvaise volonté manifestée et réitérée par les autorités algériennes. C’est bien la dénonciation unilatérale de cet accord, par les autorités françaises, que nous préconisons », affirme-t-il.

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