La précampagne pour l’élection présidentielle du 18 avril prochain est lancée à vive allure. Depuis presque la convocation du corps électoral vendredi dernier, le siège du ministère de l’Intérieur, situé au Palais du Docteur Saâdane à Alger, reçoit des personnes, connues et moins connues, pour retirer les formulaires de signatures individuelles nécessaires au dossier de candidature à la présidentielle.
Les déclarations devant les caméras de la télévision de certains d’entre eux prêtent à sourire, font le buzz et suscitent les moqueries sur les réseaux sociaux. Niveau zéro de la politique ? En voici quelques exemples.
Nassira Azira s’est déplacée de Bouira. « Je n’ai pas de niveau, mais je me présente. Je veux aider le pays et les jeunes pour qu’ils travaillent et qu’ils mangent, assure-t-elle. Nos jeunes se perdent dans la rivière et dans la mer ».
Khalil Hamana est venu avec son épouse et ses deux filles retirer les documents. « Pour une fois, nous avons une famille qui se présente à l’élection présidentielle. Une famille algérienne sera à El Mouradia, vivra ce que les Algériens vivent », promet-il, tout simplement.
Ayache Hafaifa, commerçant à Bab El-Oued, est revenu à la charge, après avoir tenté « l’aventure » en 2009 et en 2014. « Parlez-moi d’El Mouradia, maintenant. Dans mon programme, l’Armée, les médias et la justice sont indépendants », lance-t-il aux journalistes. Il prétend n’avoir aucun concurrent. « Ils sont tous petits devant moi », affirme-t-il. Abderazak Makri, président du MSP, est, pour lui, le plus gros lièvre.
« Je suis un lion de la politique ! »
Abdelkader Missoum dit « Specifik », le remuant ex-député de Médéa, s’est présenté lui aussi au ministère de l’Intérieur pour retirer les formulaires de candidature à la présidentielle. « J’ai vu que des partis qui soutiennent le 5e mandat (pour Bouteflika). N’y a-t-il donc personne pour se présenter et faire le changement ? » s’interroge-t-il. Plus loin, il ajoute : « Depuis 1962, l’opposition n’a jamais gagné aux élections ».
Amar Chakar, journaliste, refuse d’être qualifié de lièvre, « arnab. » « Je dénonce ce qualificatif de lièvre. Je suis un lion de la politique ! Et ceux qui respectent la force de cet animal doivent me suivre, car l’avenir de l’Algérie intéresse tout le monde », pense-t-il.
Salim Khalfa du parti des Jeunes démocrates est venu avec un burnous souhaitant « le distribuer à tous les Algériens ».
Pour sa part, Amar Mustapha Moula entend se présenter à la présidentielle pour que l’Algérie « devienne mieux que l’Amérique ». « L’Algérie est le cœur du monde », tranche-t-il. Il annonce avoir « inventé » un avion.
« Des ailes en terre »
« Un avion naturel qui a des ailes en terre », précise-il, le ton sérieux. Impressionnant. On attend juste le vol inaugural.
Un autre candidat, apiculteur de métier, projette de dissoudre Air Algérie et la remplacer par Algeria Airways. « C’est déjà en anglais. La société aura une autre culture », dit-il.
« Le peuple est malade. Tout est malade en Algérie », crie Fouad Hassani, un autre candidat. Pour le député FLN Abdelhamid Si Afif, cette « bousculade » de candidats à la candidature à la magistrature suprême est « un signe de l’existence de la démocratie en Algérie ».
En attendant que des candidats plus sérieux s’expriment, le spectacle est assuré par ces drôles de postulants.