En pleine crise avec la France, l’Algérie a instruit les cadres et tous les fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères d’éviter de se déplacer dans ce pays. L’instruction a fait suite aux annonces faites par certains responsables français d’imposer des restrictions sur l’entrée en France des porteurs d’un passeport diplomatique algérien.
Il s’agit de l’un des « leviers » brandis de l’autre côté de la Méditerranée. L’Algérie et la France sont liées par des accords portant exemption réciproque du visa pour les porteurs d’un passeport diplomatique.
Dans le contexte de la crise en cours, la remise en cause de ces accords vient en tête des mesures proposées dans le cadre de la « riposte graduée » préconisée notamment par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Le 25 février dernier, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a annoncé « des mesures de restriction de circulation et d’accès au territoire national pour certains dignitaires algériens ».
Le lendemain, le gouvernement algérien a exprimé, via un communiqué officiel du ministère des Affaires étrangères, son étonnement quant à cette décision dont il n’a été nullement informé et qui « s’inscrit dans la longue liste des provocations, des intimidations et des menaces dirigées contre l’Algérie ».
« Toute mesure attentatoire à ses intérêts fera l’objet de mesures réciproques, strictes et immédiates », avait mis en garde le MAE.
Passeports diplomatiques : l’Algérie demande à ses diplomates d’éviter la France
Le gouvernement algérien a aussi fait savoir que, jusque-là, il a eu connaissance de deux cas seulement de refoulement par les autorités françaises de ressortissants algériens porteurs d’un tel document de voyage.
Le 1ᵉʳ mars, l’agence APS a fait état du refoulement d’un aéroport français de la femme de l’ambassadeur d’Algérie au Mali.
Une décision radicale sera alors prise par les autorités algériennes afin de couper l’herbe sous les pieds de ceux qui, en France, voyaient dans la levée de l’exemption du visa un levier efficace contre l’Algérie.
Le 13 mars, une note est adressée à l’ensemble des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, les exhortant, ainsi que les membres de leurs familles, d’annuler, « jusqu’à nouvel ordre », tous leurs déplacements programmés vers la France à des fins personnelles ou touristiques.
Dans la note émanant du Directeur général des ressources et qui a été partagée sur les réseaux sociaux, il est aussi demandé aux cadres et fonctionnaires du MAE d’éviter de transiter par les postes frontaliers français quand ils voyagent vers une autre destination, précisant qu’une « importance extrême » est accordée à la mise en œuvre de ces « mesures de précaution ».
Visas Schengen : les fonctionnaires algériens boudent la France
Outre la remise en cause des accords de 2007 et 2013 sur les passeports diplomatiques, plusieurs autres mesures sont envisagées côté français dans le cadre de ce que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau appelle « la riposte graduée » à l’égard de l’Algérie.
Le 18 mars, Le Figaro a révélé une quinzaine de mesures, « allant crescendo », auxquelles songerait le gouvernement français, dont la réduction du nombre de visas délivrés aux ressortissants algériens, la mise en place d’une liste de « persona non grata », le non-renouvellement de l’agrément de consuls, la suspension des activités des compagnies de transport algériennes…
Selon nos sources, le boycott de la France ne concerne pas uniquement les cadres du ministère des Affaires étrangères. Depuis quelques mois, les fonctionnaires algériens évitent de déposer des demandes de visas au niveau des consulats de France à Alger, et préfèrent solliciter la Belgique, l’Espagne ou l’Italie, avec lesquels l’Algérie entretient de bonnes relations diplomatiques, pour éviter d’essuyer un refus de la part de Paris.
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