Économie

CMA CGM : des tarifs exorbitants vers l’Algérie par rapport au Maroc et la Tunisie

La congestion des ports algériens a un prix. CMA CGM, un important armateur mondial, vient d’actualiser à la hausse ses tarifs sur les marchandises destinées à être débarquées en Algérie.

L’actualisation des tarifs du géant français des mers CMA CGM survient dans un contexte de congestion des infrastructures portuaires algériennes, notamment le port d’Alger, le plus important du pays.

Le 6 novembre, la société algérienne de transit, Transit Green Line, a fait état de plus d’une vingtaine de navires en rade au port d’Alger, attendant d’être déchargés.

Le transitaire a aussi partagé sur les réseaux sociaux une note du ministère des Transports rappelant aux représentants des armateurs l’obligation de dérouter les navires vers d’autres ports du pays en cas de congestion du port de destination initial.

Dix jours après, l’un des plus gros armateurs mondiaux, le français CMA CGM, a mis en ligne ses tarifs actualisés pour les pays du Maghreb. On constate une charge supplémentaire importante sur les conteneurs au départ de la France et à décharger en Algérie par rapport à ceux en partance pour le Maroc et la Tunisie, bien que la distance soit presque la même, les trois pays étant situés dans la même zone géographique.

Les nouveaux tarifs entrent en vigueur le 1er décembre prochain.

Fret maritime : CMA CGM dévoile ses tarifs pour l’Algérie, la Tunisie et le Maroc

Dans la catégorie roll plein (conteneur plein), le site de CMA CGM affiche 1102 euros l’unité vers l’Algérie, 462 euros vers la Tunisie et 596 euros vers le Maroc.

Le roll vide sera facturé à 694 euros l’unité vers l’Algérie contre seulement 307 et 395 euros pour la Tunisie et le Maroc respectivement. Pour les “autres unités roulantes”, les tarifs seront comme suit : 144, 53 et 59 euros vers l’Algérie, la Tunisie et le Maroc.

L’expédition de véhicules de tourisme et de minivans coûtera aussi plus cher vers l’Algérie (238 euros l’unité) que vers la Tunisie (178 euros) et le Maroc (204 euros).

C’est aussi le même décalage pour les breakbulk (marchandises générales qui doivent être transportées séparément parce qu’elles ne peuvent pas entrer dans des conteneurs intermodaux ou des camions standard) : 67 euros le mètre cube vers l’Algérie, 27 et 30 euros vers, respectivement, la Tunisie et le Maroc.

CMA CGM avait déjà envisagé d’appliquer une charge supplémentaire sur les marchandises en partance pour l’Algérie à partir du nord de l’Europe, fixée à 150 euros par conteneur de 20 pieds. La mesure, annoncée le 2 septembre dernier, a toutefois été annulée le 9 du même mois.

Ce problème de congestion des ports algériens est pris en main par les plus hautes autorités du pays. En Conseil des ministres le 2 juin dernier, le président de la République a donné une série d’instructions afin de remédier au problème.

Il avait notamment demandé au gouvernement de “concevoir une approche exhaustive pour une nouvelle stratégie de gestion portuaire” et de mettre en place “un mécanisme de coordination, en matière de gestion de la pression issue des délais d’attente en rade au niveau des ports, de manière à les réduire à une durée maximale de 24 H”.

Afin de réduire la pression sur le port d’Alger, le chef de l’État avait notamment instruit de rediriger “une partie du trafic maritime des navires de commerce vers tous les ports du pays”.

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