L’Algérie veut une meilleure maîtrise de ses finances en taillant dans les dépenses des fonctionnaires et des entreprises publiques. Si aucun objectif chiffré n’est chiffré, le gouvernement a décidé de s’attaquer aux trains de vie des administrations et des entreprises publiques.
De nouvelles instructions viennent d’être données par le ministère des Finances aux responsables des portefeuilles de programmes pour appliquer des mesures visant une utilisation efficace des ressources disponibles en évitant notamment les dépenses inutiles et le gaspillage dans le financement du fonctionnement des services de l’État à tous les niveaux.
Le ministère insiste sur la maîtrise et le contrôle des dépenses, des charges d’électricité, de téléphone ou de carburant, jusqu’aux grosses subventions accordées aux EPIC et aux entreprises publiques économiques.
Dans un contexte économique caractérisé par “une hausse constante des besoins exprimés”, la rationalisation des dépenses publiques constitue “une priorité stratégique pour garantir la pérennité des finances publiques et l’usage optimal des ressources publiques afin de répondre à ces besoins”, indique le ministère des Finances dans une note datée du 22 janvier 2025.
De ce fait, il est impératif d’adopter “des pratiques de gestion plus efficaces afin de lutter contre le gaspillage, améliorer la transparence et orienter les investissements en fonction des besoins réels et des priorités nationales”, lit-on dans la note, consultée par TSA.
Le document spécifie les mesures pratiques à prendre pour “plus de discipline budgétaire, préserver l’efficacité des politiques publiques et répondre aux besoins des citoyens”.
S’agissant des dépenses des personnels, “permanentes et difficiles à réduire”, le ministère des Finances a instruit de prendre des mesures à même de permettre “un usage optimal et plus économique de la ressource humaine”.
Au chapitre des dépenses de fonctionnement des services, il est demandé d’œuvrer à la réduction de la consommation d’électricité, gaz et eau en procédant au contrôle du niveau de consommation de l’énergie, à une meilleure rationalisation des crédits budgétaires et à une projection budgétaire réelle afin d’éviter les situations de factures impayées auprès des prestataires.
Limiter les abonnements à la presse
Le ministère insiste aussi sur l’application ferme de la réglementation sur les logements de fonction en veillant à ce que les charges et les factures soient réglées par les occupants et non par l’administration.
Les lignes téléphoniques, fixes ou mobiles, mises à la disposition des fonctionnaires, doivent être utilisées exclusivement pour les besoins du fonctionnement du service, a rappelé le ministère des Finances qui, en outre, a ordonné de limiter les abonnements à la presse écrite à 3 journaux et uniquement pour les hauts fonctionnaires et les services de communication.
Il est aussi préconisé de privilégier l’utilisation des nouvelles technologies de la communication et la signature électronique afin de réduire les besoins en fournitures de bureau et papier.
De même qu’il est demandé aux concernés de réduire les dépenses de rencontres et séminaires nationaux et internationaux en ayant recours aux espaces d’accueil relevant de l’administration ainsi qu’au Centre international des conférences (CIC), et ce conformément à une instruction émise en mai 2024 par le Premier ministre.
Voyager en classe économique pour les fonctionnaires
L’administration est en outre instruite de réduire les dépenses de carburant, de privilégier les moyens de transport collectifs et économiques et les sièges économiques dans les avions et de limiter les déplacements des fonctionnaires aux situations de stricte nécessité, tout en donnant la priorité à la visioconférence.
Quand le déplacement des agents de l’Etat est nécessaire, il est préconisé de recourir aux structures de l’administration pour leur hébergement.
Le ministre des Finances insiste aussi sur une exploitation rationnelle des parcs automobiles.
Autre instruction à l’adresse des responsables des portefeuilles de programmes, ne pas recourir, sauf autorisation expresse du Premier ministre, à la création d’établissements publics à caractère administratif, étant donné que ce type d’établissement est budgétivore.
Il est plutôt préconisé de regrouper les établissements ayant des missions similaires en un seul établissement. Dans ce sens, il est demandé de privilégier le redéploiement du surplus de personnel.
Les subventions accordées aux établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) et aux entreprises publiques économiques (EPE) sont aussi mises sous haute surveillance.
Le ministère des Finances a instruit d’accorder une importance particulière au volume de ces subventions et à leur usage.
S’agissant des EPIC, le ministère a indiqué qu’il ne faut en aucun cas destiner à des fins de politique salariale les subventions qui leur sont allouées pour l’exécution de leur mission de service public. Les primes de départ à la retraite des cadres des EPIC doivent aussi être plafonnées à des seuils “rationnels”.
Enfin, les responsables concernés sont invités à élaborer, en coordination avec le ministre des Finances, des feuilles de route afin d’améliorer le recouvrement des créances.