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Crise Algérie – France : ces voix divergentes françaises qui se démarquent

Crise Algérie – France : ces voix divergentes françaises qui se démarquent

Photo par Oleksii / Adobe Stock
Le drapeau de l'Algérie et de la France.

La France étale ses divisions sur la crise avec l’Algérie. Alors que la crise entre l’Algérie et la France a atteint « un seuil inquiétant », selon l’expression du ministre français de l’Intérieur, des voix de la raison se font entendre.

Plusieurs personnalités de la classe politique française se sont exprimées pour développer un autre discours qui tranche avec l’unanimisme anti-algérien de la droite et de l’extrême-droite. Ces deux courants poussent vers la rupture des relations avec l’Algérie.

« Évitons l’arrogance par oubli de l’histoire. Construisons par le respect. Et c’est une fille d’officier qui a fait la guerre d’Algérie qui vous le dit, et qui a transmis le respect du courage des Algériens », écrit sur X Ségolène Royal, plusieurs fois ministre de gauche et candidate à l’élection présidentielle de 2007.

L’ancienne candidate à la présidentielle de 2007 a partagé une séquence de son passage sur BFMTV où elle a rappelé les crimes du colonialisme et a plaidé pour des relations apaisées avec l’Algérie.

Ségolène Royal : « On a une dette morale à l’égard de l’Algérie »

« On a une dette morale à l’égard de l’Algérie, parce que la colonisation est un ensauvagement », a-t-elle dit, ajoutant qu’il faut revenir « à des relations diplomatiques respectueuses les uns des autres » et que « ce n’est pas à partir d’un seul cas qu’on doit stigmatiser la totalité d’un pays ».

Sabrina Sebaihi, députée écologiste d’origine algérienne, a dénoncé une « cabale méthodique » organisée par la droite et l’extrême droite contre l’Algérie.

 

« La cabale organisée méthodiquement par la droite et l’extrême droite contre l’Algérie et ses ressortissants depuis quelques jours est immonde. Voilà qu’ils seraient privilégiés par l’accord franco-algérien de 1968, qu’ils viendraient voler notre pain, qu’ils seraient tous délinquants. Visiblement, le colonialisme a la vie dure, comme les clichés racistes et xénophobes », a écrit la députée ce dimanche sur X, avec en appui son intervention sur l’accord de 1968 à l’Assemblée nationale.

Catherine Tricot, directrice de la revue Regards, retourne l’accusation d’ « escalade » et de « provocation » contre ceux qui la profèrent, ciblant nommément le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui est en première ligne dans la gestion de la crise avec l’Algérie.


« Je pense que Bruno Retailleau connaît bien la question des OQTF, donc là, je ne sais pas à quoi il a joué. La question des OQTF est une question compliquée, on n’expédie pas les gens vers un pays sans avoir un accord du pays vers lequel la personne est expédiée », a-t-elle estimé sur France Info à propos de l’influenceur expulsé de France et renvoyé par l’Algérie.

« Les relations avec l’Algérie, c’est une chose très importante, il y a près d’un quart des Français qui ont des relations avec l’Algérie, ça ne peut pas être une question parmi d’autres », a rappelé la journaliste. Pour elle, les dirigeants français actuels font du tort à la place de leur pays dans le monde.

France : Bruno Retailleau accusé de provocation et d’organiser l’escalade avec l’Algérie

La France qui a « reculé énormément dans sa place en Algérie » au profit de pays comme les États-Unis et l’Italie, « ferait bien de se calmer un tout petit peu et de considérer ses relations avec le monde ».

« Je ne sais pas pour qui on se prend. Il faut considérer avec un peu plus d’attention et de respect le reste du monde et arrêter d’imaginer qu’on va y aller en montrant nos biceps et en tapant du poing sur la table », assène Catherine Tricot qui considère que la France ne dégrade pas ses relations seulement avec l’Algérie, mais avec de nombreux pays africains. « Ce qui est en train de se passer est désastreux », résume-t-elle.

Benjamin Lucas, député écologiste, abonde dans le même sens et accuse, lui aussi, Bruno Retailleau d’ « organiser l’escalade » avec l’Algérie.

« Il sait pertinemment que les OQTF ne pouvaient pas s’appliquer parce qu’il faut que la porte d’arrivée dans ce pays soit ouverte, alors qu’il sait que cette porte sera fermée. Il a fait le choix délibéré de l’escalade parce qu’il poursuit un agenda idéologique depuis longtemps qui est la remise en cause de l’accord de 1968 avec l’Algérie », a expliqué le parlementaire, également sur France Info.

« Je souhaite la désescalade avec l’Algérie. Beaucoup de nos compatriotes vivent ces tensions comme une meurtrissure », a-t-il plaidé, soulignant lui aussi que « la parole de la France perd de sa crédibilité dans le monde, par la faute d’Emmanuel Macron ».

« Je ne vois pas en quoi l’Algérie humilie la France ! Il n’y a plus de diplomatie entre la France et l’Algérie. Les liens sont totalement rompus », a pour sa part réagi Karima Khatim, élue locale de La France Insoumise (LFI) et présidente de l’association Amitié franco-algérienne (AFA).

Lors d’un débat houleux sur CNews, l’élue a dénoncé l’acharnement de l’extrême-droite contre l’Algérie. « On essaye de fracturer la population algérienne en France. Je ne laisserai pas faire. On met tout sur le dos de l’Algérie. On fait de la chasse aux Algériens. L’Algérie matin, midi et soir », a-t-elle tonné.


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