Politique

Crise Algérie – France : les prémices d’une désescalade

Plusieurs éléments laissent penser que la crise entre l’Algérie et la France se dirige vers le dénouement. Après plus de six mois de brouille sans précédent, les deux pays semblent disposés à reprendre langue.

Dimanche 2 février, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a affiché dans le journal français L’Opinion la disposition de l’Algérie à reprendre le dialogue avec Paris sur plusieurs sujets, exigeant toutefois des déclarations « fortes » de son homologue français.

Des propos qui vont dans le bon sens, estime l’ancien Premier ministre français, Dominique De Villepin, dans un entretien avec la chaîne algérienne AL24 News, diffusé dimanche 9 février. Paris a pris « bonne note » des déclarations du président algérien, assure de son côté une source diplomatique au journal l’Opinion.

« J’ai lu attentivement l’interview du président Tebboune. Je vois qu’il y a des mouvements, et je voudrais dire qu’ils vont dans le bon sens », explique De Villepin.

L’ancien chef de la diplomatie française assure, sur la base de ses « rencontres avec de nombreux responsables en France, que ce soit dans les milieux politiques ou économiques », qu’il y a « une grande attente (à Paris) et un grand espoir de parvenir à des solutions ».

« Il y a une grande attente à Paris »

« Je sais que chaque partie est prête à faire sa part, et nous sommes tous prêts à travailler pour surmonter les divergences actuelles et rouvrir les canaux de dialogue et de coopération », a-t-il insisté, tout en précisant qu’il ne se présente pas personnellement en « médiateur ».

L’optimisme de Dominique De Villepin est conforté par d’autres révélations faites, ce lundi 10 février, par le journal l’Opinion.

C’est le vœu des présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron que les tensions entre Alger et Paris retombent et les premiers contacts ont débuté, assure le journal français qui précise que « les moyens de la désescalade restent encore à définir ».

Alger – Paris : disponibilité de part et d’autre à reprendre le dialogue ?

« Notre position est claire et nous ne voulons rentrer dans aucune polémique. Nous voulons avoir une relation aussi sereine que possible avec l’Algérie », déclare une source diplomatique française à L’Opinion.

La même source assure qu’il y a chez les autorités françaises « un programme d’action et une disponibilité de continuer à travailler sur la question de la mémoire, la politique africaine, les investissements d’avenir, engager des programmes ambitieux pour les générations futures… ».

La France est surtout désireuse de « reprendre travail sur la circulation des personnes pour reprendre le contrôle sur une base négociée et de confiance ». « Nous avons bon espoir d’y parvenir », assure la même source.

Selon le même journal, l’objectif de Paris est de dépassionner les choses pour rester dans la voie tracée par la Déclaration d’Alger, signée en août 2022 à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron en Algérie.

Côté français, l’un des obstacles à surmonter est la profonde divergence au sein même du gouvernement par rapport à la crise avec l’Algérie. Une question qui ne relève pas que de la diplomatie, mais aussi de la politique intérieure.

France : divergences sur la gestion de la crise avec l’Algérie

Si le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot est partisan de la discussion au même titre que l’Élysée, son collègue de l’intérieur Bruno Retailleau n’a jamais caché sa volonté d’imposer un bras de fer à l’Algérie.

Retailleau est d’ailleurs cité à plusieurs reprises par les officiels algériens, dont le président Tebboune, comme un élément de blocage.

Le ministre de l’Intérieur développe depuis son entrée en fonction en septembre dernier un discours d’extrême-droite pour ce qui est de la relation avec l’Algérie, réclamant par exemple avec insistance la révocation pure et simple de l’accord de 1968 sur l’immigration.

Malgré plusieurs recadrages publics du chef de la diplomatie, Retailleau a continué à s’exprimer sur cette question de la relation avec l’Algérie, élargissant à chaque fois le fossé entre les deux pays.

« Tout ce qui est ‘’Retailleau’ est douteux compte tenu de ses déclarations hostiles et incendiaires envers notre pays », a dit Tebboune dans son dernier entretien au journal français L’Opinion. « Personnellement, je distingue la majorité des Français de la minorité de ses forces rétrogrades et je n’insulterai jamais votre pays », a-t-il toutefois précisé.

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