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Crise Algérie-Mali : Bamako fait un pas vers l’apaisement

Crise Algérie-Mali : Bamako fait un pas vers l’apaisement

Par luzitanija / Adobe Stock
Le drapeau de l'Algérie et du Mali.

En proie à des tensions depuis 2023, les relations algéro-maliennes amorcent-elles un début d’apaisement ? S’il faut se garder de tirer des conclusions hâtives, tout porte à le croire au regard des propos tenus à l’égard de l’Algérie par le nouvel ambassadeur malien désigné à Alger.

Nouveau diplomate, nouvelle rhétorique. Désigné pour représenter son pays en Algérie, Mohamed Amaga Dolo, qui a été reçu le 20 février par Assimi Goïta, président de la transition et chef de l’État malien, a tenu des propos lénifiants à l’égard de l’Algérie.

Des propos qui tranchent singulièrement avec la rhétorique agressive des responsables maliens depuis quelques mois.

Nouvel ambassadeur malien à Alger : « L’Algérie est un pays ami »

« L’Algérie est un pays frère, un pays ami, et un pays avec lequel on a beaucoup de liens, des liens géographiques, des liens historiques, des liens séculaires et des liens économiques », a-t-il dit à l’issue de l’audience que lui a accordée le chef de l’État malien, selon les médias locaux.

« Je sors très réconforté de l’audience avec des orientations du président de la transition, dans le cadre de la relance et du renforcement des relations de la coopération entre le Mali et l’Algérie, tout en respectant les trois principes constitutionnels, qui guident désormais l’action publique au Mali. Avec les orientations que je viens de recevoir de la part du Général d’armée Assimi Goïta, président de la transition et chef de l’État, me permettront de bien conduire ma mission autant qu’ambassadeur du Mali, le niveau du potentiel est extraordinaire en Algérie », a-t-il ajouté.

Cette nomination d’un homme clé de l’appareil sécuritaire malien, -Mohamed Amaga Dolo était le chef d’État-major de Assimi Goïta- comme présenté par les médias locaux, survient dans un climat tendu entre les deux capitales.

Elle s’apparente à une volonté des autorités maliennes de renouer le dialogue avec leur voisin du Nord et de renforcer la coopération entre les deux pays.

Elle préfigure d’une intention de tourner la page de plusieurs mois de turbulences diplomatiques sans précédent entre les deux pays qui ont pourtant une longue histoire en partage et de liens, notamment humains et historiques, puissants.

Alors qu’elles étaient exemplaires, les relations entre les deux pays se sont brusquement dégradées, peu après la réception en grandes pompes par Alger de l’imam Mahmoud Dicko, bête noire de la junte au pouvoir à Bamako, en décembre 2023, quelques semaines après une offensive de l’armée malienne, appuyée par les mercenaires russes de Wagner, dans la région de Kidal au Nord du Mali.

Perçu comme un geste « hostile », « inamical » et « d’ingérence », Bamako décide de rappeler son ambassadeur avant de décréter quelques jours plus tard l’annulation des accords de paix d’Alger signés en 2015.

Depuis, la tension s’exacerbe entre les deux pays et les responsables maliens, appuyés en sous-main par le Maroc, ne ratent aucune occasion pour s’attaquer à leur voisin du Nord.

Cette hostilité atteint son paroxysme en septembre dernier lorsque le porte-parole de la junte militaire s’en prend à Amar Bendjama, représentant de l’Algérie à l’ONU et Ahmed Attaf, ministre des Affaires étrangères, et accusant l’Algérie de couvrir des « groupes terroristes ».

Des accusations en représailles aux critiques algériennes formulées quelques semaines plus tôt sur des opérations menées par l’armée malienne par le biais de drones sur des populations civiles à Tin Zaouatine, près de la frontière algérienne.

Alger, qui avait déjà rejeté la présence des milices russes près de sa frontière et l’avait fait savoir à Moscou, a appelé les instances onusiennes à « mettre un terme aux violations des armées privées utilisées par certains pays ».

« Ceux qui ont appuyé sur le bouton », avait affirmé Amar Bendjama « n’ont de comptes à rendre à aucune partie. ».

Il avait réclamé à l’ONU des sanctions contre les auteurs de ces exactions. « En Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale, nous essayons de trouver une formule concernant ces agissements et les sanctions qui en découleraient », avait déclaré le diplomate algérien.

Refusant de se laisser entraîner dans une rhétorique belliqueuse, Alger, face aux accusations de Bamako, a adopté un ton mesuré, mais ferme, réitérant son attachement à ses principes doctrinaires de sa politique étrangère : respect de la souveraineté de l’État Malien et soutien à une solution politique et à la promotion de la réconciliation entre les « frères maliens ».

« Il n’y a pas de solution militaire »

« Il n’y a pas de solution militaire. Ce n’est pas une solution », a répété en décembre dernier, à propos de la crise malienne, Ahmed Attaf en dressant le bilan de l’activité diplomatique de l’Algérie.

Dans un contexte de chamboulement géostratégique, avec notamment le retour de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis et la perspective de la fin de la guerre en Ukraine, les nouvelles autorités maliennes semblent s’être rendues à l’évidence que la paix et la stabilité dans leur pays ne peuvent faire l’économie d’une relation apaisée avec l’Algérie dont une brillante diplomate est désormais vice-présidente de la Commission de l’Union africaine.

Elles ont probablement pris la mesure du défi sécuritaire, notamment la lutte contre le terrorisme, qui leur impose de collaborer avec un pays dont l’expérience de lutte fait école.

Par bien des aspects, la nomination de Mohamed Amaga Dolo semble participer d’une approche pragmatique, loin des surenchères politiques inspirées par des entités étrangères, comme le Maroc qui leur a fait miroiter un chimérique projet d’accès à l’Atlantique.

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