Le premier ministre François Bayrou est le troisième haut responsable français à s’exprimer quelques heures après le rejet lundi en fin de journée par l’Algérie de la liste de ressortissants algériens expulsables du territoire français.
Après les ministres de l’Intérieur et de la Justice, Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, qui ont prôné la “riposte graduée”, François Bayrou a tenté de calmer le jeu avec Alger, mettant en avant le besoin de coopération entre les deux pays.
Lundi, l’Algérie avait signifié une fin de non-recevoir à la liste précédemment annoncée par Bruno Retailleau.
Crise Algérie – France : Retailleau et Darmanin prônent un durcissement, Bayrou calme le jeu
Immédiatement après, le premier flic de France a annoncé dans les médias et sur les réseaux sociaux que la “riposte graduée” contre l’Algérie sera déclenchée. Comme première mesure, il a proposé la suppression de l’accord de 2007 qui exempt de visa les détenteurs des passeports diplomatiques algériens et français.
Ce mardi matin, Gérard Darmanin a été plus explicite sur TF1, préconisant le rappel de l’ambassadeur de France en Algérie, la suspension des passeports diplomatiques et d’aller jusqu’à la révocation de l’accord de 1968 sur l’immigration.
Contrairement à ses ministres de l’Intérieur et de la Justice, le Premier ministre ne s’est pas exprimé publiquement sur la réponse de l’Algérie. François Bayrou a évoqué le sujet au cours d’un petit-déjeuner ce mardi matin avec des élus du Socle commun (les partis qui soutiennent le gouvernement).
François Bayrou souligne “le besoin de coopération” de la France et de l’Algérie
Des participants ont confié à BFMTV que François Bayrou “en appelle à la fermeté face au gouvernement algérien mais pas à la fermeture du dialogue car les deux parties ont besoin de coopération ».
Selon la même source, le Premier ministre français aurait confirmé que la suspension de l’exemption de visa pour les porteurs de passeports diplomatiques « est bien sur la table », mais il n’a pas fait état de l’éventualité de révoquer les accords de 1968, une menace qu’il avait lui-même brandie le 26 février si l’Algérie n’acceptait pas dans “un mois à six semaines” une liste de personnes à expulser.
Passeports diplomatiques : Bayrou calme les ardeurs de Retailleau
« Le Premier ministre appelle au respect du temps diplomatique », assure un élu qui a pris part au petit-déjeuner. François Bayrou semble s’inscrire dans la logique du président Emmanuel Macron qui s’est déjà prononcé pour la désescalade, plutôt que dans celle de Bruno Retailleau.
Après près de deux mois de silence sur le dossier Algérie, Emmanuel Macron s’est exprimé le 28 février à partir du Portugal, appelant à “réengager un travail de fond avec l’Algérie” et disant son refus de voir la relation bilatérale faire l’objet de “jeux politiques”.
Pour les observateurs, la pique était destinée à Bruno Retailleau que d’aucuns soupçonnent d’utiliser la crise avec l’Algérie au service de son agenda politique. Le président français a enfoncé le clou trois jours plus tard, lundi 3 mars, en signifiant dans Le Figaro que “l’accord de 1968, c’est le président de la République”.