Politique

Crise France – Algérie : la grosse artillerie contre la diaspora algérienne

L’extrême-droite française franchit chaque jour un pas supplémentaire dans sa campagne anti-algérienne alors que la crise entre l’Algérie et la France a atteint un seuil critique.

Articles, désinformation, reportages, grands dossiers : certains médias français qui d’habitude se contentent de critiquer le pouvoir algérien, ont sorti la grosse artillerie pour s’attaquer à tout ce qui est Algérien. La diaspora algérienne en France est particulièrement ciblée.

La dernière trouvaille est un sondage commandé par des médias de la même sphère, dans lequel il a été demandé aux Français leur avis sur l’immigration algérienne et marocaine. A la stigmatisation, j’ajoute la division, désormais assumée au grand jour. 

Pour les observateurs, l’agitation en cours de l’extrême-droite et de la droite dure ne doit rien aux sujets de discorde du moment entre les deux pays, comme l’arrestation en Algérie de l’écrivain Boualem Sansal, l’interpellation en France d’influenceurs algériens appelant à la violence ou encore la nouvelle position française sur le Sahara occidental.

Tous ces sujets ne sont qu’un prétexte supplémentaire pour un courant politique qui pousse à la rupture avec l’Algérie depuis plusieurs années et qui s’attaque sans retenue à la diaspora algérienne.

Opposer les Algériens aux Marocains

Le sondage en question a été réalisé par l’institut IFOP pour un média ouvertement complotiste et pro extrême-droite, Sud Radio.

 “L’Algérie est de loin le pays du Maghreb qui suscite le plus de rejet dans l’opinion publique français”, se réjouit le Journal du Dimanche, qui a rejoint lui aussi la galaxie des médias d’extrême droite de l’homme d’affaires Vincent Bolloré.

Selon ce sondage, les Français qui ont une image négative des Algériens sont deux fois plus nombreux (71%) que leurs compatriotes qui ne voient pas d’un bon œil les Marocains (32%). En outre, 40% des sondés ont répondu qu’ils ont une image négative des Tunisiens.

Les Algériens sont donc les plus rejetés en France parmi les autres nationalités du Maghreb. La perception négative est partagée par toutes les franges de la société française et presque toutes les obédiences politiques, hormis chez La France Insoumise (LFI) où les Algériens sont positivement perçus à 58%, contre une moyenne nationale de 29%. 

Cette tendance à opposer à chaque fois Algériens et Marocains est un jeu malsain et dangereux.

Dans une récente vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux, le franco-algérien Karim Zeribi, ancien député européen, a poussé un coup de gueule contre ces velléités de division et appelé les diaspora des deux pays maghrébins à “ne pas tomber dans ce piège-là”.

France – Algérie : la stratégie du pourrissement de l’extrême-droite

La France renvoie l’impression que “quand elle est bien avec l’Algérie, elle doit être mal avec le Maroc”, et vice-versa, a relevé Karim Zeribi. “Je n’ai pas à être dans une forme de choix entre ces deux pays du Maghreb (…) Arrêtons de les opposer, arrêtons d’essayer, quand on est du côté français, de jeter de l’huile sur le feu”, a-t-il dit.

Ce sondage n’est pas un fait isolé, c’est le deuxième du genre en une semaine. Il est donc permis de penser à une stratégie concertée. Le 8 janvier, trois médias de la galaxie Bolloré (Europe 1, CNews et le JDD) ont publié simultanément les résultats d’un sondage qu’ils ont commandé sur l’immigration algérienne et dont les résultats sont aussi sans équivoque : 66% des Français se sont dit favorables à l’arrêt immédiat de toute immigration en provenance d’Algérie.

Dans la crise actuelle qui oppose l’Algérie et la France, certains médias proches de l’extrême-droite ne s’imposent aucune ligne rouge, usant délibérément d’un langage belliqueux. Pascal Praud, journaliste de CNews, a récemment estimé que l’Algérie et la France sont “en guerre civile depuis 1954”.

Dans l’affaire des influenceurs algériens interpellés pour appels à la violence, le journal Le Point, proche de la même mouvance, a accusé les autorités algériennes de vouloir utiliser “l’arme de la diaspora” pour déstabiliser la France.

Le même journal est revenu à la charge, un cran au-dessus dans la provocation. Dans un article mis en ligne ce samedi 18 janvier, Le Point a présenté le président du MAK Ferhat Mehenni comme le “lanceur d’alerte” que la France aurait dû écouter sur cette supposée volonté de l’Algérie d’utiliser sa diaspora pour déstabiliser la France.

La stratégie du pourrissement est évidente chez cette mouvance qui fait décidément tout pour rendre impossible toute réconciliation entre les deux pays.

Les plus lus