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Crise France – Algérie : « La guerre est finie depuis 62 ans »

Crise France – Algérie : « La guerre est finie depuis 62 ans »

Par luzitanija / Adobe Stock
Algérie - France

En France, la contestation de la politique du gouvernement vis-à-vis de l’Algérie prend de l’ampleur. La gauche qui a observé le silence au début de la crise, rompt le silence.

Après la patronne des Écologistes Martine Tondelier, l’ancienne ministre Ségolène Royal, le chef du parti socialiste Olivier Faure, c’est au tour du groupe parlementaire de la France insoumise (LFI) de prendre une position forte dans ce conflit.

Dans un communiqué publié lundi soir, il a dénoncé une « escalade d’agressivité irresponsable contre l’Algérie » de la part de « plusieurs ministres ou dirigeants du camp présidentiel ».

Le groupe parlementaire du parti de Jean-Luc Mélenchon accuse certains dirigeants français de jouer une « absurde logique de revanche sur l’Algérie » et d’utiliser un « vocabulaire guerrier totalement inacceptable ».

LFI dénonce une « absurde logique de revanche sur l’Algérie »

La crise entre l’Algérie et la France a éclaté le 31 juillet dernier, avec la publication de la lettre adressée par le président Emmanuel Macron au roi du Maroc Mohammed VI dans laquelle il a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

Le même jour, l’Algérie qui soutient le combat du peuple sahraoui pour son autodétermination, a retiré son ambassadeur de Paris. La crise s’est aggravée avec l’arrestation, la mi-novembre, à l’aéroport d’Alger de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, qui a été placé sous mandat de dépôt et poursuivi pour atteinte à l’intégrité du territoire national. Paris a réclamé en vain sa libération.

Le 6 janvier, le président Macron a tenu des propos d’une extrême violence à l’égard de l’Algérie en estimant qu’elle « se déshonore en refusant à un homme malade de se soigner ». Il a demandé aux autorités algériennes de libérer instamment Boualem Sansal.

Dans la foulée des déclarations d’Emmanuel Macron, des influenceurs algériens ont été arrêtés en France pour des « appels à la haine ou la violence », dont Boualem N., connu sous le pseudonyme de Doualemn.

Le 9 janvier, et avant même que son procès n’ait lieu, il a été expulsé par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau vers l’Algérie qui l’a renvoyé en France. Un renvoi qui a déclenché une vaste et violente campagne de la part de ministres, de la droite, de l’extrême-droite, et de certains médias, contre l’Algérie et la diaspora algérienne en France. Le gouvernement français a même agité la menace des sanctions contre l’Algérie et les ressortissants algériens : réduction des visas, abrogation de l’accord de 1968, imposition de droits de douane sur les marchandises algériennes importées par la France…

Mais, cette campagne ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique française. La méthode Retailleau dans la gestion de la crise avec l’Algérie est particulièrement contestée. Le ministre de l’Intérieur est accusé par des figures de la gauche de provocation à l’égard de l’Algérie.

L’accord franco-algérien de 1968 a été « vidé de sa substance »

« Le différend entre la France et l’Algérie au sujet de l’expulsion de l’influenceur algérien Doualemn ne doit pas se régler autrement que par l’application du Droit. S’ils sont confirmés, ses propos appelant à la violence notamment contre un opposant au régime algérien sont inacceptables. Mais ils ne peuvent conduire à priver le mis en cause de ses droits. En toute circonstance, la France doit être respectueuse du droit des personnes », estime le groupe parlementaire de LFI.

Pour les députés de la France insoumise, la manière dont Bruno Retailleau, qui « s’est illustré depuis son entrée au gouvernement par ses attaques contre l’État de droit ou pour réhabiliter la colonisation, entretient l’escalade et tente de forcer la confrontation et est aussi abjecte qu’irresponsable ».

Le groupe parlementaire LFI estime que les attaques contre l’accord franco-algérien de 1968, qui a été « vidé de sa substance » depuis cette époque, « ne servent qu’à alimenter des fantasmes irresponsables et blessants pour nos deux peuples ».

Les députés LFI expriment leur « inquiétude » et leur « très vive opposition à cette escalade insupportable pour des millions de familles françaises qui vivent une relation directe d’affection et de fraternité respectueuse avec le peuple algérien ».

Il rappelle que la guerre entre la France et l’Algérie est « finie depuis soixante-deux ans », et soutient que le « renoncement à toute posture de domination néocoloniale » est la « base de toute relation équilibrée c’est-à-dire égalitaire et respectueuse de chacun », avec l’Algérie et les autres pays d’Afrique.

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