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Crise France – Algérie : « L’algérophobie, ça suffit ! »

L’extrême-droite et la droite dure en France s’acharnent contre l’Algérie, au point que certains n’hésitent pas à évoquer une “algérophobie”.

La crise entre les deux pays et les tous les évènements récents, comme l’affaire Boualem Sansal ou celle des influenceurs algériens arrêtés pour “appels à la violence”, sont saisis par un courant qui, depuis plusieurs années, ne manque pas une occasion pour en découdre à l’Algérie.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait promis un “bras de fer” à l’Algérie alors qu’il n’y avait pas encore les affaires de l’écrivain franco-algérien et des Influenceurs et  appelait à dénoncer l’accord de 1968 sur l’immigration avant d’accéder au poste de ministre de l’Intérieur.

Tout le courant extrémiste fait, du reste, de l’immigration algérienne un point de fixation depuis plusieurs années alors qu’elle n’est ni plus nombreuse ni plus problématique que celles issues d’autres pays.

L’extrême-droite se propage l’algérophobie en France

L’algérophobie ambiante se traduit par des attaques en règle contre tout ce qui symbolise l’Algérie où a un lien direct ou indirect avec ce pays, jusqu’à la mosquée de Paris, victime d’un acharnement du même courant politique.

“L’algérophobie, ça suffit !”, a tonné le député de La France Insoumise (LFI) Bastien Lachaud, qui, il y a quelques jours, rappelait aux nostalgiques de l’Algérie française qui cherchent à “raviver” la guerre d’Algérie que celle-ci est terminée “il y 63 ans” et “que la France coloniale l’a perdue”.

“Influenceurs algériens, Boualem Sansal, accord franco-algérien, Grande mosquée de Paris : une surenchère politique et médiatique insensée alimente la montée des tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie, et une campagne de stigmatisation délirante contre les Algériens et les Français d’origine algérienne”, a dénoncé le parlementaire sur X, appelant à “s’opposer à ce déferlement de haine et démonter ce tissus de fantasmes pour retrouver la voie d’une relation apaisée”.

« C’est l’algérophobie qui est votre rente politique, vous attisez la xénophobie, l’islamophobie et le racisme », avait signifié Lachaud aux extrémistes à partir de la tribune de l’Assemblée nationale.

 

Bruno Retailleau est devenu le porte-voix au sein du gouvernement du courant anti-algérien. Bien que recadré à plusieurs reprises par le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot et aussi par la porte-parole du gouvernement Sophie Primas sur ses immixtions dans la politique étrangère, Retailleau n’a pas changé de position ni de rhétorique.

Bruno Retailleau a fait de l’affaire Boualem Sansal une affaire personnelle.

France : les gestes et la rhétorique qui trahissent l’algérophobie de l’extrême-droite

Depuis l’arrestation à Alger de l’écrivain franco-algérie à la mi-novembre, le ministre de l’Intérieur répète à chacune de ses sorties médiatiques son amitié avec Boualem Sansal et ce détail à priori sans importance mais que Retailleau tient à rappeler à chaque fois : il a échangé par SMS avec l’écrivain quelques jours avant son arrestation.

Si Retailleau peine à convaincre de sa sincérité c’est évidemment parce qu’il s’est distingué par ses attaques contre l’Algérie bien avant l’emprisonnement de celui qu’il présente comme son ami.

Cette algérophobie, qui exploitant l’affaire Sansal et tous les autres événements de ces dernières semaines est dénoncée à gauche de l’échiquier politique et par de nombreux intellectuels français.

“Je ne crois pas que c’est pour Boualem Sansal que la France joue ses relations avec l’Algérie. Sansal est un prétexte qu’a trouvé Retailleau pour développer son discours de guerre de civilisation contre le monde musulman mais algérien en particulier”, a estimé sur France 24 Catherine Tricot, directrice de la revue Regards.

 

Le 13 janvier, le diplomate algérien Abdelaziz Rahabi dénonçait déjà une “algérophobie élevée au rang de raison d’État”.

“Le ton martial, souvent arrogant des ministres français des Affaires étrangères et de l’Intérieur à l’égard de l’Algérie, relève plus du ballet des insignifiants que d’une véritable crise diplomatique en l’absence de tout motif sérieux pour expliquer le rappel de tout ce que la France compte comme algérophobes”, a analysé sur X l’ancien ambassadeur d’Algérie en Espagne.

Retailleau s’en prend à la Grande Mosquée de Paris

“Ils ont cherché et réussi à faire de l’Algérie une question prioritaire dans leur agenda politique”, a accusé Rahabi, leur reprochant de n’avoir pas mesuré que “cela conduirait à des crises récurrentes et à un choc des souverainetés entre les deux pays”.

Les motivations algérophobes sont d’avantage trahies par les tirs groupés contre la Grande mosquée de Paris (GMP), qui a des liens historiques avec l’Algérie et qui est dirigée par un recteur algérien, Chems-Eddine Hafiz en l’occurrence.

Perpignan met fin à son jumelage avec Mostaganem

Accusée de chercher à “déstabiliser la France”, puis d’avoir mis en place “un juteux système financier” à travers la certification Halal pour le compte de l’Algérie, la Grande mosquée de Paris s’est retrouvée inévitablement dans le viseur de Bruno Retailleau. “J’entends faire respecter le droit français : une mosquée est un lieu de culte, ce n’est pas une ambassade.

Et pour ce qui concerne le halal, j’ai demandé à mes services de voir, d’examiner les conditions sur lesquelles cette taxe avait été instaurée. Et si elle était compatible avec la loi de 1905”, a déclaré le ministre de l’intérieur vendredi 24 janvier sur Europe 1.

Le même jour, le maire de Perpignan, Louis Aliot, du Rassemblement national, a annoncé une décision qui symbolise fortement l’algérophobie en vogue chez le courant extrémiste. Le maire a décidé de rompre tous les liens de Perpignan avec la ville algérienne de Mostaganem.

Selon les résultats d’un sondage Ifop pour Sud Radio publiés le 17 janvier dernier, 71% des Français ont une image négative des Algériens, contre seulement 32% qui ont une telle opinion des Marocains.

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